La docteure répond

Une société constipée

Vous présentez depuis quelques jours une douleur dans le bas du ventre. Votre médecin vous diagnostique une diverticulite. C’est quoi, ce machin ?

Pour répondre à cette question, il faudra parler de transit intestinal. Eh non, il n’y a jamais de mauvaise journée pour cela. Sachez que chez plusieurs personnes, il se forme des « diverticules » dans la partie terminale de l’intestin. Il s’agit de petites « poches » qui apparaissent dans la membrane de votre côlon, résultat de toutes ces années de digestion et de contractions intestinales. Si vous êtes malchanceux, ces diverticules peuvent s’inflammer et s’infecter. C’est ce qu’on appelle alors une diverticulite. 

Chez la plupart des gens, cette maladie se présentera comme une douleur dans la partie inférieure gauche du ventre (quoique la cartographie des douleurs abdominales ne soit pas une science exacte). Vous pouvez aussi avoir de la fièvre et de la nausée. Chez la grande majorité des gens, le traitement de la diverticulite est simple : il suffit d’un traitement antibiotique par la bouche. 

Une minorité de malheureux auront besoin d’antibiotiques intraveineux, d’un séjour hospitalier ou, plus rarement, d’une intervention chirurgicale. 

Une fois guéri, il est recommandé d’aller visiter le champ de bataille : on organisera une colonoscopie dans les mois suivant l’épisode aigu. 

Bien que cela soit très rare, on veut s’assurer qu’il n’y a pas une autre pathologie, comme un cancer, pour expliquer cette affection.

Quelle bile, vous dites-vous. Rassurez-vous, toutefois : vous n’êtes pas seul. La maladie diverticulaire est un problème fréquent dans nos sociétés occidentales. La prévalence de ce problème est même en augmentation. Est-il moins courant ailleurs ? Eh bien oui, dans d’autres parties du monde, ce problème est plus rare, comme il l’était probablement chez nos ancêtres chasseurs-cueilleurs.

Le pouvoir infini des fibres

Comment expliquer cela ? Revenons au transit intestinal pour une minute. Si vous faites la vie dure à votre côlon et lui imposez des pressions très élevées pour expulser vos déchets alimentaires, des diverticules auront plus de risques d’apparaître dans votre système digestif avec le temps. Autrement dit, nous sommes une société constipée. Il y a peut-être là une partie de la réponse. On ne peut donc pas parler de cette maladie sans parler de fibres et de diète.

En effet, si vous avez eu une diverticulite, ce n’est plus le temps d’avoir des selles dures. Même sans ce diagnostic, c’est une bonne idée d’avoir une diète riche en fibres alimentaires. 

Comme vous le savez, dans la grande famille des fibres, il y a les fibres solubles (contenues dans les fruits, les légumes et les légumineuses) et les fibres insolubles (retrouvées par exemple dans les céréales entières). Cette dernière catégorie n’est en réalité pas digérée. Elle fera donc le voyage complet dans votre système digestif et donnera la consistance parfaite aux résidus alimentaires. C’est cette fibre insoluble qui vous évitera la constipation et les diverticules. 

Il est démontré que les fibres solubles diminuent, quant à elles, l’incidence de plusieurs maux, comme les maladies coronariennes, le diabète et les ACV. Tout de même pas banal ! 

Vous pouvez donc commencer à regarder les étiquettes des aliments que vous achetez. Choisissez ceux qui contiennent au moins 2 g de fibres par portion. Il faudrait viser de 20 à 35 g de fibres par jour.

Est-ce qu’il y a d’autres changements de vie à faire pour s’éviter la diverticulite ? Bien sûr. On sait que les diètes riches en viandes rouges et en gras augmentent aussi l’incidence de cette maladie. Le surpoids et le tabac sont aussi au banc des facteurs de risque. Même si ça paraît évident, répétons-le : vous tirerez bien d’autres avantages que de prévenir une diverticulite en perdant du poids et en arrêtant de fumer.

Enfin, la diverticulite est une maladie qui peut paraître banale et se traitera facilement chez la plupart des gens. Cependant, elle en dit long sur nos habitudes de vie. Si vous souhaitez éviter de la rencontrer, ou de la recroiser, il faudra vous intéresser à vos apports alimentaires et inévitablement… à vos exports !

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