Croisés au tournoi de golf

Laurent Duvernay-Tardif, garde des Chiefs de Kansas City

C’est beaucoup de bouche à oreille, ce sont des gens qui ont appuyé la fondation depuis un an qui ont appelé d’autres gens. C’est très prometteur pour la suite. Je suis touché. Je n’ai plus de voix parce que ça fait une semaine qu’on se défonce sur les terrains avec les jeunes. On y va à 110 %. Mais c’est avec des journées comme ça qu’on peut organiser les journées avec les jeunes. De savoir qu’on va avoir du plaisir à ramasser de l’argent et qu’on va avoir du plaisir à le réinvestir avec les jeunes, c’est gagnant pour tout le monde.

Alex Burrows, attaquant des Sénateurs

« J’adore participer à des tournois de golf, surtout quand c’est pour une fondation qui aide les jeunes. Surtout avec Laurent, dont le parcours est impressionnant. J’imagine la discipline dont il a eu besoin pour devenir l’un des meilleurs de la NFL à sa position et faire ses études en médecine en parallèle. »

Matthieu Proulx, analyste football à RDS

« Depuis que je couvre le football, on a rarement vu quelqu’un comme Laurent avoir autant d’impact auprès de sa communauté. C’est beau de contribuer à ça pour l’aider à accomplir sa mission. On dit « lui », mais il y a beaucoup de gens derrière ça. On collabore avec Laurent depuis quelques années [à RDS]. Quand il nous a invités, c’était tout naturel d’accepter. »

Pierre Vercheval, analyste football à RDS

« J’ai de la misère à m’imaginer son horaire. Je fais toujours la même blague : “Laurent, peux-tu en laisser aux autres ? Tu es partant dans la NFL, tu es médecin, tu pars ta fondation !” Il doit avoir un niveau d’organisation et d’énergie exceptionnel. Il y a bien des joueurs de football pour lesquels ce serait le moment de ne pas trop en faire. Pas lui, il carbure à ça. Il est discret à propos de ça, mais quand il a obtenu son diplôme, j’ai lu un article intéressant qui citait son coéquipier Mitch Morse. Ce dernier révélait qu’en revenant de Londres [où les Chiefs ont joué cette saison], pendant que tout le monde relaxait dans l’avion, Laurent, lui, avait le nez dans ses livres de médecine. Ça en dit long. Laurent est un cas à part. »

Alexandre Bilodeau, champion olympique en ski acrobatique, comptable chez KPMG

« Laurent m’a appelé directement de son camp, il m’a demandé si je pouvais venir à son tournoi de golf. C’est un honneur d’être ici. J’ai énormément de respect, c’est l’exemple idéal pour la jeunesse. La vie d’athlète, c’est difficile, mais c’est simple. Ce n’est pas vrai que les athlètes n’ont pas le temps d’étudier. Laurent peut en témoigner. Il y a des moments où on doit se reposer, et c’est plus facile d’ouvrir Netflix que d’ouvrir un livre de comptabilité ou de médecine. Mais il faut le faire. »

Mathieu Darche, ancien joueur de la LNH, vice-président chez Delmar, diplômé de McGill

« On en avait parlé à Noël chez mon frère Jean-Philippe Darche [ancien joueur de la NFL, qui a lui aussi fait des études en médecine], à Kansas City. Laurent était venu souper chez mon frère. Mes deux garçons qui jouent au hockey l’ont rencontré. Je leur ai dit : “Si Laurent est capable de réussir dans ses études dans la NFL, tout le monde est capable de le faire à des niveaux plus bas. ” Sa fondation est une bonne idée. Ce n’est pas juste pour faire bouger les jeunes, c’est pour l’équilibre dans une vie. Pas juste l’école, pas juste le sport. Mon frère et moi, on a été élevés comme ça. »

Saga Karlsson-Hoffman

« L’éléphant dans la pièce »

Mike Hoffman et Erik Karlsson ne pouvaient plus se côtoyer dans le même vestiaire.

Pour l’attaquant des Sénateurs Alex Burrows, cette tension était devenue « l’éléphant dans la pièce ».

« On n’en parlait pas ouvertement. On essayait de se concentrer sur ce qu’on pouvait contrôler. J’imagine que ça a pu affecter le groupe à l’interne. Pas mal certain que oui. Évidemment, ce n’est pas une situation idéale, je n’avais jamais vécu ça de ma carrière. »

Burrows participait hier au Tournoi de golf de la Fondation de Laurent Duvernay-Tardif.

