COMMANDITÉ
Avenir de la gouvernance

Qu’est-ce qui attend les administrateurs de demain  ?

Évolution des marchés, des nouvelles technologies, de l’éthique : parce que la gouvernance d’une société réunit ses décisions stratégiques, les administrateurs se retrouvent aux premières loges de toutes ces transformations. Que leur réserve l’avenir  ? Trois experts du milieu nous font part de leurs observations.

L’évolution des CA

Les tendances actuelles au sein des conseils d’administration (CA) offrent un avant-goût de la gouvernance de demain. «  Beaucoup plus d’attention qu’auparavant est accordée à la composition du conseil et à sa performance  », souligne Louis Morisset, PDG de l’Autorité des marchés financiers. «  On se questionne désormais de façon plus systématique sur des sujets tels que la complémentarité des profils de compétence recherchés, la diversité et la durée des mandats, et on procède plus rigoureusement à l’évaluation de la performance du conseil, de son président et de ses comités », ajoute-t-il.

Cybersécurité et protection des données

Depuis le début de la pandémie, on constate une augmentation significative des cyberattaques. « Les CA doivent assurer une surveillance accrue afin que les organisations déploient des mesures préventives pour se prémunir contre ces manœuvres frauduleuses, protéger les données et leur réputation et assurer la continuité des opérations », observe Joanne Desjardins, associée d’Arsenal conseils et formatrice au Collège des administrateurs de sociétés. Elle poursuit : «  Les budgets en matière de protection contre les cyberattaques augmentent, les CA consultent davantage d’experts, et des plans de gestion des risques ont été élaborés. »

L’importance de se perfectionner

« Les organisations se complexifient et évoluent dans des environnements dynamiques, complexes et parfois incertains », explique Louis Morisset. Dans un tel contexte, la formation demeure essentielle. « Pour jouer pleinement leur rôle, les administrateurs doivent développer et maintenir les compétences qui leur permettront notamment de bien comprendre l’organisation et son environnement et de contribuer à créer de la valeur malgré les périodes de volatilité ou de grande incertitude », dit le PDG.

Conflits commerciaux à surveiller

L’évolution des relations commerciales avec l’étranger continuera d’avoir des répercussions sur les opérations des entreprises d’ici. « L’économie du Québec est fortement dépendante du commerce, notamment avec les États-Unis, et la compétitivité sur les marchés extérieurs, la montée du protectionnisme et les contrecoups de la pandémie de COVID-19 présenteront des enjeux de taille à cet égard pour les entreprises québécoises », fait remarquer Louis Morisset.

Planification de la main-d’œuvre

Pertes de revenus, réduction des heures d'ouverture, ralentissement de la production, arrivée du télétravail, croissance compromise : la crise de la COVID-19 a des conséquences dévastatrices pour les organisations, mais elle est aussi porteuse d'occasions. « Plus que jamais, le CA doit assumer sa responsabilité de surveillance à l'égard de la reprise des activités et du réalignement stratégique pour guider la direction générale, indique Joanne Desjardins. Il doit notamment s'assurer que l'entreprise dispose des talents requis — en qualité et en quantité — pour réaliser sa stratégie d'affaires. »

Numérisation des données

Cet environnement dynamique force les entreprises à se tourner vers d’autres solutions, comme les nouvelles technologies. « Les sociétés québécoises doivent évaluer leurs activités afin de répondre aux nouveaux besoins et aux défis émergents, croit Louis Morisset. Il devient impératif d’encore mieux intégrer les technologies et de tirer profit de la numérisation, que ce soit pour l’organisation du travail à distance, l’utilisation de l’intelligence artificielle ou l’automatisation de certaines opérations. »

Plus de transparence

Cette abondance de données a à son tour une incidence majeure sur la gouvernance. « Parce que les données existent, elles obligent les sociétés à faire preuve de transparence », explique Henri-Paul Rousseau, professeur à l’École d’économie de Paris. « Les administrateurs de demain auront accès à une abondance d’information, et le défi sera de savoir transformer ces données en informations pertinentes, le tout en posant les bonnes questions », ajoute-t-il.

Responsabilité sociale

Ce souci de transparence s’aligne avec le désir des investisseurs et des autorités gouvernementales de voir les entreprises agir comme des citoyennes exemplaires. « Les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) peuvent avoir des répercussions sur la stratégie d’entreprise, la gestion des risques, la conformité légale, la réputation et les relations avec les parties prenantes, détaille Joanne Desjardins. Les CA devraient renforcer leur surveillance et leur connaissance des questions de responsabilité sociale. »

Les ASC comme précieux alliés

Devant tant d’enjeux, la présence d’administrateurs de sociétés certifiés (ASC) au sein des organisations demeurera un précieux atout. « Les ASC participent à la professionnalisation du rôle d’administrateur ainsi qu’à la crédibilité des conseils et sauront, malgré ces grands enjeux, contribuer de façon significative au succès des organisations », estime Louis Morisset.

L’évolution du Collège

Suivant l’évolution de la gouvernance, le Collège des administrateurs de sociétés continuera lui aussi de se réinventer pour former les décideurs de demain. « Le Collège se positionne afin de devenir un incontournable pour tout administrateur qui souhaite élever son jeu et contribuer encore davantage à la société. Son rôle de leader et de modèle en matière de gouvernance des sociétés sera de plus en plus reconnu », conclut Louis Morisset.

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