Opinion : Élections provinciales

Québec doit protéger les Montréalais contre les chiens dangereux

Mon fils de 4 ans veut jouer au ballon. Je marche donc avec lui en direction du parc quand j’aperçois deux mastodontes lâcher leur fou sur le terrain de soccer. J’hésite à rebrousser chemin parce que seulement cet été, les crocs de chiens aussi puissants ont gravement lacéré le visage et la tête de Jade Champagne (9 ans), Hugo Lefebvre-Bergeron (2 ans), Rébéka Saint-Amand (11 ans) et deux autres enfants de 4 et 7 ans.

Mais par chance, le nouveau règlement sur les chiens domestiques de l’administration Plante a été adopté il y a quelques semaines. Pas de panique.

Un sentiment généralisé d’impuissance

Grâce à ce nouveau règlement, j’ai accès à tout moment à un registre qui m’indiquera si des chiens potentiellement dangereux sont domiciliés près de chez moi, et si du coup, j’ai une raison objective de craindre les deux molosses qui jouent à la baballe. Alors je consulte, et je respire de plus en plus mal. Mon quartier semble être une zone « à risque ». Je suis maintenant informée. Mais maintenant que je sais, je fais quoi ? Je ne mets plus les pieds au parc ? Je déménage ? Ridicule.

Je n’ai donc pas d’autres options que croiser les doigts à chaque fois que je sors et d’espérer ne rencontrer sur mon chemin que des chiens de petit gabarit.

Parce que, soyons honnêtes, même si le chihuahua mord plus fréquemment que le pitbull, les conséquences physiques et psychologiques que je subirai à long terme seront moins souffrantes si ma jambe est prise d’assaut par ce jappeur invétéré que par un chien d’attaque. Comparer la fréquence et la gravité des morsures relève d’une mauvaise foi, laquelle s’avérerait hautement préjudiciable si elle servait à légitimer des décisions de sécurité publique…

La sensibilisation des propriétaires…

À chacune des préoccupations exprimées concernant les blessures infligées par les chiens d’attaque, et après chacune des tragédies advenues, Valérie Plante, tout sourire, répond en défendant la pièce maîtresse de son règlement : la sensibilisation. « Il faut sensibiliser les propriétaires ! » lance-t-elle à toutes les tribunes. Mais les sensibiliser à quoi ? Au fait qu’un chien d’attaque risque de prendre comme objet de prédation un enfant qui court ? Au fait que la muselière est ainsi la seule solution pour empêcher les morsures qui défigurent ? Non, ce serait faire de la discrimination et négliger le bien-être de l’animal.

Le ton adopté pour sensibiliser les propriétaires est plutôt gentillet, les invitant à attacher leurs chiens s’ils veulent être responsables.

Mais même avec un discours plus mordant, une telle campagne est vouée à l’échec. Parce qu’un propriétaire de chien comprend bien la nécessité d’attacher les chiens… mais pas le sien.

Le sien est un membre de la famille gentil et inoffensif. Et c’est exactement le message que j’ai reçu lorsque j’ai demandé au propriétaire des molosses d’attacher ses chiens. Le regard interloqué puis insulté en sus. L’anthropomorphisation est dans l’ADN des propriétaires de chiens, et c’est une grossière erreur que de ne pas en tenir compte.

Et maintenant…

Les décisions de l’administration de Montréal banalisent à un point tel le problème des chiens potentiellement dangereux qu’elles risquent de porter atteinte à l’intégrité physique et psychologique de tous et chacun. Aussi, je demande que le futur gouvernement du Québec adopte une loi dans le but réel de protéger ses citoyens. Ce n’est pas une doléance, mais une nécessité pour répondre sérieusement à un enjeu de sécurité publique.

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