Ça passe ou ça casse

David Lemieux doit vaincre Gary O’Sullivan le 15 septembre à Las Vegas

Il s’agira, pour David Lemieux, d’un combat critique.

Lemieux (39-4, 33 K.-O.) devra vaincre l’Irlandais Gary O’Sullivan (28-2, 20 K.-O.) le 15 septembre à Las Vegas pour espérer un autre combat de championnat du monde.

Une défaite l’éloignerait encore des grandes scènes et des combats payants à la télé. Son échec en championnat du monde contre Billy Jo Saunders, en décembre dernier à Laval, a fait mal. Perdre le combat contre O’Sullivan serait encore plus dévastateur.

Ce match ne manquera pas d’attirer les regards, puisqu’il sera présenté en demi-finale du « combat de l’année » entre Saul « Canelo » Álvarez et Gennady Golovkin pour les titres mondiaux de l’IBO, de la WBA et de la WBC.

Après avoir mené Eleider Álvarez au championnat du monde de la WBO aux dépens de Sergei Kovalev, il y a quelques semaines, Marc Ramsay tentera maintenant de relancer la carrière de son autre poulain à Las Vegas.

« Il faut “passer” O’Sullivan, on n’a pas le choix, confiait-il hier après-midi au gymnase Sherbatov de Laval lors de l’entraînement médiatique de David Lemieux. Mais on ne veut pas lui mettre une pression inutile non plus. On a identifié l’adversaire, identifié les risques, on n’a pas craint de remuer les performances récentes et on croit en la victoire. »

« Si on donne la meilleure performance possible à l’entraînement et lors du combat, on va gagner. »

— Marc Ramsay, entraîneur de David Lemieux

O’Sullivan, 34 ans, n’est pas un adversaire redoutable comme Saunders, qui l’a d’ailleurs défait par décision unanime en 2013 au Wembley Arena, en Angleterre. Le style des deux boxeurs diffère également beaucoup. Saunders est un boxeur gaucher tout en finesse, en vitesse et en talent. O’Sullivan est un bagarreur.

« Il n’y aura pas de grandes présentations sur le ring, dit Ramsay. On dit que David a un niveau d’habiletés supérieures, qu’il est plus rapide, et je suis convaincu qu’il cogne plus dur que lui, même si O’Sullivan est un bon cogneur. Mais on n’a pas l’intention de descendre à son niveau et de livrer une bagarre de rue avec lui. On veut forcer O’Sullivan à nous suivre là-dedans. »

« Il est craintif »

Après avoir sué pendant une trentaine de minutes devant journalistes et caméras, Lemieux a affiché une certaine confiance en soi, voire un brin d’arrogance.

« Il m’a défié, le soir du combat de Saunders [O’Sullivan figurait en demi-finale lors de l’événement de décembre à la Place Bell et a passé le K.-O. à Antoine Douglas]. Il ne voulait rien savoir pendant un bon bout de temps, avant qu’on le force à prendre le combat. Je crois qu’il est grandement craintif, car il n’a pas grand chance de gagner contre moi. »

Le promoteur Camille Estephan dit avoir eu de la difficulté à convaincre le clan O’Sullivan d’accepter cet affrontement. « Je le comprends. Je ne dis pas que c’est un peureux, c’est d’abord une question d’affaires, puisqu’il a une entente avec Golden Boy pour affronter Canelo, et il ne voulait pas un combat aussi difficile pour s’approprier un match contre Canelo. Il n’y a pas grand monde qui veut affronter David, je peux vous l’assurer. »

La défaite contre Saunders fait encore mal, on le sent en discutant avec Lemieux, Estephan et Ramsay. Une victoire contre O’Sullivan permettrait aussi d’effacer la contre-performance du Québécois contre le Britannique.

« On a des choses à se faire pardonner, dit Camille Estephan. Les gens nous ont jugés par rapport à ce combat. David était blessé à l’épaule. On veut une chance de prouver qu’il peut faire beaucoup mieux que ça. »

Nouvelle approche

Lemieux admet avoir modifié son approche depuis le combat contre Saunders. « On s’est assis après le combat, Camille, Marc et moi. On ne pouvait plus se permettre de telles contre-performances. J’ai d’abord changé de nutritionniste et de plan. Je mange plus et mieux. Il y a longtemps que je ne me suis pas senti bien comme ça. Je retourne dans les sommets d’entraînements que j’avais dans mes combats majeurs. »

On espère aussi avoir réglé les problèmes d’épaule de Lemieux. « On “contrôlait” cette blessure depuis quelques combats en modifiant le camp d’entraînement, en alternant exercices et pauses, explique Ramsay.

« Quand tu ne commences pas un camp de la bonne manière, c’est rare que tu le termines de la même manière. Ça handicape mon entraînement de ne pas pousser à fond. Mais on croyait néanmoins que c’était sous contrôle avant le combat [contre Saunders], mais son épaule n’a pas tenu le coup pendant le combat. Notre erreur a été de ne pas prévoir ça. Si c’était à refaire, on ne l’aurait pas laissé boxer. 

« Je ne suis pas un fan de laisser des boxeurs se battre blessés. Mais on n’avait aucun signal d’alarme deux jours avant le combat, même si on ménageait son épaule. Je ne dis pas qu’il l’aurait battu, mais David aurait mieux fait. »

Le clan Lemieux a consulté des spécialistes depuis. « À un moment donné, on avait besoin d’une intervention médicale, de dire Ramsay. On a corrigé son problème. On pensait être obligé de l’“ouvrir”, mais finalement, avec une seule injection, on a réussi à enlever complètement l’inflammation. C’était une irritation constante. On a encore des exercices de physio à faire, mais jusqu’ici, tout va bien. On n’a pas à modérer ses entraînements. »

O’Sullivan est reconnaissable à son crâne rasé et sa moustache en crocs savamment taillée, en l’honneur de l’un de ses ancêtres, John L. O’Sullivan, le premier champion poids lourds de l’ère moderne, en 1888.

« Je dois en parler à la Régie, lance Lemieux à la blague. C’est légal, une telle moustache ? Il veut déconcentrer ses adversaires avec ça ? Je vais lui régler ça. Le combat ne devrait pas se rendre à la fin. Il est tellement laid, il sera laid “en ta” si ça devait se rendre jusqu’à la fin… »

Les hostilités sont officiellement lancées.

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