Mon clin d’œil

Aux Oscars, puisqu’on tient tant à ce que les discours soient courts, on devrait faire parler les perdants.

TÉMOIGNAGE

Un peu d’air, SVP !

Comment expliquer à mes enfants que j’ai parfois besoin d’air et de solitude ?

Je suis une maman très investie auprès de ses enfants et je vis volontiers à leur diapason.

Ce n’est évidemment pas la seule chose qui me définit : mes nombreuses passions professionnelles, ma soif de curiosité, mes précieuses amitiés prennent également une large place, ce qui demande toute une organisation !

J’avoue humblement être très à l’écoute et souvent disponible pour les souhaits et les désirs raisonnables de ma progéniture. Le temps en famille passe si vite, il y a des moments qu’il faut saisir, car malheureusement ils ne reviennent pas.

L’art d’un parent, c’est aussi une façon d’être vrai, sans vexer ou heurter. Il y a quelques jours, j’ai dû appliquer ce principe avec doigté, ce qui n’était pas évident.

Je suis une femme moderne, féministe, qui essaie toujours d’en faire plus et qui croit pouvoir rivaliser avec Wonder Woman. À tort, bien sûr, puisque Wonder Woman n’a pas d’enfants ! Blague à part, ma dévotion et mes élans d’enthousiasme ont des limites.

La solitude est formidable quand elle est voulue et contrôlée. Il fut un temps où je ne ressentais pas les choses de la même façon. J’avais 19 ans et je débarquais à Paris. J’étais si seule et je souhaitais tant être entourée… Maintenant, la vie m’offre généreusement tout ça et plus encore. Pourtant…

Comment expliquer à mes enfants que j’ai parfois besoin d’air et de solitude ?

Qu’ils comprennent que j’ai envie de retrouver ma bulle réconfortante, ne serait-ce que quelques instants. Comment leur faire réaliser que pour maman, une petite bouffée d’oxygène se prendrait bien ? Que lorsque je marche en avant lors d’une randonnée familiale, c’est pour mieux réfléchir et me ressourcer. J’aimerais pouvoir discuter avec mon mari et ne pas être interrompue par un enfant « boomerang » qui revient constamment au galop !

Qu’il serait agréable de me prélasser dans un bain chaud sans que derrière la porte on me pose mille et une questions qui exigent une réponse immédiate ! Que je n’ai pas besoin d’un comité d’accueil lorsque je me mets au lit. À partir de 21 h 30, je fais la sourde oreille. Laissez-moi tranquille, je n’ai absolument plus envie d’argumenter ou de faire causette !

Comment y arriver subtilement sans redouter cette affirmation existentielle ? : « Maman, tu nous aimes moins ! »

« Non, bien au contraire ! Pour reprendre les expressions enfantines que vous aimiez tant lorsque vous étiez petits, je vous aime inconditionnellement comme le ciel, la terre, tout l’univers et plus encore ! Ou comme 400 millions de dinosaures ! Ça ne changera jamais ! Maman a parfois besoin de temps pour elle, et… »

Notre conversation fut simple, douce et posée. Même les appels, les textos, les alertes Instagram n’ont pas eu raison de leur attention soutenue. Mes ados ont compris mes arguments et leurs efforts se font déjà sentir.

On appréhende parfois certains sujets, mais c’est en les abordant avec sincérité et vérité qu’ils ont le plus d’effet.

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