Actifs au quotidien

L’activité physique pour retarder la maladie

Mais comment fait-elle ? Souvent, voilà la première question qui surgit lorsqu’une personne arrive à concilier toutes ses obligations avec un entraînement assidu. Parce que tous les sportifs ont leurs secrets, Pause rencontre chaque semaine un mordu qui arrive à garder sa motivation, malgré les aléas du quotidien.

Benoît Goulet

60 ans

Retraité

Après avoir enseigné l’éducation physique pendant 35 ans, Benoît Goulet prévoyait une retraite bien active. Soudain, un diagnostic de maladie de Parkinson est venu brouiller les cartes. Mais pour Benoît Goulet, pas question de diminuer l’activité physique, bien au contraire.

Avez-vous toujours été physiquement actif ?

J’ai commencé à faire de l’activité physique de façon régulière à l’âge de 16 ou 18 ans. Avant, c’était plus du jeu. Je suis un joueur de tennis et un skieur de fond. J’ai les deux saisons d’occupées ! J’ai découvert la randonnée pédestre il y a une dizaine d’années : je vais beaucoup dans les montagnes Blanches, je grimpe des montagnes. D’autres sports se sont ajoutés à mon éventail d’activités, comme le vélo.

Pourquoi êtes-vous devenu un professeur d’éducation physique ?

J’étais un enseignant dans l’âme. J’aimais faire apprendre à d’autres, j’avais la patience. Après des stages, j’ai trouvé rapidement le milieu où je voulais enseigner, soit les jeunes enfants : à cet âge, ils sont plus ouverts et malléables au changement. J’avais d’abord enseigné à des adultes, des personnes âgées, des personnes handicapées, puis j’ai trouvé un poste au primaire. La pédagogie, c’est véritablement une vocation pour moi.

Comment avez-vous appris que vous étiez atteint de la maladie de Parkinson ?

J’ai pris ma retraite le 21 décembre dernier. Depuis un an, un an et demi, j’avais un tremblement de la main droite, mais je n’y accordais pas trop d’importance. On me disait que des fois, c’est héréditaire, ces choses-là. Il y a six mois, c’est devenu débilitant : essayer de manger des céréales avec une cuillère, c’était devenu toute une tâche. J’ai consulté mon médecin de famille, puis j’ai eu un rendez-vous avec le neurologue. Le 18 janvier dernier, il m’a appris que j’avais la maladie de Parkinson. La retraite ne commençait pas comme je pensais. Je prévoyais une retraite très active, je projetais de voyager avec ma conjointe.

Comment avez-vous réagi ?

Cette nouvelle-là m’a un peu sonné les premières semaines, mais rapidement, je me suis mis en mode proactif. Je me suis dit : ce n’est pas vrai que je vais sucer mon pouce dans un coin et pleurer, je vais mettre les bouchées doubles.

Qu’avez-vous décidé de faire ?

J’ai commencé à prendre des médicaments. Quand j’ai dit à mon neurologue que j’étais très actif, il m’a dit que c’était une excellente nouvelle. Mais il a ajouté qu’il y avait une perte de tonus musculaire chez les gens qui font du parkinson. Mon kinésiologue au Centre local d’activité physique (CLAP) m’a dit qu’il pouvait m’aider, qu’il pouvait me faire un programme qui pouvait aider à ralentir le processus de perte de tonus musculaire. Trois ou quatre fois par semaine, je vais au CLAP pour faire mon programme d’entraînement. C’est une série d’exercices qui font appel à des haltères de petite et de moyenne taille. Je fais aussi des squats pour les jambes, des intervalles, et je termine par des exercices d’assouplissement. Parce que c’est un autre symptôme de la maladie : ça donne beaucoup de rigidité. Mon bonbon, c’est jouer au tennis et faire du ski de fond. Autour de ça, il faut que je greffe des activités complémentaires qui vont me permettre d’avoir du plaisir dans mes activités préférées.

Est-ce que c’est parfois difficile de se motiver ?

Non. Peut-être parce que je suis à la retraite, quand je me lève le matin, c’est déjà placé dans mon agenda de la journée. En fait, ça me donne une bonne motivation pour greffer autre chose avant ou après. La seule chose qui puisse arriver, c’est comme hier, j’ai joué presque deux heures au tennis avec un partenaire. Aujourd’hui, je m’en ressentais et l’entraînement était un peu plus difficile. Ce n’est donc pas au niveau de la motivation mentale, mais c’est au niveau physique.

Avez-vous des objectifs à moyen et long terme ?

Selon ce que mon neurologue m’a dit, j’ai une période de 8 à 10 ans où il n’y a pas vraiment de symptômes qui apparaissent. On appelle ça la période dorée. J’ai deux filles, de jeunes adultes très actives. Mon but, c’est de les suivre le plus longtemps possible, de rester actif le plus longtemps possible. Un reportage dans La Presse sur le sentier des Appalaches m’a donné le goût de partir. Il y aurait aussi Compostelle ou le sentier de la côte pacifique qui m’intéressent. Ce sont des choses que je pourrais faire avec mes filles. L’autre but, c’est de continuer à voyager. Rendu à 60 ou 70 ans, partir en Europe, ça prend une forme minimale.

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