Ça s’explique

Le gaz de schiste au Québec

Chaque dimanche, l’équipe de Pause prend le temps d’expliquer une parcelle d’actualité. Cette semaine, on se demande : où en est le gaz de schiste au Québec ?

Le gaz de schiste, c’est quoi ?

Comme son nom l’indique, ce gaz est situé dans des roches sédimentaires appelées schistes. Elles se trouvent à grande profondeur, entre 1 et 4 kilomètres en général. Le gaz de schiste, contrairement au gaz conventionnel, ne forme pas de grandes poches. Il n’est donc pas accessible par un forage vertical classique. Il se trouve dans des pores des roches et est donc difficile d’accès.

Fracturation

Pour extraire le gaz de schiste, le procédé utilisé est appelé « fracturation hydraulique ». Le principe ? Un puits vertical est foré. Une fois qu’on arrive à la hauteur de la réserve de gaz, on prolonge ce puits, mais cette fois horizontalement. On y injecte à haute pression un mélange d’eau, de sable et de produits chimiques. Sous la pression, la roche se fissure, des fractures se créent et permettent de libérer le gaz qui remonte ensuite à la surface.

Et au Canada ? 

Au Canada, on trouve du gaz de schiste dans presque toutes les provinces. La production est surtout concentrée en Colombie-Britannique. En 2011, cette province comptait 1873 puits, contre 190 en Alberta et 85 en Saskatchewan. « En 2014, le gaz de schiste représentait environ 4 % de la production totale de gaz naturel au Canada », indique le ministère fédéral des Ressources naturelles.

Où en trouve-t-on au Québec ? 

Au Québec, depuis 1996, des permis d’exploration ont été délivrés pour un vaste territoire de 52 303 km2, soit dans les basses-terres du Saint-Laurent, en Gaspésie et sur l’île d’Anticosti. Quant au pétrole de schiste, on en trouve dans la formation de Macasty, sur l’île d’Anticosti, sur le Saint-Laurent. Les titulaires de permis doivent payer chaque année au gouvernement 10,40 $ le kilomètre carré, soit 10 cents l’hectare.

Quels sont ses avantages ?

L’exploitation du gaz et du pétrole de schiste permet d’améliorer l’indépendance énergétique du Canada en réduisant les importations. En augmentant la production sur le territoire, et donc l’offre de pétrole et de gaz, les prix peuvent alors diminuer pour les consommateurs. « Parmi les retombées, il y a des emplois pour les Canadiens, des redevances et des paiements de location pour les gouvernements provinciaux ou territoriaux qui sont propriétaires des ressources, ainsi que des impôts versés aux gouvernements », souligne un rapport du Conseil des académies canadiennes, publié en 2014.

Pourquoi est-ce controversé ?

L’exploitation du gaz de schiste soulève bien des inquiétudes, notamment à cause des fuites possibles dans l’eau et dans l’air. En effet, en cas de problème d’étanchéité des puits, le gaz (ou le pétrole) et les produits chimiques injectés dans le sol pour fracturer le roc peuvent contaminer les nappes phréatiques. En outre, au cours de l’extraction, une partie du liquide de fracturation remonte à la surface et doit être traitée, laissant craindre des déversements et des fuites d’eau usée. Par ailleurs, les opposants dénoncent le fait que de grandes quantités d’eau sont utilisées dans tout ce processus. L’exploitation de cette ressource peut aussi nuire à la qualité de vie des gens qui vivent à proximité des forages : circulation de camions, altération du paysage, destruction de territoires agricoles ou forestiers, nuisances sonore et lumineuse, odeurs...

Et maintenant ?

Le gouvernement du Québec a interdit l’exploitation de gaz de schiste le 6 juin dernier tout en annonçant des mesures très strictes pour encadrer d’autres types de forage pétrolier. Désormais, toute exploitation pétrolière est interdite dans le fleuve et près des cours d’eau tout comme les forages à moins de 1000 m des lieux habités. L’exploitation pétrolière demeure permise à certains endroits en fonction de critères très stricts. Le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Moreau, a également répété sur toutes les tribunes que le premier critère sera « l’acceptabilité sociale », c’est-à-dire que tout projet devra recueillir l’appui des citoyens. C’est pour cette raison que les observateurs ont conclu à la fin de toutes possibilités d’extraire du gaz de schiste au Québec.

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