Qui a besoin d'un fusil d'assaut ?

Les critiques glanées ici et là sur des forums d’obsédés des armes à feu semblent indiquer que le CZ-858 présenterait un indice de fiabilité moins grand que le légendaire AK-47. Si l’on en croit nos épisodes locaux de tueries, la critique est fondée.

Aussi bien lors de la tuerie de la grande mosquée de Québec, en janvier 2017, que lors de l’attentat au Métropolis, en septembre 2012, les deux tueurs étaient équipés d’un CZ-858.

Dans les deux attaques, l’arme s’est enrayée. Ayant prévu cette éventualité, le meurtrier de l’attentat de Québec avait pris soin d’apporter aussi un pistolet 9 mm. S’il avait fallu que les CZ-858 de ces agresseurs ne s’enrayent pas, on vous donne à penser au bilan de ces deux tragédies : 30 morts ? 50 ? 60 ?

Parfaitement conscientes du formidable danger de cette arme, les autorités de la GRC avaient annoncé en février 2014 qu’elles la bannissaient au pays. Anticipant de toute évidence une défaite, l’ex-premier ministre Stephen Harper, quelques jours avant les élections de 2015, a outrepassé la décision de la GRC et levé l’interdit. Un coup parti, il a revu la classification de notre CZ-858 (et d’autres armes du même type) pour les faire passer du statut d’armes prohibées à « armes à autorisation restreinte » ou « sans restriction ». En somme, Harper en a facilité l’accès. Ce même Harper qui a déjà déclaré qu’il approuvait le recours à une arme à feu « pour les citoyens souhaitant se défendre contre une menace ». (God ! Cet homme avait-il assez d’atomes crochus avec Trump ! ?)

Et le CZ-858 n’est qu’une arme parmi d’autres à circuler chez nous. Par exemple, la redoutable AR-15 (récemment utilisée lors de la tuerie de l’école secondaire de Parkland, en Floride) serait en sa possession de près de 4000 Canadiens.

Et voilà Ralph Goodale qui, déshonorant les promesses faites par le Parti libéral du Canada en 2015 concernant le contrôle des armes à feu, dépose son inoffensif et ridicule projet de loi C-71 qui prétend renforcer les « contrôles et vérifications » chez les acheteurs canadiens d’armes à feu. Comme si ce n’était pas le minimum des minimums, on va compliquer l’accès aux armes à tous ces citoyens traînant un passé douteux du genre « antécédents criminels liés à de la violence » ou « diagnostics de maladie mentale ».

Flash news : ni Alexandre Bissonnette, ni Marc Lépine, ni Richard Henry Bain n’avaient de casier judiciaire. Dans le cas de Bain, on avait affaire à un individu notoirement en proie à des troubles psychiatriques sérieux. Pas assez sérieux, cependant, pour l’empêcher de posséder 22 armes sur lesquelles il avait des « droits acquis »…

1000 $ de récompense

Qui, dites-moi, a besoin d’une arme semi-automatique au Canada ? Une récompense de 1000 $ à quiconque peut concevoir une situation réaliste où la possession d’un CZ-858 est justifiée pour un compatriote ! 

Tir sportif ? Carabines et armes de poing suffisent. 

La chasse ? Traquerait-on le mammouth que de l’abattre avec un AR-15 ou un CZ-858 serait encore de l’overkill ! 

Ces armes n’ont qu’une seule utilité pratique : permettre à des individus qui pètent les plombs de commettre une tuerie.

Pourquoi vend-on ces armes chez nous ? Contrairement aux Américains, pour qui tout espoir de contrôle des armes est aussi vain que désespéré, nous ne sommes soumis ni à la tyrannie d’un deuxième amendement ni au lobbying de la National Rifle Association (NRA).

Qu’est-ce qui lie les mains de Justin Trudeau, ce poster boy du pacifisme et de l’amitié universelle ? Pas l’opinion publique, en tout cas. Sur le site PolySeSouvient, on fait état des conclusions d’un récent sondage d’Environics Research selon lequel pas moins de 81 % des Canadiens souhaitent qu’on interdise la vente de fusils d’assaut au pays. Même la majorité des propriétaires d’armes à feu (63 %) appuie cette prohibition !

Et le mieux que vous pouvez faire, c’est C-71 ? Please.