Moto

Hors route en famille

La moto hors route a longtemps été vue comme un sport de casse-cou réservé aux hommes en recherche d’adrénaline. Pourtant, non seulement le sport gagne en popularité, mais de plus en plus de femmes et de jeunes enfants se laissent tenter par la moto en sentier et découvrent l’enduro ou le motocross.

Avant tout, il faut différencier les disciplines enduro et motocross. La première se pratique en sentier, alors que l’autre se déroule sur courte piste. Elles partagent toutefois bon nombre de similitudes, et les amateurs pratiquent bien souvent les deux.

Pierre Laurin partage sa passion de l’enduro avec ses deux enfants. Marilou, 10 ans, et Cedrik, 7 ans, n’hésitent pas une seconde quand le moment est venu de tourner la poignée des gaz et de gravir une montagne de gravier 10 fois haute comme eux.

« Mes enfants ont commencé à 4 et 6 ans. Ils adorent ça. Plusieurs fois pendant la saison, on vient en sentier tous les trois. On combine souvent à ça du camping. Ça donne de très beaux moments en famille », explique le père, rencontré lors d’un événement d’initiation à la moto en sentier pour les femmes organisé par la Bytown Motorcycle Association (BMA) et la marque Husqvarna, à Limerick, en Ontario.

Un sport plus populaire

De plus en plus de gens s’initient à l’endurocross. À la FMSQ seulement, on notait une augmentation de 33 % de membres d’un jour. « Ce sont des gens qui viennent à nos événements pour essayer l’endurocross. Ça se fait beaucoup en famille. Le père, les enfants, la mère, tout le monde roulent. On voit d’ailleurs de plus en plus de femmes et de jeunes dans nos activités. Parmi nos membres, 20 % sont des femmes et ce chiffre grimpe année après année. Elles n’ont plus peur d’être bad-ass et d’y aller comme avec les gars. Elles s’imposent, elles font leur mécanique, elles ont leur remorque, leur moto, elles se débrouillent très bien », remarque Isa More de la FMSQ.

Aurélia Vercruysse fait partie de ces femmes qui passent de la route au sentier. Motocycliste depuis trois ans, l’habituée des longs voyages en solo aux quatre coins de la planète a récemment fait la découverte de la moto hors route lors d’un voyage en Alabama. Coup de cœur instantané.

« Non seulement j’adore ça, mais je crois que tout motocycliste devrait faire un peu de moto hors route et même suivre des cours sur piste ou en sentier. Ça aide à comprendre la machine et comment réagir dans n’importe quelle situation. »

— Aurélia Vercruysse, motocycliste

La sécurité, une question d’équipement

De l’extérieur, la moto en sentier peut sembler un sport dangereux. Voir ces tout-petits, parfois avec des petites roues de chaque côté de la moto, s’aventurer en forêt peut soulever bien des interrogations quant à la sécurité. « On est bien équipés : bottes, pantalons avec protections, plastron, protège-coudes, casque, lunettes, gants, rappelle Pierre Laurin. Dans la rue, parmi les voitures, on croise des enfants à vélo, en short et en t-shirt, parfois même sans casque. Ils tombent et ils se font plus mal que nous. L’équipement, c’est essentiel. »

Se lancer, parent et enfant

Il n’est jamais trop tard pour s’initier à ce sport. Certes, pour un parent qui n’y connaît rien, plonger dans l’univers de la moto hors route pour répondre à la demande de son enfant peut sembler complexe. « Je suggère de commencer par aller voir une course d’endurocross ou de motocross. Ensuite, il y a plusieurs endroits où l’on peut prendre des cours, peu importe l’âge », assure l’adepte de moto hors route Marc Villeneuve. Son fils Josh a fait ses premières compétitions de motocross vers l’âge de 6 ou 7 ans.

Celui qui est aussi instructeur pour BMW Motorrad et qui donne des formations hors route de moto de type aventure explique qu’il n’y a pas d’âge pour commencer : « C’est très beau de voir des athlètes en supercross faire des sauts au Stade olympique, mais ce n’est pas que ça, souligne M. Villeneuve. On n’a pas besoin d’aller vite ni de sauter. Il faut y aller à son rythme. Je dis souvent aux jeunes, à leurs premières courses, que l’important, c’est de la terminer. Plus tard, on pensera au palmarès. »

Développer le sport

Divers regroupements au Québec et en Ontario contribuent au développement du sport. Parmi ceux-ci, on retrouve la Fédération québécoise des motos hors route (FQMHR), qui démystifie le sport, en fait la promotion et joue un rôle de représentation auprès du gouvernement, de l’industrie et de la population. La FQMHR a mis en ligne le site Sois hors route, qui rassemble une foule d’informations sur le motocross, la moto double usage et la moto enduro. On peut aussi y télécharger une application spécialement conçue pour faciliter la pratique du sport en parc et en sentier.

Pour sa part, la Fédération des motocyclistes de sentiers du Québec (FMSQ) propose des événements hors route de moto et de quad pour tous les calibres et tous les âges. Elle organise aussi le championnat provincial d’endurocross, le plus important du genre au Canada. Elle compte 1400 membres.

Zone grise dans la Loi

Fait à noter, la loi interdit actuellement aux mineurs de moins de 16 ans de circuler en sentier sauf dans le cadre d’activités tenues conformément aux normes établies par un règlement du ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport. Il existe cependant une zone grise dans la Loi entre la pratique du sport et la compétition. « La FQMHR et le gouvernement ont développé un règlement de sécurité pour permettre aux 6 à 15 ans de pratiquer le sport de façon légale », explique Benoit-Gilles Depont, directeur général de la FQMHR. On prévoit l’entrée en vigueur de ce nouveau règlement d’ici 2020. Toujours selon M. Depont, il y aurait actuellement plus 25 000 motos hors routes immatriculées au Québec.

Accessible ? Oui, mais…

Démarrer dans un sport motorisé peut coûter très cher. La bonne nouvelle, c’est que l’on peut trouver beaucoup de produits d’occasion, qu’il s’agisse de véhicules ou d’équipement. Il faut cependant prévoir les dépenses associées à l’essence, aux assurances et à l’entretien.

Chose certaine, si l’argent peut être un frein, le caractère inclusif du sport facilite grandement l’intégration de nouveaux adeptes. « Ma femme, mon garçon et moi partons tous les vendredis de l’été pour suivre les courses des circuits de la FMSQ, au Québec, et de la Grand National Cross Country, aux États-Unis. Les parents sont impliqués, on se fait des amis, on donne un coup de main aux jeunes. C’est un milieu où tout le monde s’entraide », conclut Marc Villeneuve.

Le retour du Supercross Montréal

Après cinq ans d’absence, le motocross revient au Stade olympique. Le samedi 15 septembre, on marquera ce retour avec une compétition où s’affronteront des coureurs canadiens, américains et européens. Il y aura également des épreuves mettant en vedette des pilotes du circuit régional, recrutés aux quatre coins du Québec et de l’Ontario, ainsi qu’un volet appelé « freestyle » marqué par d’impressionnantes manœuvres et de grands sauts dans les airs. L’événement, qui se veut avant tout familial, est l’étincelle qui risque d’allumer la passion de la moto hors route chez bien des jeunes…

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