Grand Prix du Canada

Des actions contre l’exploitation sexuelle

« Grand Prix Montréal, hôtesses VIP ». L’organisme Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES) a fait suivre sur sa page Facebook plus tôt cette semaine une de ces offres d’emploi suspectes. On précisait même dans la publicité, disparue depuis du site Kijiji, que le célibat était un critère d’embauche.

Le Grand Prix du Canada est prétexte à ces fêtes privées un peu partout, et ces fêtes mènent parfois à l’exploitation de la femme.

La CLES a ainsi lancé l’initiative « Un trop grand prix pour les femmes ». Sur le site, on précise les raisons : « Le Grand Prix de Montréal est un moment fort du recrutement, de la traite, de l’exploitation sexuelle et de leur banalisation. Cette année encore, la CLES organise plusieurs actions pour dénoncer l’exploitation sexuelle liée à la présentation du Grand Prix de Formule 1 à Montréal. »

Évidemment, ces soirées douteuses n’ont rien à voir avec les organisateurs du Grand Prix du Canada, dont le pouvoir ne s’étend pas, bien sûr, dans la rue Crescent, pour ne nommer que celle-là. N’empêche, elles n’aident en rien à la réputation d’un événement sportif qui doit revoir son image en matière d’égalité hommes-femmes.

Cette année, pour la première fois, le promoteur François Dumontier a décidé de fournir sa part, dans les limites géographiques de son influence. Ce n’est pas que dans les installations que le Grand Prix devait se mettre au goût du jour.

Dumontier juge que depuis 10 ou 12 ans, le Grand Prix du Canada subit les dommages collatéraux de ces soirées privées, qui font la manchette année après année. Il en a eu assez d’entendre que son événement faisait l’apologie des comportements inconvenants. Enfin, diront certains, il a décidé de « prendre le taureau par les cornes ».

« Nous avons publiquement fait connaître notre opposition à toute forme d’exploitation sexuelle, violence, harcèlement, a déclaré M. Dumontier. Nous tenons à informer quiconque assiste à l’événement que des activités de cette nature sont contraires aux valeurs que nous défendons. Tous nos partenaires ont été avisés que nous appliquerons une politique très rigoureuse au sujet de la tenue vestimentaire de leurs représentants et à leur conduite sur tous les sites dont nous avons la responsabilité, soit le circuit, le grand quai du port de Montréal et la place du Grand Prix au centre-ville. »

« Peut-être parce que 54 % de notre clientèle vient de l’étranger, peut-être à cause de notre grand rayonnement. »

— Le promoteur François Dumontier, qui s’explique mal les causes de l’exploitation sexuelle en marge du Grand Prix du Canada

Quoi qu’il en soit, s’il y avait une année où une telle prise de conscience s’imposait, c’était celle-ci, avec les vagues de dénonciations qui déferlent un peu partout. M. Dumontier s’est assis avec plusieurs organismes qui œuvrent à stopper l’exploitation sexuelle et à promouvoir l’égalité des sexes, dont Stella, le Y des femmes de Montréal, le Phare des affranchies et le Conseil des Montréalaises. Développement économique Canada (dont une part du budget vise l’égalité des sexes), la Ville de Montréal et Tourisme Montréal ont aussi été des partenaires de choix.

En sont nées quelques actions concrètes. Outre la prise de position publique et l’obligation de respecter une tenue vestimentaire décente, le Grand Prix demande à ses fournisseurs de rechercher l’égalité hommes-femmes dans les embauches. Sur les sites, il y aura aussi des zones de sécurité où quelqu’un peut aller chercher de l’aide s’il se sent en danger ou mal à l’aise.

M. Dumontier trace un parallèle avec le programme des Hirondelles au Festival de jazz, qui se décline ainsi : « Des équipes volantes de sécurité déployées sur le site et formées spécialement pour les besoins des femmes et des personnes vulnérables ».

Les « grid girls », ces mannequins qui faisaient le pied de grue entre les voitures, ont également été bannies de la F1 au début de l’année. Elles seront remplacées par les « grid kids », de jeunes pilotes de karting âgés de 6 à 11 ans qui seront chacun jumelés à un pilote.

Sandrine Garneau-Le Bel, conseillère aux communications, résume le mieux l’initiative de cette année : « Ils profitent de notre notoriété pour organiser ces activités douteuses, nous avons le devoir d’utiliser cette même notoriété pour faire le bien. »

C’est en effet tout ce que le GP peut faire. « En donnant l’exemple, ajoute M. Dumontier, peut-être que les autres vont suivre dans nos pas. » C’est maintenant à tous ces organisateurs de fêtes où la femme est objet, et à tous ceux qui assistent à ces soirées, d’arriver en 2018.

Les annonces du jour en quelques citations de François Dumontier :

« Nous avons hâte à l’année prochaine. Tout de suite après le Grand Prix, les garages vont être démolis. Ça va marquer le coup. On a hâte de pouvoir montrer les nouveaux au monde entier en juin 2019. C’est une nouvelle image que l’on va projeter de la ville, une image moderne. Ils sont vraiment au goût du jour de la F1 d’aujourd’hui. Aussi, ce sont des installations permanentes. Depuis toujours, nous utilisons des installations temporaires. »

« La journée portes ouvertes se tiendra le jeudi 7 juin. Comme promoteur [avec le nouveau propriétaire Liberty Media], on a accès à plus de pilotes. Pour la journée portes ouvertes, il y aura une séance d’autographes dans un nouveau format où les pilotes seront plus accessibles dans la zone des puits pour les amateurs. »

« On travaille sur des éléments commémoratifs des 40 ans qu’on va dévoiler durant le week-end du Grand Prix. »

« Mardi, on a ajouté une section complète dans la tribune Lance Stroll [située dans l’épingle]. Il reste 5 ou 6 % des billets disponibles. »

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