La Laurentienne comparée au CH
La haute direction de la Banque Laurentienne a subi hier les foudres d’un actionnaire mécontent de la situation dans laquelle se trouve le prêteur québécois. Cet actionnaire est allé jusqu’à tracer un parallèle avec la saison de misère du Canadien durant l’assemblée annuelle de l’institution financière.
Richard Venor, un actionnaire qui se présente comme comptable professionnel agréé, a interpellé le PDG François Desjardins au sujet de l’action de la banque qui a perdu le quart de sa valeur depuis le dévoilement en décembre d’irrégularités entourant certains prêts hypothécaires. Richard Venor a fait savoir que la direction de la banque lui rappelait les dirigeants du CH qui laissaient croire en début de saison que la campagne de l’équipe s’annonçait prolifique, alors qu’elle a fini par ne pas participer aux séries éliminatoires.
Bon joueur, François Desjardins a accepté la comparaison. « Parfois, ça prend plusieurs années pour retrouver sa pertinence. Que ce soit le Canadien ou n’importe quelle autre équipe, il faut parfois reconstruire, redessiner le plan, et pratiquer pour devenir meilleur. C’est la même chose pour ce qui est de notre plan de transformation », a-t-il répondu.
Peu après son arrivée aux commandes de la banque à la fin 2015, François Desjardins a lancé un plan de transformation sur sept ans visant à doubler l’actif de l’organisation d’ici 2022.
« À 48 $, l’action de la banque est pratiquement à son plus bas niveau de la dernière année. Il y a quelque chose qui cloche. Si les dirigeants étaient aussi bons qu’ils le croient, l’action vaudrait 70 $ », a lancé Richard Venor en marge de l’assemblée.
« Une action peut fluctuer pour plusieurs raisons, a répliqué François Desjardins. Dans les derniers mois, les principaux indices boursiers un peu partout dans le monde ont connu des haut et des bas. Nous tentons de créer de la valeur à long terme pour les actionnaires. La valeur de l’action s’appréciera lorsque la performance de la banque s’améliorera. »
Au terme de l’assemblée des actionnaires, François Desjardins a rappelé que les prêts hypothécaires problématiques ne comptaient que pour environ 4 % de l’ensemble du portefeuille de prêts et que le montant total des prêts à racheter était d’environ 400 millions de dollars. « Nous avons déjà racheté près de 300 millions de dollars de prêts. »
Le PDG de la seule banque syndiquée au pays a bon espoir que le reste des prêts à racheter l’auront été avant la présentation des prochains résultats trimestriels, à la fin mai.
François Desjardins a aussi rappelé que les irrégularités n’avaient aucun lien avec la qualité du portefeuille de prêts. « Dans la grande majorité des cas, c’était une gestion documentaire erronée. Par exemple, si on demandait au client la source de sa mise de fonds, on l’avait à l’écran, mais le tiers acheteur la voulait dans le dossier physique. Certains clients ont embelli leur situation financière, mais ce n’était pas la majorité des cas », dit-il.
François Desjardins sur…
… les négociations syndicales
« J’avoue être impatient. La convention collective est échue depuis le 31 décembre. Nous n’avons pas pu en arriver à une entente avant la fin de l’entente. On me dit que c’est relativement normal d’avoir des conventions échues. J’aurais aimé faire autrement. J’avais offert au syndicat d’ouvrir la convention deux ans avant son renouvellement. L’objectif de la banque est de convertir des emplois administratifs en postes d’avenir. On le propose progressivement. Il y a des gens qui peuvent prendre leur retraite, aller en préretraite, prendre une offre de départ ou se renouveler autrement. Il y en a pour tout le monde. »
… le syndicat
« Le syndicat se voit un peu comme le défenseur des transactions bancaires en succursale. C’est un peu nostalgique. C’est comme le laitier autrefois qui avait de moins en moins de clients. Quand la grande majorité des clients ne vient plus en succursale pour des transactions bancaires, il faut faire quelque chose. »
… Apple Pay et Android Pay
« On a choisi une voie différente. Les autres banques canadiennes ont choisi de ne pas changer leur système central informatique. Leur fondation technologique est très ancienne, je dirais même antique. Ce sont des systèmes bâtis dans les années 60 et installés dans les années 80. Il y a une date d’expiration. On a décidé de changer tout de suite le système pour ensuite bâtir à moindre coût. Apple Pay et Android Pay [maintenant Google Pay] pourraient donc venir quelque part l’an prochain. »
… le chèque numérique
« C’est une technologie transitoire qui va disparaître rapidement parce que les chèques vont éventuellement disparaître. Tu as besoin de photochèques seulement si tu as encore des chèques. Si on voit en 2019 qu’il y a encore beaucoup de chèques dans le marché et que ça vaut la peine pour quelques années, peut-être qu’on l’offrira. Mais je suis plus intéressé par des produits pleinement numériques comme, par exemple, les ouvertures de compte sans intervention humaine. »
… les guichets automatiques
« C’est une technologie en décroissance. À quand la disparition des guichets ? Il faut plutôt se demander quand l’argent comptant disparaîtra. La fin de l’argent comptant approche. Nous sommes très près de ce moment, car 96 % des transactions bancaires à la Laurentienne ne sont pas faites par des humains. »