des nouvelles des aventuriers

L’appel de l’aventure est puissant. Ils sont plusieurs à y répondre, à laisser le confort de côté pour se lancer dans des expéditions dans des régions isolées. Pause s’intéresse à leurs expériences.

Des nouvelles des aventuriers

Seule sur le mont Logan

L’appel de l’aventure est puissant. Ils sont plusieurs à y répondre, à laisser le confort de côté pour se lancer dans des expéditions dans des régions isolées. Pause s’intéresse à leurs expériences.

Nom : Monique Richard

Âge : 43 ans

Profession : factrice

Projet : gravir le mont Logan en solo

Début de l’aventure : 11 mai

Le projet

Monique Richard veut être la première personne à atteindre le sommet du mont Logan en solo. À 5959 m, il s’agit de la plus haute montagne du Canada. Monique Richard se rendra d’abord à Whitehorse, au Yukon, puis à Haines Junction, où elle rencontrera les employés du parc national Kluane pour obtenir son permis. Elle montera ensuite à bord d’un petit avion pour atterrir au camp de base, à environ 2800 m d’altitude. Elle suivra la voie normale, soit la Kings Trench, avec un lourd sac à dos et un traîneau. Elle fera des allers-retours entre les trois premiers camps afin de ne pas avoir à transporter tout le matériel d’un seul coup. Elle prendra le minimum d’équipement pour se rendre au quatrième camp, le dernier avant le sommet.

L’idée

Monique Richard a gravi les sommets des sept continents, y compris le mont Everest. En 2017, à l’occasion du 150e anniversaire du Canada, elle a essayé d’escalader le mont Logan.

« C’est une montagne qui m’attire beaucoup, indique-t-elle. Contrairement à l’Everest, il n’y a pas beaucoup de monde qui y va. C’est ce que j’aime, on ressent son côté sauvage. »

L’expédition n’a cependant pas fonctionné comme prévu, son partenaire étant incapable physiquement de se rendre au sommet. « Nous sommes retournés de bord à seulement 12 heures du sommet. Je suis restée sur mon appétit. » Elle a essayé de se trouver un nouveau partenaire pour 2018, mais c’était difficile de se coordonner avec quelqu’un d’autre.

« Je me suis alors dit : pourquoi ne pas le faire en solo ? Et alors, les choses se sont enclenchées. Comme je suis déjà allée là-bas, je sais ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. Ma motivation, c’est la liberté, le fait d’être en pleine autonomie. »

Il y a également la possibilité d’être la première personne à accomplir cette ascension en solo. « Je suis très contente, en tant que femme et Canadienne, d’avoir cette opportunité-là. »

La préparation

Monique Richard est déjà en excellente forme physique grâce à son métier de factrice. Pour se préparer davantage, elle travaille en force et en endurance en s’entraînant sur sa machine à grimper, le VersaClimber.

« Il faut que je sois forte, parce que je dois porter et tirer mon matériel. »

Elle a dû acheter de l’équipement additionnel : une tente, un bivouac, des skis et des bottes.

« L’année dernière, nous étions en raquettes, nous avons perdu beaucoup d’énergie. Cette année, je prends les skis. Ce devrait être un peu plus facile, mais le matériel sera plus lourd à porter parce que je devrai quand même apporter des bottes d’alpinisme, des raquettes et des crampons. »

Une expédition au mont Logan est beaucoup moins chère qu’une expédition au mont Everest, mais ça représente quand même des sommes importantes. « Je n’ai pas un gros gros salaire. J’ai fait une petite campagne de financement sur GoFundMe, mais je n’ai pas obtenu ce que je voulais. J’espère qu’après, j’aurai une belle histoire à conter, que ça va susciter l’intérêt et que je vais donner des conférences pour renflouer ma carte de crédit. »

Les défis

Pour Monique Richard, le plus gros défi sera de porter son équipement. « J’essaie de viser 100 lb [45 kg], mais malheureusement, je pense que ça va dépasser ça. »

L’autre grand défi, c’est la météo. « Les tempêtes sont assez intenses sur le mont Logan, j’en ai vécu l’année dernière. On peut passer trois à quatre jours dans la tente. Je me suis apporté des livres dans mon iPhone. »

Le dernier grand défi, et il est de taille, c’est la présence de crevasses. « Je vais partir très tôt le matin pour que les ponts de neige soient encore assez solides. Je veux prendre toutes les précautions possibles, je ne veux pas prendre de risques. Si je vois que c’est trop dur, si je ne le sens pas, je vais revirer de bord. »

En 1988, lors de la première ascension hivernale du mont Denali en solo, l’Américain Vern Tejas avait utilisé une échelle d’aluminium, en la positionnant sur ses épaules, pour le retenir s’il devait tomber dans une crevasse.

