Soins palliatifs pédiatriques

Pour tous les autres Vincent

Après avoir perdu son fils, François Charpentier est devenu un grand ambassadeur du Phare

Vincent a soufflé 18 bougies à la maison de soins palliatifs pédiatriques Le Phare. C’est aussi là qu’il a poussé son dernier soupir, un matin d’octobre.

C’était il y a six ans.

Malgré le temps qui passe, François Charpentier n’a jamais réellement quitté Le Phare après la mort prématurée de son fils en 2012. Au contraire, il en est devenu un grand ambassadeur. Et le benjamin, Marc-Antoine, marche maintenant sur les traces de son père. Parce que chez les Charpentier, le mot « servir » revêt une signification particulière.

« On est ici comme à la maison. »

François et son plus jeune accueillent La Presse dans les installations de la ressource de l’avenue du Mont-Royal Est. La journée tire à sa fin, mais les lieux sont encore bien animés. Depuis une petite aire de jeux, de larges hublots aménagés en guise de fenêtres laissent entrevoir le personnel infirmier qui s’active aux soins des petits patients.

« Il y a vraiment quelque chose de spécial ici », assure Marc-Antoine. Son père est assis près de lui. « J’ai toujours gardé le lien avec Le Phare », dit-il. François Charpentier a mené une longue carrière à la Sûreté du Québec. Le grand gaillard ne sera pas resté longtemps à la retraite, puisqu’il est maintenant directeur général adjoint chez Urgences-santé.

Il n’est pas du genre à rester les bras croisés durant des heures, ça se voit. Son dynamisme est contagieux. C’est d’ailleurs grâce à son initiative qu’une dizaine de tout-petits séjournant au Phare ont pu se joindre, pour une première fois en décembre dernier, à la cinquantaine d’enfants transportés tous les ans de l’hôpital au défilé du père Noël au centre-ville par l’équipe d’Urgences-santé.

« J’ai reçu un jour du Phare et je redonne aujourd’hui. » 

— François Charpentier

Et cette année pendant le défilé, Marc-Antoine était aux côtés de son père comme étudiant bénévole. Il tenait spécifiquement à veiller auprès des enfants du Phare. Le jeune homme fait des études pour devenir ambulancier paramédical. « Je me vois mal rester dans un bureau toute une journée », admet-il. « Ma mère est aussi infirmière. Tout ça mis ensemble, ça donne ça ! »

L’aîné de la famille, Simon, est lui policier à Val-d’Or. « Aider, servir… Tu ne donnes pas de cours pour ça », confie le paternel avec humilité. « C’est dans la vie de tous les jours. C’est une façon d’être. Tu as ça en toi ou tu ne l’as pas », poursuit-il. Mais chez les Charpentier, force est de constater que donner au suivant fait partie de l’ADN.

François n’est jamais bien loin de l’organisation d’une collecte de fonds ou d’un souper-bénéfice au profit du Phare. Il ne refuse pas non plus d’accorder une entrevue pour la cause. « Je suis heureux de redonner. Je ne veux pas de publicité. L’important c’est de faire connaître Le Phare. C’est juste naturel et je veux garder ça simple », explique-t-il.

Lien unique

Les liens que tissent les familles du Phare sont uniques, estime M. Charpentier. Ici, les petits ne deviendront pas grands. « Si tu n’as jamais perdu un enfant, tu ne sauras jamais. Tu ne peux comprendre que si tu l’as vécu », dit-il. « Ce n’est jamais facile, mais s’il y a une chose qui m’a marqué après la mort de Vincent, c’est que les familles du Phare ne sont jamais seules. »

Que ce soit pour une envolée de colombes à Terrebonne ou pour une cérémonie commémorative au Cimetière Laval, où un lieu de paix est consacré exclusivement aux familles endeuillées du Phare, François est là, il participe. C’est là que Vincent a été porté en terre. « Je voulais qu’il soit avec ses amis », confie-t-il.

Avec ses amis du Phare.

« Quand je croise un papa, on se regarde et on se comprend », illustre François. Pour les Charpentier, redonner au Phare leur fait du bien. « C’est juste tellement gratifiant », exprime Marc-Antoine. Il avait 12 ans quand Vincent s’est éteint. Ce qu’il a vécu ce jour-là reste gravé dans sa mémoire. Il sait qu’il exercera son métier avec une sensibilité bien à lui.

Marc-Antoine sait aussi qu’il sera de l’organisation du défilé du père Noël l’an prochain, aux côtés de son père, qui voit encore plus grand pour 2019. « On le fait aussi parce qu’il y a d’autres petits Vincent qui ont besoin du Phare », assure M. Charpentier, nous rappelant gentiment, sourire en coin, qu’il est en tout temps possible de faire un don à l’organisme.

Vincent souffrait d’épilepsie sévère et d’une douloureuse scoliose.

Il a été malade toute sa courte vie. « Ce n’est pas d’un hôpital qu’on avait besoin. On voulait un endroit pour le calmer, pour qu’il soit bien », ajoute M. Charpentier.

« On voulait que ce soit ici ou chez nous. »

Vincent est mort à la maison.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.