Qantu

Grands crus chocolatés péruviens fabriqués à Montréal

Des nouvelles méthodes dans les champs jusqu’aux produits nouveau genre, l’innovation est à l’honneur dans l’agroalimentaire. Tout l’été, notre chroniqueuse Marie-Claude Lortie vous présente des entreprises aux idées fraîches.

Pourquoi cette entreprise ?

Parce que Qantu innove en chocolat ! C’est une entreprise qui choisit et importe ses fèves de chocolat fermentées et séchées, mais encore crues, directement de producteurs péruviens exclusivement, et que de variétés ancestrales de cacao, pour ensuite transformer le tout à Montréal et en faire un produit de luxe et de niche, destiné aux grands connaisseurs partout dans le monde. 

Les produits

Mis en marché entre 12 $ et 14 $ la tablette de 60 g, le chocolat Qantu affiche ses couleurs : c’est un produit de luxe pour amateurs de chocolats fins. On vend neuf types de chocolat noir, dont certains sont aromatisés à l’érable, au café ou au piment. Les variétés de graines de cacao utilisées sont très précises : elles s’appellent Chuncho, Bagua, Gran Blanco, Chaska, Morropon… Ensuite les lieux d’origine de ces fèves, où elles ont poussé, sont spécifiés quand on achète du chocolat Qantu.

Parfois le chocolat vient de l’Amazonie, parfois d’Ayacucho ou Junin, par exemple, différentes régions péruviennes. Dès la première production, en 2017, Qantu a été primée par l’Academy of Chocolate, à Londres, avec deux médailles d’or, une d’argent et un prix de meilleur nouveau venu international. En 2018, l’entreprise a répété l’exploit avec cinq médailles, dont quatre d’or, et le grand prix de la fève d’or.

Ces honneurs l’ont aidée à percer chez certains détaillants internationaux haut de gamme, comme le britannique Cocoa Runners. Qantu reçoit des fèves fermentées et séchées, souvent déjà triées, mais pas toujours, par les producteurs.

L’équipe montréalaise doit ensuite les trier de nouveau, les torréfier, les décortiquer, les broyer, et préparer ainsi du cacao qui sera d’abord liquide, « conché » et « tempéré » pour être solidifié et vendu sous forme de tablettes. Le chocolat est vendu à Montréal et ailleurs au Québec – les noms des détaillants sont inscrits sur leur site web –, mais aussi en Ontario, aux États-Unis, en Belgique, au Royaume-Uni, en France…

Les gens

Qantu, c’est essentiellement deux entrepreneurs : Elfi Maldonado et Maxime Simard. Elfi, 33 ans, est ingénieure industrielle, Maxime, lui, informaticien spécialiste des bases de données. Ils se sont rencontrés au Machu Picchu, tous les deux en visite, et sont tombés amoureux. Il est allé vivre au Pérou où Elfi est née, a grandi et étudié le génie. Il l’a convaincue de déménager au Québec, où elle a fait sa maîtrise à Polytechnique.

En 2014, lors d’une visite au Pérou où ils retournent souvent voir la famille d’Elfi, ils visitent une plantation de cacao spéciale où naîtra une passion pour le chocolat.

Parce que le Pérou est un des pays les plus riches en variétés de cacao, avec une vaste panoplie de cacaos ancestraux, que certains fermiers tentent de mettre en valeur.

En étudiant tout ce qui est chocolat, ils décident de se joindre au mouvement « de la ferme à la tablette » et de fonder leur propre entreprise, lancée en 2016, au moment où Maxime obtient son MBA.

Ils feront du chocolat très haut de gamme, avec des fèves achetées directement à des producteurs payés adéquatement, qui travaillent naturellement, voire en bio. Ils travaillent donc étroitement avec des fermiers au Pérou. Une amie graphiste a dessiné les emballages de leurs tablettes. Le couple cherche actuellement de l’aide, car ses succès ont fortement fait augmenter la demande.

Les défis

« Répondre à la demande », répond d’emblée Maxime quand on lui demande quel est le prochain défi sur son écran radar. Les succès de cet été annoncent de grosses commandes, notamment de Londres et de Paris, mais aussi de Tokyo, qu’il faudra remplir, alors qu’ils sont encore juste deux dans leur atelier de la rue Notre-Dame. « Et on va commencer à distribuer notre chocolat en France », ajoute Elfi.

L’avenir

Où le couple se projette-t-il dans quelques années ? « Avec notre propre plantation, répond Maxime. Et je dirais même à court ou moyen terme. » Les nouveaux vols directs d’Air Canada vers Lima, lancés en décembre dernier, sont une bonne nouvelle d’affaires pour les entrepreneurs qui prévoient donc de nombreux aller-retour vers le pays d’origine d’Elfi, d’où vient toute leur matière première. « Maintenant, en huit heures on est là-bas ! », dit Elfi. Le couple doit déjà aller là-bas au moins deux fois par année pour choisir le cacao. Dans les prochaines années, le marché européen sera exploré, investi. Dans cinq ans ? « J’aimerais bien qu’on soit rendus en Asie », répond Elfi.

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