SCIENCE

Les mouches à fruit au secours des maladies rénales

L’an dernier, Chiara Gamberi a fait une découverte surprenante : un gène impliqué dans une maladie rénale se retrouve aussi de manière identique chez la mouche du vinaigre (mieux connue ici sous le nom de « mouche à fruit »). La biologiste de l’Université Concordia s’affaire depuis à utiliser la mouche pour tester de nouveaux médicaments pour ce trouble.

La maladie

La maladie polykystique des reins (MPR) touche une personne sur 400 à 800. Ses symptômes se manifestent très rarement dès la naissance, mais avec le temps, les reins ne fonctionnent plus parce qu’ils sont remplis de kystes. « La fonction rénale est très redondante, explique Mme Gamberi. L’âge moyen où la dialyse ou une greffe deviennent nécessaires est autour de 60 ans. Il y a beaucoup de variabilité dans les symptômes. Nous le voyons aussi chez la mouche du vinaigre. » Des problèmes d’infertilité et cardiovasculaires sont aussi observés avec la MPR.

Le gène

Les mutations sur le gène identifié par Mme Gamberi, appelé PKD1, sont responsables de 85 % des cas de MPR. « Il y a aussi un autre gène, PKD2, qui est responsable de 10 % à 12 % des cas. » La chercheuse et son équipe ont commencé à travailler sur la physiologie rénale de la mouche du vinaigre en 2013. Après sa découverte sur la similitude entre l’humain et la mouche pour le gène PKD1, une prestigieuse revue, BioMed Research International, lui a demandé d’écrire un essai comparant les reins des deux espèces. « Il semble y avoir des contraintes très importantes pour la fonction de détoxication du rein, qui explique la conservation au fil de l’évolution de la drosophile [nom scientifique de la mouche à fruit] à l’humain. »

les effets de LA MPR

10 %

des greffes de rein aux États-Unis sont rendues nécessaires par la maladie polykystique du rein

De 20 % à 30 %

des enfants atteints de la maladie polykystique du rein font de l’hypertension

De 70 % à 90 %

des adultes atteints de la maladie polykystique du rein font de l’hypertension

Source : PKD Foundation

Les médicaments

La chercheuse de Concordia veut maintenant utiliser le gène de la mouche du vinaigre pour tester des médicaments potentiels pour la MPR. « Nous sommes en discussion avec des sociétés pharmaceutiques et biotechnologiques, dit Mme Gamberi. La drosophile est très pratique pour ce type de recherche dans des bases de données de molécules. Le cycle de vie est très rapide : on passe de l’œuf à la larve en quelques jours, au stade adulte en 9 à 12 jours, puis l’adulte survit jusqu’à deux mois. » Il n’y a pas non plus d’organismes opposés à la recherche sur la drosophile. Mme Gamberi travaille sur la drosophile depuis son doctorat à Vérone au début des années 90. Elle a ensuite travaillé en Allemagne, puis au Texas, avant d’arriver à Montréal en 2005.

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