Parti québécois
Louise Harel
députée du Parti québécois (PQ) de 1981 à 2008
Éducation : « Les Québécois veulent bouger. Ce qui fait l’unanimité, c’est l’innovation. Le sentiment de déclin qu’ont les Québécois est dû à un sentiment de faire du surplace : ils ont l’impression qu’on a cessé d’oser, alors il faut recommencer à le faire avec hardiesse. En tout, 73 % des répondants sont pour un investissement massif dans les programmes sociaux, quitte à augmenter les taxes et les impôts. Je recommande une offensive inégalée en matière d’éducation et de formation, de la nature de celle qu’on a connue avec le rapport Parent. La formation devrait pouvoir se faire en entreprise et devrait être reconnue par le ministère de l’Éducation. L’éducation transcende tout et permet l’innovation dans tous les domaines. Pourquoi ne pas devenir les plus scolarisés et formés d’Amérique du Nord ? »
Environnement : « Les sondés veulent un Québec vert. Ça signifie qu’il faut y aller à fond de train contre Kinder Morgan et, surtout, entreprendre une électrification accélérée. »
Parité : « En ce qui concerne la notion d’égalité, je suis pour une loi sur la parité, une zone égalitaire à l’Assemblée nationale qui deviendrait irréversible. »
Immigration : « Les gens semblent faire la différence entre les questions de la laïcité et de l’accueil des réfugiés. Le PQ doit faire la même distinction. [Il faut] les moyens les plus inventifs, et les règles du jeu doivent être changées pour favoriser l’immigration en région. Il faut aussi penser à la réforme du mode de scrutin et fixer le salaire minimum à 15 $. »
Sébastien Dallaire :
« Si je suis Jean-François Lisée, je suis inquiet. Mes deux principales forces auprès de mon électorat sont la souveraineté et les questions identitaires. Mais la grande majorité des électeurs me disent qu’ils ne veulent pas en entendre parler et j’ai promis de ne pas parler de référendum. Je gagnerais à trouver un moyen de recentrer le débat sur des enjeux sociaux pour lesquels je pourrais peindre mes deux adversaires principaux comme des droitistes sans compassion. On voit que les Québécois demeurent attachés à un État interventionniste. Jean-François Lisée doit parler d’innovation, d’environnement, d’éducation, de santé. S’il veut parler d’identité, il peut certainement parler de la protection de la langue française. Le sujet n’est pas controversé auprès des francophones et il a peu à perdre chez les électeurs anglophones et allophones. Il pourrait peut-être mettre Couillard sur la défensive à ce sujet, et reste à voir si Legault voudra engager cette conversation puisqu’il tente de courtiser le vote non francophone. »
Québec solidaire
Françoise David
députée de Québec solidaire (QS) de 2012 à 2017
Mode de scrutin : « Le PQ, la CAQ, QS et le Parti vert ont dernièrement signé une entente à l’effet de proposer un nouveau mode de scrutin proportionnel unique. Les gens ne se sentent pas écoutés et il faut donner une voix à toute personne qui vote au Québec, quel que soit l’endroit où elle vote. »
Santé : « La santé doit être au centre des préoccupations, avec une société vieillissante et des populations vulnérables sur le plan de leur santé physique ou psychologique. »
Environnement : « Les questions environnementales sont également absolument majeures, particulièrement les changements climatiques. La question du transport est cruciale. Il va falloir aller plus loin que de faire le REM, imaginer des solutions viables pour les gens en région, arrêter d’agrandir les autoroutes et réfléchir au camionnage. On ne peut plus passer à côté. Il n’est bien sûr pas question de creuser pour trouver du gaz de schiste. »
Immigration : « Le Québec a besoin d’immigrants, surtout dans les régions. Je souhaite que QS sorte des documents à ce sujet. Comment allons-nous les accueillir, qu’ont-ils à offrir, que devons-nous faire au niveau de la francisation ? Il est important d’offrir la possibilité aux immigrants d’apprendre le français une fois qu’ils arrivent ici. L’une des valeurs importantes de QS est la défense des droits des minorités. Il doit continuer de prôner l’interculturalisme avec la générosité d’inclure les minorités dans son projet collectif. »
Souveraineté : « QS défend un pays projet, et il faut qu’il continue à présenter ce projet-là, même si, pour le moment, l’appétit des gens pour la question de la souveraineté n’est pas au rendez-vous. Si on veut être respecté comme politicien, il faut avoir le courage de nos ambitions. Les gens ne veulent plus de langue de bois, alors il faut être vrai. »
Sébastien Dallaire :
« Pour les deux porte-parole de QS, je fais un peu la même chose que Jean-François Lisée, mais j’essaie du même coup de rappeler aux électeurs que le PQ ne représente pas le changement et que ses promesses de se tasser à gauche sont “fausses”, que l’on a déjà entendu ça… C’est auprès des péquistes qu’ils peuvent marquer des points et peut-être aussi chez quelques libéraux désabusés qui s’inquiètent des positions identitaires de la CAQ et du PQ. »
Coalition avenir Québec
Christian Lévesque
député de l’Action démocratique du Québec (ADQ) en 2007 et 2008 ; candidat de la Coalition avenir Québec (CAQ) défait en 2012
