Génie

Catatug à la rescousse du pont Samuel-De Champlain

Concevoir un bateau à la fois léger, rapide, puissant et résistant dans les glaces afin de contribuer à la construction du nouveau pont Samuel-De Champlain. Voilà le défi relevé en quelques mois par le Groupe Océan.

L’aventure a commencé en 2015 lorsque le Groupe Signature sur le Saint-Laurent, responsable de la construction du nouveau pont, a réalisé qu’il ne pourrait pas utiliser des remorqueurs pour transporter des barges. « Dans les périodes où le niveau d’eau était au plus bas, il y avait environ 1,80 m d’eau, explique Réjean Desgagnés, architecte naval. En plus, l’eau descend très rapidement, jusqu’à neuf nœuds en période de crue. Cela représente 17 km/h. Le bateau devait aussi pouvoir servir en présence de glace. » Et les barges à déplacer pour transporter les pièces peuvent peser jusqu’à 600 tonnes.

L’équipe du Groupe Océan a cherché partout dans le monde un bateau capable d’évoluer dans des conditions semblables, en vain. Elle en a donc conçu un de toutes pièces en un an à peine. Pour ajouter au défi, les décideurs du Groupe Océan ont souhaité que le bateau soit démontable afin de pouvoir être transporté facilement ailleurs, sur un lac par exemple, au besoin. Ainsi est né le catamaran Catatug, un tout nouveau concept.

« C’était un risque, car c’était complètement nouveau et il fallait que ça fonctionne », souligne Bruno Leclerc, ingénieur. Le projet a d’ailleurs été récompensé l’an dernier par l’Ordre des ingénieurs du Québec.

Construire en aluminium

Comme le bateau devait être léger, le choix de l’équipe s’est porté sur l’aluminium. C’était aussi un avantage pour naviguer parmi les glaces.

« C’est peu connu, mais l’aluminium se renforce à une température au-dessous de zéro. Il devient moins cassant que l’acier pour la même épaisseur. À une température plus chaude, c’est similaire. »

— Réjean Desgagnés, architecte naval

Par contre, la soudure de l’aluminium lui fait perdre certaines propriétés mécaniques. « Il a fallu en tenir compte lorsque nous avons fait le design, explique M. Leclerc. Nous n’aurions pas pu nous servir d’un modèle en acier et le construire en aluminium. »

Un bateau polyvalent

Après un peu plus d’un an de travail, dont six mois consacrés à l’ingénierie, le premier Catatug a été mis à l’eau en décembre 2016. Un second a aussi été construit pour lui prêter main-forte. Les deux bateaux sont encore utilisés actuellement sur le chantier du nouveau pont Samuel-De Champlain.

Lorsque leurs services ne seront plus requis, les Catatug pourront être utilisés de différentes façons. « Ils pourraient servir sur un lac ou une rivière pour la construction d’un pont, par exemple », signale M. Desgagnés. Il suffirait de les démonter en trois sections et de les transporter par camion à l’endroit où ils sont nécessaires.

« En ajoutant une cabane en aluminium dessus, on pourrait également s’en servir pour transporter jusqu’à 43 passagers », indique M. Desgagnés. Les Catatug pourraient aussi être facilement convertis en traversiers ou en bateaux dépollueurs.

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