Le portefeuille fictif de La Presse

Correction passagère ou cycle baissier ?

Ouf ! Après avoir démarré sur les chapeaux de roues en Bourse, le premier trimestre 2018 en a fait voir de toutes les couleurs aux investisseurs qui étaient déjà à l’affût de tout indice d’un éventuel revirement de cycle. Quelles perspectives pour la suite ?

Tour d’horizon avec les experts du Portefeuille fictif de La Presse

Le portefeuille 

Le cycle haussier n’est pas fini

Quel constat faites-vous pour le premier trimestre ?

« Le retour de la volatilité s’est matérialisé au premier trimestre comme je m’y attendais au début de l’année. Et la Bourse canadienne a été l’un des pires marchés durant le premier trimestre ; une contre-performance liée au risque de l’ALENA et à la sous-valorisation persistante du pétrole canadien. En contrepartie, j’ai été surpris par la résilience des marchés émergents, en dépit du risque d’impact d’une éventuelle guerre commerciale. »

— François Bourdon, chef des placements global, Fiera Capital

« Après un mois de janvier un peu euphorique, je m’attendais à un retour de la volatilité, mais pas jusqu’au niveau extrême des dernières semaines. Les tirades de commerce international ont déconcentré tout le monde des facteurs fondamentaux en Bourse. Entre autres, que les multiples d’évaluation se soient contractés de façon significative depuis février alors que les profits continuent de bien progresser. »

— Vincent Delisle, directeur de stratégie de portefeuille, Scotia Capitaux

« Après l’exubérance de janvier, qui était insoutenable, les marchés sont entrés en correction, mais dans un cycle encore en tendance haussière à moyen terme. Une telle correction s’étire habituellement sur huit mois : quatre mois de repli, donc de février à mai, suivis de quatre mois de retour vers le sommet antérieur. »

— Michel Doucet, vice-président et gestionnaire de portefeuilles, Valeurs mobilières Desjardins

« Même si les marchés avaient besoin de se corriger après la poussée exagérée en janvier, j’ai été un peu surpris par la force du retour de la volatilité. Les marchés ont été bousculés par des événements inattendus à cette étape-ci du cycle économique et boursier, à savoir les menaces de guerre commerciale du président Trump et la soudaine dépréciation boursière des géants de l’internet – les principaux titres de croissance depuis deux ans – en réaction à l’impact d’une réglementation accrue sur leurs résultats futurs. »

— Martin Lefebvre, chef des placements et stratège, Banque Nationale

Quelles sont vos perspectives pour la suite ?

« Malgré cet épisode de forte volatilité baissière, je crois que nous en sommes encore à deux manches [de neuf manches au baseball] de la fin du cycle favorable en Bourse et dans l’économie. En fait, c’est la suite du cycle de crédit [hausses de taux] aux États-Unis qui déterminera la suite de ce cycle vers la prochaine récession. Je l’anticipe pour la fin de 2020 ou le début de 2021, à moins d’un dérapage des disputes commerciales ou d’une flambée inflationniste. »

— François Bourdon, chef des placements global, Fiera Capital

« Après la contraction des multiples durant le premier trimestre, et au-delà de la volatilité exagérée par les menaces commerciales, j’anticipe que les principaux indices boursiers se ressaisiront pour la dernière manche de ce cycle haussier. Je ne vois pas encore de signaux du prochain cycle baissier. En fait, plus la remontée de l’inflation et des taux d’intérêt tardera, plus la dernière manche du cycle se prolongera. »

— Vincent Delisle, directeur de stratégie de portefeuille, Scotia Capitaux

« Au-delà de la volatilité à court terme, la toile de fond économique demeure positive en Bourse, sans risque de récession avant 2020 ou 2021. Entre-temps, je vois deux risques principaux : un dérapage de la dispute commerciale entre les États-Unis et la Chine, ainsi qu’une inflation plus forte que prévu dans les économies développées qui déclencherait une surréaction des banques centrales et des marchés obligataires. »

— Michel Doucet, vice-président et gestionnaire de portefeuilles, Valeurs mobilières Desjardins

« Je m’attends à ce que le deuxième trimestre confirme que les hausses de profits sont encore au rendez-vous, alors que la croissance économique mondiale demeure bien synchronisée. »

— Martin Lefebvre, chef des placements et stratège, Banque Nationale

Où en est votre répartition d’actifs ?

« Je réduis ma répartition en obligations, avec des échéances écourtées. Parce que l’économie américaine demeure forte, ce qui accentuera les pressions inflationnistes et pourrait accélérer les hausses de taux attendues cette année (ce qui serait défavorable à la valeur des obligations déjà en marché). J’augmente l’encaisse afin de profiter des occasions d’achat qui se présenteraient si, par exemple, la volatilité en Bourse abaissait un indice phare comme le S&P 500 autour des 2450 à 2500 points. »

— François Bourdon, chef des placements global, Fiera Capital

« Je ne change rien à ma répartition d’actifs avant que les distractions des dernières semaines se dissipent. Mon scénario pour 2018 demeure intact : croissance économique mondiale assez robuste, retour de l’inflation suscitant des hausses de taux et encore de la volatilité dans les marchés. C’est un scénario encore favorable à une bonne fin de cycle en Bourse. En particulier au Canada, où les secteurs habituellement performants en cycle économique avancé, comme l’énergie, les matériaux et les industries, pourraient profiter du regain d’intérêt des investisseurs étrangers. »

— Vincent Delisle, directeur de stratégie de portefeuille, Scotia Capitaux

« J’ai profité des épisodes de forte volatilité pour abaisser l’encaisse et rehausser la répartition en actions américaines et des marchés émergents. Afin de profiter du dernier élan haussier en Bourse qui survient habituellement en fin de cycle, en particulier aux États-Unis si les prochains profits correspondaient à la hausse attendue autour des 18 %. »

— Michel Doucet, vice-président et gestionnaire de portefeuilles, Valeurs mobilières Desjardins

« Je réduis la répartition en obligations parce que je m’attends à plus d’inflation et, donc, à une remontée des taux. Dans les actions, je maintiens la sous-pondération aux États-Unis. Mais je la réduis en Europe et la rehausse dans les marchés émergents, où j’anticipe plus de croissance. Quant aux actions canadiennes, je maintiens une surpondération en misant sur une entente prochaine concernant l’ALENA, ce qui pourrait ramener des investisseurs étrangers sur la Bourse canadienne. »

— Martin Lefebvre, chef des placements et stratège, Banque Nationale

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