Changement : « Si je fais le parallèle avec l’ADQ que j’ai bien connue, le parti n’a jamais eu des bases aussi solides pour une élection. Par le passé, il y a eu un goût pour le changement, mais jamais aussi clairement exprimé par le peuple. Dans le contexte de ce sondage, pour la CAQ, il va falloir démontrer qu’ils ont la capacité d’opérer ces changements-là. Ils ne pourront pas rester sur la défensive comme s’ils étaient certains d’une victoire. Ils doivent continuer à incarner le changement en débattant leurs opinions. »
Immigration : « La CAQ doit continuer à incarner la volonté de mieux encadrer l’immigration. L’immigration est un besoin pour la société, mais il faut bien la faire, s’assurer que les gens sont bien reçus, et pourront connaître une croissance personnelle. »
Programmes sociaux : « L’éducation est toujours au centre des préoccupations pour la croissance, pour permettre aux gens de pouvoir avoir de meilleurs outils pour faire face à la vie. »
Modération : « François Legault incarne la modération, et dans le contexte actuel, il pourrait être appelé à faire face à des campagnes négatives qui seront faites à son sujet et à celui de la CAQ. Il faudra donc continuer dans la modération. »
Souveraineté : « Si on reste sur de vieilles chicanes référendaires, on va complètement perdre le monde. Ç’a toujours été le fer de lance du PLQ et du PQ, monopolisant ainsi le débat entre les deux grands partis. Ça ne sera pas le cas cette fois, il faudra donc parler des sujets qui touchent vraiment les gens. »
Environnement : « On doit déterminer une bonne stratégie environnementale tout en s’assurant un équilibre pour le développement économique. La CAQ va devoir faire une bonne présentation de sa position à ce sujet qui semble tenir à cœur aux électeurs aux vues du sondage. »
Parité : « C’est bien beau de se prononcer, mais il faut montrer l’exemple. La CAQ va devoir démontrer dans ses candidatures qu’elle veut faire une place aux femmes. Des demandes et des lois qui pourront ensuite encourager la parité. »
Sébastien Dallaire :
« Si je suis François Legault, je parle de changement, de changement et encore de changement. Changements dans la santé, l’éducation, la probité et l’écoute des citoyens. J’essaie aussi d’éviter de faire des vagues inutilement avec des enjeux explosifs comme les accommodements raisonnables ou les réfugiés. Ses propres électeurs lui demandent de lâcher prise, ou tout au moins de ne pas trop en parler. La CAQ est perçue comme le meilleur vecteur de changement en ce moment, mais il est clair que ce ne sont pas tous les électeurs potentiels de la CAQ qui penchent à droite, que ce soit socialement ou économiquement. François Legault doit aussi miser sur son équipe pour montrer que la CAQ est prête à gouverner. Il doit être prudent et éviter de faire ce que Tim Hudak avait fait en Ontario en 2014. Ce dernier avait un avantage indéniable au départ et les Ontariens voulaient du changement. Mais il a pris des positions jugées extrêmes au début de la compagne et a perdu son élan, en laissant [Kathleen] Wynne se faufiler. »
Parti libéral du Québec
Christiane Pelchat
députée du Parti libéral du Québec (PLQ) de 1985 à 1994
Immigration : « Il faut toujours se rappeler qu’une des valeurs fondamentales du PLQ est de reconnaître que l’identité du Québec passe par sa majorité francophone. Si le gouvernement ne la protège pas, le parti n’existera plus. Attention, le Québec a fait le choix du modèle interculturel d’intégration et non celui du multiculturalisme. Il faut donc revenir aux valeurs fondamentales du Québec : l’apprentissage du français, la séparation du religieux et de l’État et l’égalité des sexes. Les Québécois ont peur que ces valeurs soient atteintes, alors il faudrait revenir à l’interculturalisme tel qu’il a été défini en 1990 par le gouvernement Bourassa. »
Parité : « J’invite le candidat du PLQ à prendre un engagement afin d’adopter une loi sur la parité à l’Assemblée nationale pour assurer une zone paritaire. Le PLQ est un parti de réformes qui ne doit pas avoir peur, car on lui doit le vote des femmes et le droit d’éligibilité. Il faut être conséquent. »
Programmes sociaux : « Le PLQ doit favoriser la redistribution des richesses à travers ses programmes sociaux. On peut donner aux plus vulnérables de meilleures chances d’accéder à une autonomie économique. Je pense qu’il faut revenir en priorité sur la politique sociale en matière de garderies et favoriser l’investissement dans le réseau des CPE et non dans le privé. »
Environnement : « Il faut être conséquent et respecter les promesses de réduction des gaz à effets de serre et réduire les investissements dans le pétrole ou le ciment. N’ayez pas peur d’oser en matière d’environnement. »
Sébastien Dallaire :
« Si je suis Philippe Couillard, j’essaie de rappeler aux électeurs que l’économie va très bien et qu’il est risqué de changer alors que tout roule et que les finances vont bien. Comme c’est une élection de changement et que mon parti et moi-même ne sommes pas populaires, j’essaie de faire mes choux gras des positions “extrêmes” de mon adversaire, François Legault. Si les deux partis sont vus négativement, c’est probablement Philippe Couillard qui gagne au change. Aussi, s’il peut faire en sorte que ses adversaires parlent d’identité et d’immigration, il aura le champ libre pour parler des “vraies affaires” alors que les deux autres perdront des plumes sur des questions dont les électeurs ne veulent pas entendre parler. Jean-François Lisée pourrait mettre François Legault dans des situations inconfortables, ce qui jouerait en faveur des libéraux. »