Opinion : Élections provinciales

La critique ne doit pas sombrer dans le mépris

Je nous trouve collectivement très critiques et peu reconnaissants envers les politiciens. Pire : cet esprit critique poussé à l’extrême mène actuellement au cynisme et ressemble beaucoup plus à un esprit de mépris généralisé pour tout ce qui touche au politique. Il est absolument désolant que des textes d’opinion dans la sphère publique qui portent pour titre « Les élections déprimantes qui s’en viennent » ou encore « La campagne des égouts » soient la norme.

On accuse les politiciens de clientélisme dans son sens le plus péjoratif sous prétexte qu’ils font des promesses précises et ciblées. On les accuse de vouloir « acheter » des votes de certains sous-groupes d’électeurs.

Mais au fond, si on rayait les « petites » promesses au profit de « grandes » quêtes sociétales, de projets plus ambitieux, on trouverait le moyen d’accuser les politiciens de pelleter des nuages, de slogans creux qui ne veulent rien dire, et d’être électoralistes en devenant un parti fourre-tout.

Dévoués, compétents

Soyons clairs : la vaste majorité des politiciens s’impliquent pour les bonnes raisons ; la vaste majorité des politiciens se dévouent beaucoup plus au bien public que le citoyen moyen ; la vaste majorité des politiciens sont compétents ; la vaste majorité des politiciens sont honnêtes.

Il faut critiquer les politiciens lorsqu’ils le méritent. Mais il faut surtout maintenir cette perspective critique en gardant en tête les constats ci-dessus pour ne pas tomber dans le mépris.

Non seulement nous devrions être plus reconnaissants envers les politiciens, mais également plus enthousiastes face à la campagne électorale.

C’est un moment charnière de la vie démocratique d’un peuple et les présentes élections sont extraordinaires de toutes sortes de façons.

Par exemple, il y aura nécessairement un renouvellement de la députation puisqu’il y a eu énormément de départs.

Il y a plus de candidatures LGBTQ que jamais.

Il s’agit d'élections qui portent beaucoup moins sur la souveraineté du Québec – peu importe notre position, il faut reconnaître l’aspect extraordinaire de ce contexte.

Il s’agit potentiellement d'élections de réalignement électoral qui effriterait le bipartisme PLQ-PQ. Une première depuis 1976.

Et beaucoup plus.

Il y a tant de raisons d’être emballé, comme citoyen, par cette campagne.

Restons critiques, mais ne sombrons pas dans le cynisme et le mépris.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.