« J’y ai pensé, mais ça serait trop lourd », s’exclame Monique Richard.

nouvelles récentes

Monique Richard est arrivée au camp de base le 15 mai dernier. Après quelques étapes, elle a atteint le camp 2, à 4080 m, le 19 mai. Mais voilà, elle est bloquée par la tempête depuis quelques jours ; impossible de monter ou de descendre. Il ne reste qu’à attendre que la météo se calme. Elle passe ses journées à lire, à faire fondre de la neige et à pelleter pour que sa tente ne soit pas enterrée.

Des nouvelles des aventuriers

Affronter les rivières en dégel

L’appel de l’aventure est puissant. Ils sont plusieurs à y répondre, à laisser le confort de côté pour se lancer dans des expéditions dans des régions isolées. Pause s’intéresse à leurs expériences.

Nom : Caroline Côté

Âge : 31 ans

Profession : cinéaste d’aventure

Projet : parcourir 2000 km entre Natashquan et Montréal en suivant les lignes électriques

Début de l’aventure : 4 avril

Les conditions sont particulièrement difficiles pour Caroline Côté, cette Québécoise qui suit les lignes électriques entre Natashquan et Montréal. Les forêts québécoises au dégel présentent de sérieux défis.

Caroline Côté a réussi à surmonter une sérieuse phase de découragement. Grâce à un ravitaillement supplémentaire, une rencontre avec son chef d’expédition Samuel Ostiguy et quelques jours de repos, elle a pu reprendre la route vers les monts Valin et le Saguenay, qu’elle devrait atteindre ces jours-ci.

Caroline Côté s’attendait à ce que le trajet de 300 km entre la rivière aux Outardes et le Saguenay constitue le tronçon le plus difficile de son expédition. Effectivement, les conditions difficiles du printemps ont eu un effet négatif sur la condition physique et le moral de l’aventurière. Ses pieds étaient en piètre état, elle n’avançait presque plus, ses rations diminuaient de façon alarmante, ce qui a amené son équipe à organiser ce ravitaillement supplémentaire, au beau milieu de nulle part, à peu près à mi-chemin de son tronçon de 300 km.

« Il y a des jours où on se demande pourquoi on fait ça », s’est exclamée Caroline Côté lors d’une entrevue par téléphone satellite avec La Presse.

Même si le printemps est bel et bien arrivé dans le Sud, il fait encore froid dans les forêts au nord du Saguenay. « Je suis en Gore-Tex de la tête aux pieds, avec mon capuchon », souligne-t-elle.

Il faut encore utiliser des raquettes. Toutefois, en milieu de journée, la neige s’amollit sérieusement, ce qui rend les déplacements difficiles, même sur les pistes de motoneige. Parfois, une couche de neige couvre un petit cours d’eau. Si cette couche s’affaisse, l’aventurière peut se retrouver dans l’eau jusqu’aux genoux.

« Je me lève très tôt le matin, vers 4 h ou 5 h, je commence très tôt pour être en mesure d’aller sur la neige sans trop caler. »

Il y a aussi de sérieux dénivelés. « Quand on a un sac à dos qui fait la moitié de son poids dans des conditions hivernales, c’est difficile. »

Un autre problème : les cours d’eau qui dégèlent. Ce qui semblait être un ruisseau sur les cartes constitue maintenant un torrent. Caroline Côté a modifié quelque peu son itinéraire pour essayer d’emprunter des chemins forestiers et des ponts pour franchir des cours d’eau, mais ce n’est pas toujours possible : en vertu des balises de son expédition, elle ne doit jamais être à plus de 5 km des lignes électriques. Il faut donc traverser à gué.

Lors du dernier ravitaillement, Caroline Côté a justement pu raffiner sa technique de traversée des rivières à la nage avec son chef de mission, Samuel Ostiguy. « Elle commençait à développer une peur à l’idée de traverser les cours d’eau, commente M. Ostiguy. Il fallait casser ça. »

Mais le plus difficile pour Caroline Côté, c’est la solitude. 

« La solitude est tellement présente dans les moments difficiles. C’est difficile de voir comment on va s’en sortir. C’est un défi psychologique : il n’y a que soi-même pour trouver la façon de faire un pas de plus. »

— Caroline Côté

Elle se donne toutes sortes de sources de motivation. « Si j’arrive à tel kilométrage, je peux manger telle collation sucrée, je peux manger une partie de mes rations, raconte-t-elle. Ce qui me réconforte, c’est de penser que je vais pouvoir lire la prochaine page de mon livre. »

Mais voilà, pour alléger sa charge, elle a laissé son livre derrière.

« C’est très dur, je n’ai pas d’activité mentale, déplore-t-elle. Alors j’élabore mes projets pour le retour. »

Elle se rappelle que des sections plus faciles l’attendent, comme une portion de canot sur le Saint-Maurice.

« Dans un mois, je serai à Montréal », s’encourage-t-elle.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.