À l’étude

Les bienfaits du déjeuner

Manger au déjeuner pourrait diminuer le risque cardiovasculaire, selon une nouvelle étude britannique. Des chercheurs de l’Université de Bath planchent depuis environ six ans sur la véracité d’un dicton cher aux parents : ils veulent déterminer si le déjeuner est bel et bien le repas le plus important de la journée.

LE CONSTAT

Quand on saute le déjeuner, nos cellules ont plus de difficulté à éliminer le sucre excédentaire dans notre sang et ont davantage tendance à fabriquer du gras. Cela devrait normalement augmenter le risque de diabète et de troubles cardiovasculaires. « L’importance du taux de glucose pour la santé est bien connu, explique James Betts, spécialiste de médecine sportive à l’Université de Bath, qui est l’auteur principal de l’étude publiée en février dans le Journal of Physiology. Il semble y avoir un lien avec l’exercice physique. Quand on saute le déjeuner, on a moins d’énergie, on est moins actif. »

La genèse

Le Dr Betts a eu l’idée de l’étude en 2010, alors que commençait la mode des jeûnes. « On entendait beaucoup parler des bienfaits du jeûne. J’en discutais avec un collègue et nous nous sommes rappelé ce dicton : “Le déjeuner est le repas le plus important de la journée.” Je me suis demandé si quelqu’un avait déjà vérifié si c’était vrai. Je n’ai rien trouvé dans la littérature scientifique. Il y avait beaucoup d’études comparant différents types de déjeuners, avec plus de fibres, plus de protéines, plus de fruits, mais aucune étude ne se penchait sur l’effet du jeûne le matin. »

Ce que révèle l’étude

Pendant six semaines, les chercheurs de Bath ont suivi 49 adultes, dont la moitié mangeaient le matin et l’autre, non. Ils ont examiné le métabolisme du sucre et du gras, notamment l’activité de 44 gènes impliqués dans ce métabolisme. « L’effet métabolique du déjeuner était assez clair, dit le Dr Betts. Nous ne pouvons pas exclure que le type de déjeuner que nous avons utilisé [plutôt traditionnel, comme des toasts avec de la confiture] a une influence indue sur nos résultats. Mais une première étude que nous avons publiée sur le sujet, en 2014, montrait que le lien entre un déjeuner de ce genre et l’activité physique le matin est assez fort. » Cette dernière étude, publiée dans l’American Journal of Clinical Nutrition, concluait que les gens qui jeûnent le matin mangent davantage le midi et que ceux qui prennent un déjeuner font plus d’exercice. Au bout du compte, la quantité de calories absorbées était la même pour les deux groupes, mais ceux qui avaient déjeuné avaient l’avantage d’avoir été plus actifs.

Et maintenant ?

Le Dr Betts et ses collègues du Bath Breakfast Project veulent maintenant voir comment les cellules étudiées réagissent à différents types de déjeuners. « L’hypothèse est que le glucose régit le niveau d’exercice physique, dit le Dr Betts. Normalement, le contenu du déjeuner devrait avoir un impact. On pourrait aussi vérifier l’impact d’une collation le matin et celui des jeûnes alternés. » Sauter le dîner ou le souper est-il moins dommageable ? « Si on saute le repas du soir, on se couche de toute façon peu après, alors notre niveau d’exercice physique n’est pas touché. »

QUELQUES CHIFFRES

23 % des enfants du début du primaire sautent le déjeuner au moins une fois par semaine aux États-Unis.

50 % des enfants de la fin du primaire sautent le déjeuner au moins une fois par semaine aux États-Unis.

64 % des enfants du secondaire sautent le déjeuner au moins une fois par semaine aux États-Unis.

10 % des adultes américains ne mangent jamais au déjeuner.

Sources : Kellogg, NPD

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.