Phénomène nouveau ou historique ?
NEW YORK — De Philadelphie à New Haven en passant par Oakland, les incidents semblent se multiplier. Mais les appels au 911 effectués par des Blancs pour dénoncer des Noirs sans raison valable constituent-ils vraiment un phénomène en croissance aux États-Unis ?
Vesla Mae Weaver, professeure de sociologie à l’Université Johns Hopkins, avoue ne pas pouvoir répondre à cette question de façon catégorique, mais elle ose une hypothèse inspirée de ses recherches sur la persistance des inégalités raciales devant la police et la justice américaines.
« Personne n’a étudié ce type d’appels au 911 sur plusieurs années. Il est donc impossible de dire avec certitude si le phénomène est constant ou en croissance. Mais je peux conjecturer. »
— La professeure Vesla Mae Weaver
« Je peux conjecturer qu’il n’y a rien de nouveau dans ce phénomène, compte tenu de ce que nous savons de l’utilisation de la police à travers l’histoire pour faire respecter les frontières raciales – comme méthode et mécanisme de contrôle racial. Ça fait longtemps qu’il suffit, pour voir arriver la police, qu’un Blanc appelle et accuse un Noir d’avoir franchi une certaine frontière raciale, qu’il ait agi de façon illégale ou non », a ajouté Velsa Mae Weaver, coautrice de plusieurs ouvrages, dont Arresting Citizenship : The Democratic Consequences of American Crime Control.
Ce qui a peut-être changé, cependant, c’est la technologie qui permet de divulguer et de dénoncer des incidents qui demeuraient autrefois inconnus de la grande majorité du public américain.
« Il est possible que nous entendions parler davantage de ces incidents parce que les gens ont aujourd’hui la technologie pour les documenter et les réseaux sociaux pour les rendre viraux, a déclaré la sociologue. C’est un peu comme ces arrestations de Noirs qui tournent mal et dont on entend parler aujourd’hui parce qu’ils ont été filmés. Cela ne veut pas dire que de telles choses arrivaient moins souvent avant. »