Hockey féminin scolaire

Les Sabres ont 25 ans

En 1993, le collège Notre-Dame a écrit une page d'histoire.

Catherine Labbé se souvient de la première fois qu’elle a gardé les buts pour les Sabres du collège Notre-Dame de Montréal. C’était en 1993, elle était un brin nerveuse, sans expérience. L’équipe en était à son baptême sur la glace.

« Je jouais avec un équipement emprunté. C’était drôle de nous voir aller, les gars attachaient nos patins », confie-t-elle aujourd’hui.

Il y a 25 ans, le hockey féminin était quasi inexistant au Québec. Les jeunes filles se tournaient davantage vers la ringuette. Et celles qui souhaitaient pousser la rondelle devaient inévitablement s’inscrire dans des clubs masculins.

Sylvain Gendron, alors coordonnateur des sports au collège Notre-Dame, voulait faire autrement. « J’avais vu passer des joueuses talentueuses contraintes de jouer avec les garçons. Je souhaitais permettre aux filles de jouer ensemble pour leur école. » C’était cinq ans avant l’entrée du hockey féminin aux Jeux olympiques.

Il a décidé de mettre sur pied, entre les murs du collège, une équipe entièrement féminine. Mais quand on part de zéro, il faut d’abord trouver des intéressées. « Plusieurs filles, comme moi, jouaient déjà dans l’équipe de ballon sur glace, se souvient Catherine Labbé. Sylvain nous a approchées. On comprenait le jeu, on savait aussi patiner, mais ça reste différent. »

Une poignée d’élèves ont répondu à l’appel, ont accepté de jouer les cobayes en formant la première équipe de niveau secondaire au Québec.

« Ça a démarré au ralenti parce qu’on n’avait pas de concurrence, se souvient le coach Sylvain Gendron. La première année, on jouait contre des équipes de femmes de la ville de Mont-Royal, de Pierrefonds, contre le club féminin du collège Brébeuf. Nos adversaires étaient plus âgées, mais les filles ont beaucoup appris. »

Des médaillées olympiques

Au fil des ans, les Sabres, qui évoluent en division D2 juvénile, ont accueilli dans leurs rangs quelques-unes des meilleures joueuses au pays, dont les médaillées olympiques Catherine Ward et Lauriane Rougeau ainsi que la capitaine des Canadiennes de Montréal Ann-Sophie Bettez.

« J’ai vécu avec les Sabres ma première expérience de hockey féminin, j’en garde un bon souvenir. »

— Lauriane Rougeau, membre des Sabres du collège Notre-Dame de Montréal de 2002 à 2007

Au début, il lui a fallu s’adapter. « J’étais habituée de jouer contact avec les gars. À Notre-Dame, plusieurs filles étaient débutantes, certaines étaient là seulement parce qu’elles trouvaient ça “cool”. Quand je faisais des jeux, ça ne suivait pas toujours comme je l’aurais voulu. »

Elle ne regrette en rien son expérience, au contraire. « Je suis contente d’être allée chercher une nouvelle façon de voir le jeu, l’ambiance était bonne. Je jouais avec les filles après les cours et, en soirée, je jouais avec les gars. Plus je passais de temps sur la glace, plus j’étais heureuse. »

Plus de hockey à l’école

Aujourd’hui, la ligue féminine (RSEQ GMAA) demeure marginale, locale. « On survit année après année. On joue essentiellement contre des écoles anglophones. Il n’y a que 7 équipes au Québec et on joue 14 matchs en saison », dit M. Gendron. À cela s’ajoutent les matchs de séries éliminatoires et des tournois ici et là pour un total avoisinant 25 parties.

Selon le protocole d’entente entre le Réseau du sport étudiant du Québec et la Fédération de hockey sur glace du Québec, le développement des jeunes hockeyeuses et hockeyeurs passe essentiellement par le milieu associatif (civil). Mais c’est en train de changer.

« On voit une volonté dans la population de ramener le sport entre les murs des établissements scolaires, dit Stéphane Boudreau, directeur adjoint du RSEQ. Il y a une transition en ce moment. Va-t-elle se poursuivre, va-t-elle progresser ? On ne sait pas, mais on a des discussions régulièrement avec les fédérations. On doit respecter ce qui s’est fait depuis longtemps, mais on doit suivre le courant, voire le devancer. »

Aussi, le hockey masculin intègre peu à peu les écoles. Une dizaine d’écoles sont membres de la Ligue de hockey préparatoire scolaire. Au RSEQ, la division juvénile est en expansion et on a ajouté cette année les divisions benjamin et cadet. Le hockey féminin pourrait prendre la même tangente.

Sylvain Gendron prévoit que, dans 10 ans, le hockey associatif n’existera plus. « Il va se pratiquer uniquement dans les écoles comme ça se fait aux États-Unis. On pourra bâtir des programmes forts au collégial et à l’université parce que les assistances, et l’argent, suivront. »

Pour l’heure, les joueuses des Sabres, âgées de 12 à 17 ans, n’attendent qu’une chose : sauter sur la patinoire. Leur premier match au calendrier aura lieu cet après-midi, alors qu’elles croiseront le fer avec les recrues de l’école secondaire Mgr-A.-M.-Parent. « On y va un match à la fois », insiste M. Gendron.

L’équipe vise néanmoins une nouvelle bannière de championnat et, dans un avenir rapproché, de plus en plus d’équipes rivales.

Les Sabres en bref

25 saisons

628 matchs, dont 397 victoires, 197 défaites et 34 parties nulles

5 fois championnes provinciales du RSEQ

6 fois championnes du RSEQ GMAA

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