Meurtre de Noémie Lavoie

L’accusé avait été libéré en attendant son expulsion vers le Tchad

L’homme de 23 ans accusé d’avoir poignardé Noémie Lavoie, la semaine dernière, dans un logement du secteur Ahuntsic à Montréal, avait été arrêté par les agents des services frontaliers à la mi-décembre, en vue de son expulsion vers son pays d’origine, le Tchad. Mais dans les 48 heures qui ont suivi, un commissaire à l’immigration a ordonné sa libération, en lui imposant de sévères conditions, notamment de rester chez sa mère. 

C’est chez cette dernière qu’Ali Mahdi Mahamat aurait assassiné sa conjointe, Noémie Lavoie, 24 ans, le 26 février.

Alors que Mahamat comparaissait de nouveau au palais de justice de Montréal hier, La Presse a refait la chronologie de ses démêlés avec l’immigration.

Arrivé au Canada avec le statut de résident permanent en octobre 2008 vers l’âge de 12 ans, Mahamat a reçu une première peine de 21 mois de prison en 2014 pour introduction avec effraction, port d’arme dans un dessein dangereux, méfait, possession de drogue et non-respect de conditions.

Le 22 septembre 2016, il a été impliqué dans une affaire d’agression sexuelle sordide dont La Presse a fait état la semaine dernière et accusé de complicité après le fait.

Le 29 septembre 2016, il a interjeté appel à l’encontre d’une première mesure d’expulsion pour grande criminalité prise contre lui par la section Immigration de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié.

Le 10 novembre 2017, Mahamat a été condamné à 24 mois de prison pour son implication dans l’agression sexuelle de 2016. Alors qu’il était détenu, la section Immigration de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié a imposé en juillet 2018 une seconde mesure d’expulsion à son encontre. Il a alors perdu son statut de résident permanent ; il n’avait donc plus de statut au Canada.

Le 14 septembre 2018, la section d’appel de l’Immigration a rejeté une autre requête de Mahamat. 

Le 18 décembre dernier, Ali Mahamat est sorti de prison sans condition, après avoir purgé les deux tiers de sa peine. Il faisait déjà l’objet d’un mandat d’arrêt de l’Agence des services frontaliers et a été pris en charge par des douaniers, qui l’ont placé en détention. 

Mais comme le veut la loi, Mahamat a pu demander sa liberté (révision de détention) dans les 48 heures devant la Commission de l’immigration et du statut de réfugié, et il l’a obtenue. 

Il a ensuite demandé de faire l’objet d’une évaluation des risques pour sa sécurité s’il était expulsé au Tchad, mais il a essuyé un autre refus. Il avait vraisemblablement épuisé tous ses recours et n’avait toujours pas été expulsé lorsque les policiers l’ont arrêté pour le meurtre de sa conjointe le 26 février dernier.

« Ce serait facile de jeter la pierre aux autorités. Tout a été fait correctement. Personne ne pouvait prévoir ce qui allait arriver. La seule façon d’éviter cela aurait été d’avoir une boule de cristal. »

— Me Chantal Ianniciello, avocate d’Ali Mahdi Mahamat en matière d’immigration, à La Presse

« Je suis choquée et déçue. Tout le monde est malheureux, sa famille et la communauté tchadienne sont dévastées », a poursuivi MIanniciello. 

Évaluation sur son aptitude à comparaître

Comme le veulent les lois canadiennes, Mahamat devra maintenant subir toutes ses procédures judiciaires et purger sa future peine au Canada avant d’être expulsé vers le Tchad.

Hier, son avocat, Me Tom Pentefountas, a demandé et obtenu d’un juge que son client soit envoyé à l’Institut Philippe-Pinel pour y subir une évaluation sur son aptitude à comparaître et sur la non-responsabilité criminelle. 

La procureure de la poursuite, Me Anne-Andrée Charette, ne s’y est pas opposée, mais a tenu à préciser que cette demande n’était pas conjointe. La cause a été reportée à la semaine prochaine.

Mahamat est accusé du meurtre au second degré de Noémie Lavoie. Le crime aurait été commis à la suite d’une dispute. L’accusé attendait les policiers lorsque ceux-ci se sont présentés sur les lieux. 

Hier, l’Agence des services frontaliers du Canada et la Commission de l’immigration et du statut de réfugié n’étaient pas encore en mesure de répondre aux demandes de La Presse

— Avec Vincent Larouche, La Presse

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