À suivre cette semaine

Retour sur les objectifs à long terme

Chaque lundi, La Presse Affaires invite un professionnel du secteur des placements à discuter de ses principales préoccupations concernant l’économie et les marchés financiers. Notre invité cette semaine : Ruben Antoine, gestionnaire de portefeuilles à la firme montréalaise Tulett, Matthews & Associés. Cette firme spécialisée en gestion privée de patrimoine gère 300 millions d’actifs.

Qu’est-ce qui vous interpelle ces temps-ci dans les marchés financiers ?

Même récupérée en partie, la récente correction en Bourse (indices en recul de 10 % par rapport à leur sommet précédent) a servi de rappel aux investisseurs que de telles corrections font partie du fonctionnement normal des marchés boursiers.

Ce qui était devenu anormal, en fait, c’était la hausse continue des principaux indices, aux États-Unis surtout, qui durait depuis une quinzaine de mois sans épisode de repli.

Manifestement, les investisseurs avaient perdu l’habitude de corrections en Bourse à intervalles plus ou moins réguliers.

Par ailleurs, cette récente correction et le recouvrement partiel survenu depuis rappellent aux investisseurs l’importance d’avoir une stratégie de placement axée davantage sur des objectifs à moyen et long termes, au lieu de se préoccuper outre mesure des fluctuations des marchés à court terme.

C’est important que ces objectifs de placement soient établis et ajustés ensuite en fonction d’abord de l’évolution du profil de tolérance au risque de chaque investisseur, plutôt qu’en fonction des attentes ou des prévisions à propos des marchés boursiers et de la conjoncture économique.

Que dites-vous à vos clients inquiétés par la récente correction ?

D’abord, il faut indiquer que notre clientèle de particuliers-investisseurs chez Tulett, Matthews adhère surtout à notre gestion active de placements par « l’approche factorielle » axée sur des objectifs à long terme, et ajustée au profil de chaque client.

Pour l’essentiel, cette « approche factorielle » fonctionne avec des schèmes sophistiqués d’analyse comparative des principaux facteurs de valeur des entreprises et des secteurs en Bourse, afin de trouver des titres ou des secteurs qui sont trop négligés ou trop favorisés par les investisseurs. Cette approche factorielle facilite un bon rééquilibrage périodique des portefeuilles de nos clients, en fonction de leurs objectifs financiers.

D’ailleurs, cette gestion de portefeuilles boursiers par l’approche factorielle est répandue parmi les gestionnaires d’actifs de caisses de retraite ou de fonds d’investissement nationaux d’envergure.

Cela dit, auprès de nos clients-investisseurs inquiétés par la récente correction, nous demeurons optimistes envers le potentiel de rendement avantageux en Bourse pour l’avenir prévisible.

Toutefois, la valorisation moyenne des principaux marchés boursiers, surtout aux États-Unis, est encore relativement élevée après la correction.

Par conséquent, les attentes de rendement à long terme parmi nos clients – ce que nous privilégions, d’ailleurs – se situent désormais autour de 5 % par an pour des portefeuilles d’actions bien diversifiés.

En d’autres termes, plus question de s’attendre à des rendements boursiers de 10 % et plus comme on a vu au cours des dernières années, ce qui était même anormal dans une perspective à long terme.

Qu’entendez-vous par un portefeuille d’actions bien diversifié ?

Parmi nos clients en gestion privée, une bonne diversification de portefeuille boursier se base sur une pondération en trois tiers entre la Bourse américaine, la Bourse canadienne et les Bourses internationales, dans les économies développées surtout, mais aussi dans les économies émergentes.

Cela dit, en période de volatilité comme celle que nous traversons ces temps-ci, nous sommes plus attentifs aux occasions de rebalancement des portefeuilles en faveur de titres ou de secteurs qui sont demeurés sous-valorisés en Bourse.

Par exemple, selon notre approche factorielle, les titres ou les secteurs d’importance en Bourse dont le multiple cours/bénéfice demeure inférieur à la moyenne recèlent souvent un meilleur potentiel de surperformance à moyen et à long terme.

Sur la Bourse canadienne, ces temps-ci, les secteurs de l’énergie et des matières premières font partie de ces secteurs négligés par les investisseurs. Et donc à meilleur potentiel de rendement avantageux à moyen terme dans une conjoncture économique qui s’annonce favorable pour l’avenir prévisible.

En contrepartie, en Bourse américaine, nous estimons que tout le secteur des entreprises technologiques, en particulier les « FANG » (Facebook, Amazon, Netflix, Google/Alphabet), est rendu à des valorisations très élevées par rapport aux autres secteurs d’importance en Bourse.

Dans l’actualité boursière cette semaine

EN BOURSE CANADIENNE

Aujourd’hui : marchés fermés pour le jour de la Famille hors du Québec

Demain : Osisko (minière), Uni-Select (pièces d’auto)

Mercredi : Aliments Maple Leaf, MTY (restauration)

Jeudi : Banque CIBC, Gildan (vêtements), Loblaw (Maxi, Provigo), SNC-Lavalin

Vendredi : Banque Royale/RBC

EN BOURSE AMÉRICAINE 

Aujourd’hui : marchés fermés pour le President’s Day

Demain : Home Depot, Walmart

Indicateurs économiques

AU CANADA : 

Jeudi : ventes au détail (déc.)

Vendredi : indice des prix à la consommation-IPC (inflation, janv.)

AUX ÉTATS-UNIS : 

Mercredi : ventes de propriétés résidentielles (janv.)

Source : Thomson Reuters

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.