Série web-télé

Parce qu’on va tous mourir

Une nouvelle série web-télé intitulée La mort nous va si bien tentera de démystifier la mort ainsi que ses rituels en sept épisodes à travers des entrevues avec des anthropologues, historiens, spécialistes du deuil et thanatologues. Le duo d’humoristes composé de Jean-Marie Corbeil et de François Maranda anime cette série, présentée par la Coopérative funéraire du Grand Montréal, et prouve qu’il est possible de parler de la mort, sujet sérieux s’il en est un, avec une touche d’humour. La série sera diffusée sur TVA à partir du 7 février, 15 h, et pourra être visionnée sur le site de la Coopérative funéraire du Grand Montréal à partir de la même date.

— Olivia Lévy, La Presse

LU

Pour bien comprendre les Français

Vos amis français vous déroutent et vous surprennent ? Ainsi parlent les Français est un livre conçu pour bien comprendre les codes, tabous et subtilités de la conversation à la française. Les journalistes et auteurs Julie Barlow et Jean-Benoît Nadeau ont vécu à Paris avec leurs filles pendant quelques années et c’est avec un sens de l’observation très aiguisé qu’ils dressent un portrait des Français. Entrevue en six points.

Dire bonjour est fondamental

« Dire bonjour est essentiel. Il faut le savoir, ce n’est pas un détail, explique Jean-Benoît Nadeau. Au départ, le titre de travail du livre était Bonjour ou merde, car si tu ne dis pas bonjour, il n’y a pas de discussion possible. C’est la clé des rapports humains, celle qui donne la permission d’adresser la parole aux gens. Si tu ne dis pas bonjour, tu seras extrêmement mal reçu. Un étudiant de l’École supérieure de journalisme, en France, était sceptique face à notre analyse. Il l’a testée avec son libraire : il ne lui a pas dit bonjour en entrant, et il a été complètement ignoré ! Les Français sont entraînés depuis leur enfance à dire bonjour, ce qui signifie le début d’une interaction. »

Les Français disent « non », jamais « je ne sais pas »

Le « non » omniprésent des Français n’est pas un refus, mais plutôt un signal qui ouvre à la discussion, apprend-on. « Leur “non” est une position de négociation. Il faut continuer à parler et tenter d’obtenir ce qu’on veut. Lorsque j’ai compris cela, ça a vraiment changé ma vie, car étant d’origine anglo-saxonne, pour moi, dire non, c’est un refus. Ce qui n’est pas toujours le cas en France, loin de là », confie Julie Barlow. « Les Français disent “non” pour tout, mais leur non comporte différents sens, car il se cache autre chose : ils ont peur de la faute, alors ils disent non, avance Jean-Benoît Nadeau. C’est un bouclier anti-ridicule, car l’idiotie est une faute. […] Pour nous, Nord-Américains, la faute est très peu de chose, alors que pour les Français, elle est suprême, alors ils vont faire toute une mise en scène pour éviter l’odieux de reconnaître une faute. Ils vont donc déployer une incroyable énergie pour éviter tout reproche et ne jamais dire “je ne sais pas”. D’ailleurs, la confrontation est un sport national. C’est un jeu, on se contredit, on réplique, car les Français sont à l’aise avec la confrontation. »

La cuisine, sujet de conversation inépuisable

« La cuisine est un sujet qui est partagé par toutes les classes sociales, car tout le monde mange à peu près la même chose, des plats les plus simples aux plus élaborés, remarque Jean-Benoît Nadeau. C’est une célébration et la richesse du terroir est incroyable ! La cuisine touche au savoir-faire, à l’histoire et la géographie du pays, aux différentes régions du pays, à l’authenticité, car on exprime ses racines locales à travers la nourriture. » Julie Barlow souligne que les Français préfèrent ne pas manger seuls. « Ils aiment partager les repas en groupe, car c’est important pour eux. Les plaisirs de la table, c’est un genre de communion. »

L’éducation nationale est une fixation

« Ils ont beaucoup de certitude en ce qui concerne l’éducation, que ce soit au sein de la famille ou à l’école, souligne Jean-Benoît Nadeau. Le principe général est que l’enfant doit apprendre le plus de choses possible, que ça constitue du travail. Il faut que ça rentre dans la tête et que le tout soit noté. On ne remet pas en question ce grand principe d’éducation. La dictée est une obsession et même une activité sociale. C’est une nécessité en français de faire des dictées, car on a une grammaire silencieuse, contrairement à celle de l’anglais ou de l’espagnol. La dictée est entrée dans les mœurs chez les Français, tout comme la mémorisation et la culture générale. Les enfants, très jeunes, apprennent beaucoup de choses par cœur, ce qui nous a surpris. »

Les Français sont des optimistes refoulés

« Les Français pratiquent l’art de l’autoflagellation à l’extrême. Ils sont négatifs, pessimistes, se plaignent de tout, et quand on parle avec eux, on a l’impression que tout va mal, explique Jean-Benoît Nadeau. La France était encore très paysanne il y a 75 ans. Historiquement, les Français étaient taxés sur leur richesse apparente. Les paysans ont développé un réflexe de se plaindre, un mécanisme pour ne pas attirer l’attention sur leur situation réelle. Il ne faut pas oublier qu’il y a toute une culture et une tradition qui cultivent le doute. Voltaire a monté toute une littérature de critique contre l’optimisme avec Candide, et il a été très influent dans la mentalité. Il s’est donc développé en France une éthique de la plainte, ce qui est très curieux. Surtout qu’on s’aperçoit que les Français sont finalement très contents d’eux-mêmes. Ils sont des optimistes refoulés ! Selon un sondage, 80 % de la population française est individuellement optimiste et 20 % optimiste pour la société en général. C’est fascinant ! »

Le monument de la langue française

Les Français aiment parler des subtilités de la langue, de l’origine des mots et des expressions. Il s’agit même d’une passion. « C’est un sujet de conversation qui les enthousiasme vraiment, avance Julie Barlow. C’est une préoccupation en France, celle de bien parler avec un vocabulaire précis et de bien écrire. La langue est fondamentale dans la culture, ça fait partie de l’identité de la France. L’Académie française est un musée de la langue, son rôle est très symbolique, et sa mission, finalement, est de préserver les fondements de leur culture. »

Ainsi parlent les Français

Julie Barlow, Jean-Benoît Nadeau

Éditions Robert Laffont

396 pages

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