Bande dessinée 

Le vagin illustré

Pour en finir avec un certain « obscurantisme » préhistorique entourant le corps des femmes en général, son système reproducteur en particulier, la bédéiste française Lili Sohn publie ces jours-ci un ouvrage à la fois ludique, léger, zéro pornographique, mais au contraire archididactique : Vagin Tonic aux éditions Casterman. Nous avons demandé à l’auteure, de passage à Montréal pour le lancement, de nous révéler cinq découvertes étonnantes. À lire, puis offrir à vos copines, vos filles, et pourquoi pas vos fils, leurs pères et leurs frères.

Le vagin est un muscle

Non seulement c’est un muscle, mais en plus il est « hyper musclé », s’émerveille l’auteure, en soulignant qu’il existe même une femme, Tatyana Kozhevnikova, sorte de championne du monde d’haltérophilie vaginale, capable de soulever pas moins de 14 kg avec son vagin ! « Donc dans une relation hétérosexuelle avec pénétration, le vagin est aussi impliqué que le pénis. Il ne reçoit pas. Ça change tout ! », dit Lili Sohn.

Un bagage d’ovocytes

Le saviez-vous ? À la naissance, les ovaires contiennent déjà tous les ovocytes (appelés ovules quand ils entrent en contact avec un spermatozoïde) de toute notre vie, environ 7 millions. À la puberté, il n’en reste que 400 000. Ainsi de suite, jusqu’à la ménopause. En gros, un ovocyte a donc toujours l’âge de la femme qui le porte !

Les seins des hommes

Les hommes aussi ont des glandes mammaires. Et eux aussi, « techniquement », pourraient donc allaiter, puisqu’ils ont tout ce qu’il faut, ou presque, pour y arriver. « Médicalement, clairement, ils ont tout ce qu’il faut. » C’est une hormone particulière qui le leur en empêcherait. Les hommes peuvent aussi avoir un cancer du sein (même si c’est effectivement rarissime).

De l’intérêt des poils

Signe de puberté, ils aident à réguler la chaleur du corps, protègent du vent ou des insectes, drainent la transpiration. Les poils ne sont donc a priori pas sans intérêt. « S’ils ont autant d’utilité, pourquoi je passe mon temps à les enlever ? » Les préoccupations entourant les poils remonteraient à l’Antiquité, constate l’auteure. Comme ils étaient un symbole d’animalité, on s’ôtait alors les poils pour se distinguer des singes. Aujourd’hui, ils sont devenus un enjeu à la fois politique, social et religieux.

Le point sur le choc toxique

On sait tous vaguement de quoi il s’agit. L’auteure a voulu aller plus loin, pour comprendre comment cela se produit. En gros, ce qu’il faut savoir : près de la moitié de la population (de 30 à 50 %) serait porteuse, sans danger, d’une bactérie (le staphylocoque doré) ; certaines souches de la bactérie sont capables de créer une toxine ; et l’accumulation de sang dans le corps, notamment lorsqu’on porte un tampon, est ici le terrain idéal pour la production de ladite toxine, archidangereuse, voire mortelle. « L’intérêt, c’est de comprendre, pour savoir comment faire attention, résume l’auteure. Parce qu’informer, c’est prévenir. »

L’auteure

Lili Sohn a déjà plusieurs bandes dessinées à son actif. Après les trois tomes de La guerre des tétons, Invasion, Extermination, puis Mutation, tous inspirés de son combat contre le cancer, l’auteure a voulu ici s’éloigner de la maladie. Vagin Tonic est plutôt le fruit de sa « quête d’information sur le sexe féminin » : « À la base, moi, j’ai découvert que je ne connaissais rien ! », rit-elle. Une ignorance souvent généralisée, qui remonte à l’Antiquité. Socrates et Platon auraient en effet décrété, 400 ans avant J.-C., que la femme était non seulement « inférieure », mais aussi « incomplète ». Des siècles d’obscurantisme plus tard, on commence enfin à comprendre toutes les complexités du corps de la femme. Les dernières recherches sur le clitoris, toutes récentes, rapportées ici dans l’ouvrage, en témoignent.

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