moins de viande pour plus de santé
Plus de 17 % des Canadiens suivent un régime alimentaire qui bannit la viande ou en réduit l’importance. Parmi eux, 10,2 % sont flexitariens, c’est-à-dire des végétariens mangeant occasionnellement de la viande et du poisson. « Le nombre élevé de flexitariens nous a surpris », indique M. Charlebois. Ce sont notamment des boomers, « qui veulent se faire du bien et aider la planète, mais à temps partiel », explique-t-il.
Les végétaliens (ne consommant aucun produit animal) sont encore rares : à peine 2,7 % des Canadiens se décrivent ainsi. Plus nombreux (3,3 %) sont les végétariens et les ovolactovégétariens (consommant des œufs et des produits laitiers, sans viande). Mais c’est un mouvement jeune : 63 % des végétaliens ont moins de 38 ans, selon l’étude.
Près de la moitié (48,5 %) des Canadiens consomment encore de la viande quotidiennement. La majorité (53,9 %) estime que manger de la viande fait partie des grands plaisirs de la vie. C’est davantage le cas des hommes, enclins à se voir comme de grands partisans de la bidoche. « Le portrait du parfait carnivore, c’est un vieux monsieur pas très instruit », note M. Charlebois. Étonnamment, plus de 60 % des Canadiens estiment que manger de la viande est un droit fondamental.
Près du tiers des Canadiens sont néanmoins enclins à diminuer leur consommation de viande d’ici les six prochains mois, un objectif concret. C’est davantage le cas des gens gagnant de 75 000 $ à 99 999 $ par an et ayant un diplôme universitaire. « L’étude démontre que ce que j’appelle la guerre des protéines – entre les protéines végétales et animales – va durer longtemps, analyse le professeur. De plus en plus de gens s’informent, notamment dans les réseaux sociaux. On voit qu’il est possible de vivre sans manger de viande. »
C’est d’abord pour être en meilleure santé que les Canadiens souhaitent réduire leur consommation de viande. Ce facteur est important ou très important pour 85 % des répondants. Viennent ensuite le coût, l’environnement, le bien-être animal et le goût, tous des aspects que les femmes prennent plus en considération que les hommes. Moins de 20 % des répondants disent penser à la souffrance et à l’abattage des animaux lorsqu’ils mangent de la viande.
Près de 50 % des répondants savent comment remplacer la viande dans leur régime alimentaire. Encore là, c’est particulièrement le cas des femmes, qui ne fuient donc pas les rayons du tofu et des légumineuses au supermarché. Moins d’un Canadien sur cinq considère la viande cultivée en laboratoire comme une solution de rechange à celle prélevée sur un animal. Les insectes font encore moins fureur, avec 10 % des Canadiens qui y voient une option. Les Québécois semblent toutefois légèrement plus ouverts à manger ces protéines d’invertébrés.
« L’alimentation a toujours eu le pouvoir de réunir les gens, observe M. Charlebois. Là, on dirait que l’alimentation divise les gens. Ça m’inquiète. » Il vaut mieux apprendre à cohabiter. À des producteurs de bœuf, le professeur a conseillé de se faire à l’idée que les gens ne cuisinent plus tous des pains de viande. Il leur faut plutôt s’ouvrir aux recettes de pains de viande avec bœuf et… lentilles.
Source : Perspective des consommateurs canadiens quant aux régimes alimentaires à base d’aliments végétaux de même qu’à leur consommation de viande, Sylvain Charlebois et Janet Music, Université Dalhousie, et Simon Somogyi, Université de Guelph. Sondage web bilingue pancanadien réalisé en septembre 2018 auprès de 1027 Canadiens. Marge d’erreur estimée : 3,0%, 19 fois sur 20.