Selon le Québécois, cette situation a pesé lourd sur les joueurs, l’équipe, l’organisation, pendant une trop longue partie de la saison. Il croit que c’est l’une des raisons qui expliquent comment une équipe qui s’était rendue à un but de la finale de la Coupe Stanley a pu se retrouver 30e sur 31 la saison suivante.

Lui-même sort de l’une des pires années de sa carrière, avec seulement 6 buts et 8 aides en 71 matchs.

Rappelons les faits, aussi troublants qu’ils puissent être. La conjointe de Karlsson, Melinda Karlsson, a déposé une plainte contre la conjointe de Hoffman, Monika Caryk. Elle allègue être victime de harcèlement de sa part, sur les réseaux sociaux, depuis novembre. Mme Karlsson a demandé une ordonnance de protection le mois dernier.

Dans une déclaration sous serment, Melinda Karlsson a allégué que Caryk avait « publié de nombreux messages souhaitant que son enfant à naître meure ». Le premier enfant des Karlsson est mort-né en mars dernier. Les Hoffman ont toutefois tout nié en bloc.

« On l’a vu cette saison. Hoffman et Karlsson ont été capables de jouer ensemble, certainement, mais il y a plus de détails à l’histoire que ce qui est sorti. Il y a plusieurs facteurs dont on ne peut pas vraiment discuter sur la place publique. »

La seule conclusion

Quoi qu’il en soit, il n’y avait qu’une conclusion possible à cette saga : l’un des deux devait partir. C’est Hoffman finalement qui a été échangé, aux Sharks de San Jose. En plus de Hoffman, les Sénateurs ont cédé le défenseur Cody Donaghey et leur choix de 5e tour en 2020. Ils ont reçu l’attaquant Mikkel Boedker, le défenseur Julius Bergman et un choix de 6e tour en 2020.

Quelques heures après, les Sharks envoyaient Hoffman et un choix de septième tour en 2018 aux Panthers de la Floride, contre trois choix : deuxième tour en 2019, puis quatrième et cinquième tours en 2018.

On peut tirer deux conclusions de cette transaction. Un, la valeur de Hoffman était en chute libre en raison de cet incident, malgré ses 104 buts en 4 saisons. Deux, les Sénateurs essaient peut-être encore de courtiser Karlsson pour une prolongation de contrat, même si son nom a été mêlé à quantité de rumeurs de transactions récemment. TSN révélait d’ailleurs que Karlsson était passé à un cheveu de porter l’uniforme des Golden Knights à la date limite des transactions.

« Je laisse [le directeur général] Pierre Dorion prendre les décisions, a répondu Burrows quand on lui a demandé s’il s’attendait à jouer avec le défenseur étoile l’an prochain. J’entends les rumeurs, je lis ce qui est écrit. J’ai joué au golf avec lui il y a quelques semaines et il allait bien. Il ne semblait pas trop stressé avec ça. Il est de retour en Suède pour quelques semaines. »

« J’imagine qu’il se prépare pour une bonne saison. Si c’est avec les Sénateurs, tant mieux, si c’est ailleurs, je lui souhaite du succès. »

— Alex Burrows, à propos de l’avenir d’Erik Karlsson

Cette fameuse décision de Pierre Dorion, pour l’instant, a été de laisser partir l’un de ses as marqueurs, en retour d’un joueur qui ne viendra pas sauver les Sénateurs. Mais ce sacrifice devenait nécessaire pour assainir l’air autour de l’équipe. Dorion n’a pas pris de détour hier devant les journalistes : « Nous devions le faire. Notre vestiaire était brisé. » Et dans un vestiaire de hockey, tout le monde le sait, la complicité vaut souvent bien plus que les buts.

C’est d’ailleurs le premier souhait de Burrows en vue de la prochaine saison, pour tourner une fois pour toutes la page sur une année pénible.

« Il va falloir travailler sur notre chimie d’équipe, tout le monde devra contribuer pour avoir du succès d’équipe plutôt que d’essayer d’avoir du succès individuel. C’est pas mal plus important et pas mal plus agréable d’avoir du succès quand tu joues au hockey. »

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