Des baisses d’impôt bienvenues chez les PME
Le gouvernement baissera graduellement le taux d’imposition des revenus des PME des secteurs des services et de la construction de 8 à 4 %. Il diminue également à la baisse les contributions au Fonds des services de santé de la grande majorité des PME.
Ces allègements sont les bienvenus après que le gouvernement eut augmenté le salaire minimum et annoncé des bonifications aux normes du travail dont le coût sera assumé par les employeurs – parmi lesquels bon nombre de PME.
Pour les entreprises de la construction et des services, le taux d’impôt sera réduit graduellement d’un point de pourcentage par an d’ici 2021. Les entreprises des secteurs manufacturier et primaire profitent déjà d’une réduction du taux depuis respectivement le 1er avril 2015 et le 1er janvier 2017.
À terme, la mesure représente des économies annuelles de 275 millions par an pour environ 30 000 PME. Par exemple, une PME ayant un bénéfice imposable de 500 000 $ et une masse salariale de 1 million économisera 30 500 $ par an (voir tableau).
Pour ce qui est des cotisations au Fonds des services de santé (FSS), une taxe sur la masse salariale, le gouvernement les réduit progressivement pour les entreprises ayant une masse salariale de moins de 7 millions.
Quelque 245 000 PME verront leur facture au FSS baisser de 340 millions par an à terme. Une PME avec une masse salariale de 1 million économisera 10 000 $ par an au bout du processus.
« Bien qu’inférieures à la facture qui leur a été refilée avec la hausse du salaire minimum et la bonification des normes du travail, ces économies leur permettront quand même de souffler un peu et de préserver une certaine compétitivité », a dit Martine Hébert, vice-présidente principale et porte-parole de la Fédération canadienne des entreprises indépendantes, lobby des PME.
Québec a pensé au secteur manufacturier, qui vit mal l’incertitude causée par la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et, plus généralement, le protectionnisme américain.
En plus de profiter des baisses de cotisation au FSS, les PME manufacturières – toutes les manufactures, en fait – ont la possibilité de tirer profit de la bonification et de la prolongation de la déduction additionnelle pour amortissement relative à l’acquisition de technologies de pointe.
La déduction additionnelle était à 35 %, elle passe à 60 %. La mesure devait expirer le 31 mars 2019, mais elle sera prolongée d’un an.
Cette déduction additionnelle constitue une forme de crédit d’impôt. La mesure permet de déduire la totalité de la facture en deux ans seulement.
À terme, après six ans, la mesure permet aux entreprises de bénéficier d’une déduction d’impôt représentant 135 % de la valeur de leur investissement.
Selon le fiscaliste Stéphane Leblanc, d’EY, cette mesure permet des économies de 43 650 $ pour un investissement 1 million dans l’équipement de fabrication. Pour un investissement du même ordre dans le matériel informatique, l’économie atteint 47 058 $.
Véronique Proulx, PDG des Manufacturiers et exportateurs du Québec, déplore tout de même qu’aucune mesure n’ait été mise de l’avant pour atténuer la hausse des coûts reliée aux nouvelles normes du travail. « L’enjeu, c’est la compétitivité du secteur manufacturier. S’assurer que les entreprises restent ici et qu’elles investissent au Québec », a-t-elle fait savoir.
D’autres mesures budgétaires touchant les entreprises
60 millions pour financer des projets de la supergrappe SCALE.AI, qui rassemble 118 partenaires dans le corridor Québec-Windsor. La supergrappe vise à développer des réseaux de chaînes d’approvisionnement plus efficaces grâce à l’intelligence artificielle, que ce soit dans le secteur manufacturier, du commerce de détail, du transport ou de la logistique.
15 millions à Inno-centre, un accélérateur d’entreprises existant depuis 30 ans. L’argent servira à déployer de nouvelles cohortes d’entreprises en démarrage.
10 millions à HEC Montréal, pour l’aider à accompagner des entreprises du domaine de l’intelligence artificielle par l’entremise du Creative Destruction Lab et de NextAI.
20,5 millions à l’Université de Sherbrooke pour la Chaîne d’innovation intégrée pour la prospérité numérique.
22,5 millions au Centre de recherche industrielle du Québec pour adapter son modèle d’affaires à la réalité du manufacturier intelligent.
30 millions pour des projets touristiques majeurs, surtout en région. Ils seront annoncés plus tard.
Des rabais sur l’électricité pour les investissements de 250 millions ou plus. Les exploitants de serres commerciales qui investissent 5 millions ou plus bénéficient d’un rabais sur l’électricité prolongé de deux ans, passant de quatre à six ans.