VROOM!

Quand Moment Factory repense le ciné-parc

Une entrée en voiture dans une forêt illuminée et bruissant d’effets sonores. Des dizaines de bâtons disposés entre les voitures qui s’illuminent au rythme des films. Des faisceaux lasers qui surplombent les voitures et des étincelles qui semblent quitter le grand écran pour attiser la forêt à côté. Avec sa plus récente production intitulée VROOM!, Moment Factory actualise l’expérience du ciné-parc, un modèle qui a peu évolué depuis son arrivée au Québec dans les années 70.

Deux époques se côtoient au Ciné-parc Orford depuis vendredi. D’un côté, les voitures sont plongées dans le noir devant le grand écran qui diffuse le film Les Trolls 2 : Tournée mondiale. De l’autre, effets de fumée et jeux de lumière accompagnent la projection d’une série de courts métrages, presque entièrement d’animation, tirés de l’immense catalogue de l’Office national du film du Canada. Un répertoire qu’on n’a pas l’habitude de voir dans un ciné-parc près de chez soi.

Une fois l’entrée passée avec son parcours enchanteur qui n’est pas sans rappeler l’univers de Foresta Lumina, c’est le cinéma qui trône au cœur de cette expérience multimédia.

« La sélection des films, ça a été du travail. On voulait aller chercher des films pour tous. On est dans la dramaturgie, l’ironie, le fantastique. Des films pas trop longs et des films qui, pour nous, seraient faciles à augmenter. Oui, on est assis dans une voiture et on regarde un écran, mais on a ajouté du multimédia et des effets spéciaux pour donner un autre sens au film, le faire sortir du cadre. »

— Daniel Jean, producteur chez Moment Factory

La trame sonore est offerte en français et en anglais, selon la chaîne sélectionnée.

Parmi les huit films projetés, on retrouve La maison du hérisson d’Eva Cvijanović, gagnant de plusieurs prix internationaux, Isabelle au bois dormant de Claude Cloutier, et Animal Behaviour (Zoothérapie) d’Alison Snowden et David Fine, nommé aux Oscars. Des films pour tous, certes, mais qui auront peut-être plus de difficulté à rejoindre les jeunes enfants.

En toile de fond de cette sélection, on retrouve l’univers des fables, le fil narratif qui tient le projet. Les spectateurs sont d’ailleurs invités à se déguiser comme leur personnage de conte ou de film favori et à décorer leur véhicule, effort qui fera bonne impression au « Vroom-O-Maton », dont les clichés sont projetés sur grand écran avant les films et peuvent être téléchargés sur le site internet de VROOM!.

En réaction au confinement

Né de la pandémie, alors que Moment Factory cherchait de nouvelles façons de créer des expériences, ce spectacle a été monté en seulement huit semaines, un record pour cette entreprise, souligne Daniel Jean. « Bâtir un modèle d’affaires en même temps que notre équipe créative planche sur le projet, essaie de le réinventer et de l’améliorer chaque jour, c’est vraiment un défi », expose-t-il.

Lorsque Moment Factory les a contactés pour leur proposer ce projet, François Pradella et Yvan Fontaine, propriétaires de salles de cinéma, venaient tout juste d’acquérir le Ciné-parc Orford. « Nous allons bientôt ajouter un troisième écran, alors nous avions déjà cette volonté d’augmenter l’offre », indique François Pradella, en ajoutant que divers travaux, d’électricité notamment, ont dû être réalisés pour permettre au ciné-parc d’accueillir ce projet hors normes.

Pour Daniel Jean, il est clair que VROOM! ne sera pas l’évènement d’un seul été. « C’est un format qui peut s’exporter, dit-il. On est en train de regarder ça. » Pour l’instant, VROOM! est présenté chaque soir au Ciné-parc Orford, au coucher du soleil, jusqu’au 12 juillet. Après, seul le temps saura dire si le ciné-parc de l’avenir, c’est un peu cela.

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