Véhicules électriques 

Terminés, les longs délais

Les stocks québécois sont dopés par une décision de Doug Ford en Ontario 

L’abolition en Ontario de la généreuse subvention de 14 000 $ à l’achat d’un véhicule électrique profite aux concessionnaires automobiles du Québec, qui disposent depuis deux mois de plus importants stocks de véhicules « verts » normalement destinés au marché ontarien, en panne sèche.

Ce faisant, l’augmentation du nombre de véhicules en stock vient corriger, en grande partie, les problèmes d’offre qui empêchaient les consommateurs de prendre le virage électrique.

Cela contribue à l’accroissement des ventes, qui sont en forte hausse depuis le début de l’automne. Tout indique qu’il en sera de même au début de 2019, prédit Hugo Janson, copropriétaire et directeur général de Bourgeois Chevrolet, plus important vendeur de véhicules électriques au Canada.

« Nous prévoyons recevoir plus de 150 véhicules électriques et hybrides rechargeables [en novembre et en décembre], précise-t-il. Le tiers de ces véhicules [la Bolt et la Volt] proviennent des concessionnaires de l’Ontario. »

Délais de vente

Même son de cloche chez Le Relais Chevrolet, avenue Papineau, dans le nord de Montréal. « Avec ce qui se passe en Ontario [l’abolition de la subvention], le constructeur [General Motors] a haussé nos allocations de véhicules électriques, confirme Sylvain St-Jacques, directeur général des ventes. Nos clients ont beaucoup plus de choix et ils n’ont plus à attendre avant d’en faire l’acquisition. »

« En temps normal, GM nous livre deux véhicules [électriques] par mois. Nous allons en recevoir 20 d’un seul coup ! C’est sans compter les véhicules que nous achetons de concessionnaires de l’Ontario pour les revendre à nos clients »,

— Sylvain St-Jacques, directeur des ventes chez Relais Chevrolet

Des Nissan Leaf en stock

Chez Nissan Saint-Hyacinthe, Patrick Quintal, directeur des ventes, s’étonne lui-même d’avoir dans sa salle d’exposition des Nissan Leaf « prêtes à être livrées ».

« Avant, dit-il, un acheteur devait attendre trois mois pour en prendre possession. Ce délai a été ramené à un mois et, au moment où on se parle, il y a des véhicules disponibles dans ma salle de montre. »

À l’instar des autres concessionnaires, M. Quintal a vu ses allocations de véhicules électriques augmenter « substantiellement » au cours des dernières semaines. Il a en outre récupéré une dizaine de véhicules auprès de concessionnaires de l’Ontario.

« Nous connaissons une explosion de nos ventes, ajoute-t-il. Cette année, au moins 30 % de nos véhicules vendus étaient électriques. »

Délais plus courts

Pour sa part, Denis Leclerc, président du Groupe Albi, confirme que les délais d’attente pour la livraison d’un véhicule électrique ont diminué considérablement ces derniers temps.

« Ça pouvait prendre jusqu’à 16 semaines [pour prendre livraison d’un véhicule], évoque-t-il. C’est rendu à quatre à huit semaines, et il peut même arriver qu’on en ait en stock. » Il fait référence aux Chevrolet Bolt et Volt. La situation est sensiblement la même pour la Nissan Leaf.

« La demande est forte et il faudra sans doute une année avant qu’il y ait une forme d’équilibre entre l’offre et la demande », ajoute-t-il.

Pendant ce temps, en Ontario…

Chose certaine, la décision du gouvernement ontarien de Doug Ford de mettre fin à cette mesure incitative pénalise les concessionnaires de la province voisine, en plus de freiner l’enthousiasme des acheteurs qui s’apprêtaient à rouler dans des véhicules non polluants.

« C’est sûr qu’on perd des ventes, concède Carl Martin, gérant des ventes chez Laplante Cadillac Chevrolet Buick GMC, à Hawkesbury. Nous n’en vendons plus, des véhicules électriques, depuis qu’il n’y a plus de subvention. »

Et que fait-il avec les véhicules qui restent invendus ? « On les envoie au Québec chez les concessionnaires GM », répond-il.

— Avec Jean-François Codère, La Presse

Une année record

Le Québec se dirige vers une année record en 2018 au chapitre des ventes de véhicules électriques et hybrides rechargeables. Au cours du troisième trimestre de l’année en cours, 4500 véhicules « verts » ont été vendus, comparativement à 1945 en 2017, soit une hausse de 131 %.

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