Élections provinciales

Dur lendemain de veille chez les libéraux

Québec — Au lendemain d’une cuisante défaite, hier, les libéraux ne s’expliquaient toujours pas comment ils avaient pu perdre de façon aussi brutale le pouvoir aux mains de la Coalition avenir Québec (CAQ).

« Tout le monde se pose la question : qu’est-ce qui a pu se passer ? », a résumé à La Presse le président sortant du Conseil du trésor, le député élu de la circonscription de Mont-Royal–Outremont Pierre Arcand.

Selon lui, plusieurs facteurs expliquent la débâcle de son parti. D’abord, « la volonté de changement a été claire », a-t-il dit, mais aussi la faiblesse du vote péquiste, divisé entre la CAQ et Québec solidaire. La faible participation des militants libéraux, qui ne sont pas sortis voter en aussi grand nombre qu’en 2014, estime-t-il, pourrait aussi avoir joué dans la balance.

« [Une défaite comme hier], c’est toujours difficile à absorber », a affirmé M. Arcand

« La politique, c’est un sport extrême dans lequel il y a des montagnes russes. On vit parfois de grandes joies, comme en 2014, et de grandes peines, comme celle que l’on vit en ce moment. »

— Pierre Arcand, président sortant du Conseil du trésor

Depuis hier, l’onde de choc au Parti libéral du Québec (PLQ) est totale. Des ministres sortants, Pierre Arcand semblait avoir été désigné par son équipe pour aller expliquer la défaite aux médias, hier. Nos autres demandes d’entrevue avec des membres du gouvernement Couillard ont toutes été respectueusement déclinées pour l’instant.

Quel avenir pour Philippe Couillard ?

Le chef actuel, Philippe Couillard, qui a été réélu dans sa circonscription de Roberval, lundi, n’a toujours pas annoncé ce qu’il comptait faire de son avenir politique. Son équipe rapprochée a indiqué hier qu’une décision serait vraisemblablement communiquée d’ici la fin de semaine.

Entre temps, en coulisses, des noms circulent déjà pour lui succéder. Pour gérer le parti au début du mandat caquiste, Pierre Arcand est d’ailleurs nommé par certains comme un potentiel chef par intérim. « Pour l’instant, le chef, c’est M. Couillard. Jusqu’à preuve du contraire, la question ne se pose pas », a-t-il indiqué.

Sur Twitter, le président de campagne du PLQ, Alexandre Taillefer, a écrit hier que « Monsieur Couillard a assumé […] magnanimement [lundi] l’échec libéral. Nous étions pourtant plusieurs, moi le premier, à opérer cette campagne. Nous avons beaucoup à faire pour écrire le prochain chapitre du parti. Nous reviendrons plus fort. N’en doutez pas un instant. »

Mieux se définir

Pour Pierre Arcand, les prochaines semaines permettront aux libéraux de faire un bilan de leur dernière campagne électorale. À l’avenir, le PLQ doit mieux définir son offre politique, a-t-il dit, particulièrement auprès des francophones des régions.

« Il va falloir se poser les questions comment on peut à la fois maintenir nos valeurs et être plus près des préoccupations des francophones des régions, qui ont cette fois-ci choisi la Coalition avenir Québec. Il faut surtout savoir comment se différencier. »

— Pierre Arcand

Entre-temps, si le chef de la CAQ et premier ministre désigné François Legault a des problèmes à titre de citoyen, il peut toujours l’appeler, a souligné en riant le député de Mont-Royal–Outremont.

« M. Legault demeure dans ma circonscription. Je vais lui dire que s’il a un problème quelconque, son député est toujours là pour l’aider », a dit M. Arcand avec le sourire, question de détendre l’atmosphère dans un parti qui vit actuellement un dur lendemain de veille.

QS se voit comme l’opposition officielle

Au lendemain d’une récolte historique de 10 sièges aux élections générales, Québec solidaire continue de bomber le torse. La formation estime que c’est elle qui formera la « véritable opposition officielle » à l’Assemblée nationale. « Nous serons de toutes les batailles pour protéger l’environnement, les services publics, l’accueil des gens qui choisissent de vivre au Québec », a énuméré la co-porte-parole Manon Massé. Mme Massé voit dans la CAQ et le PLQ des programmes « interchangeables », notamment sur le plan de l’exploitation des hydrocarbures. C’est sur ce sujet et le troisième lien entre Québec et sa rive sud que QS compte d’abord talonner la CAQ.

— Simon-Olivier Lorange, La Presse

Le PQ reste bien vivant, affirme Catherine Fournier

Malgré sa défaite historique aux élections d'hier, le Parti québécois (PQ) reste «  pleinement vivant », a affirmé hier la députée Catherine Fournier, réélue dans Marie-Victorin, dans la banlieue sud de Montréal. « Quand il y a une vague, malheureusement, ce n’est pas le travail qui fait une différence », a-t-elle indiqué. Selon Mme Fournier, plusieurs électeurs ont appuyé le parti de François Legault « par dépit », tant leur désir d’évincer les troupes de Philippe Couillard était fort. « On est habitués à l’adversité au PQ. [...] Maintenant, il faut évidemment faire les constats qui s’imposent. »

— Martin Croteau, La Presse

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