Série Dans les dessins de…

Les yeux étoilés de Cara Carmina

Chaque semaine, Pause vous fait découvrir le travail d’un illustrateur ou d’une illustratrice.

Les personnages de Cara Carmina sont reconnaissables au fait qu’ils ont des étoiles dans les yeux. Un peu comme ses deux chats, Metafora et Sarcasmo, dont le regard luit quand la lumière entre dans le studio du quartier Saint-Henri, à Montréal, qu’ils partagent avec leur maîtresse.

« J’ai vraiment besoin d’estimulation visuelle, dit l’illustratrice d’origine mexicaine avec un irrésistible accent espagnol. Je ne peux pas vivre entre des murs blancs. Chercher l’inspiration, je pense que c’est un exercice important pour un artiste. »

Son atelier est meublé par un grand canapé de velours rouge, une table de travail et d’innombrables œuvres consacrées à la peintre Frida Kahlo. Avec ses illustrations, Cara Carmina a poétisé les deux albums pour enfants (signés Sophie Faucher) racontant la vie de cette grande artiste, Frida c’est moi et Moi, c’est Frida Kahlo, chez Édito jeunesse.

« Nous sommes très contents du résultat, dit Cara Carmina. Pour les filles, c’est une figure forte, mais les garçons aiment ces livres, eux aussi. » Paru en France, en Italie, jusqu’en Corée, Frida c’est moi a permis à l’illustratrice de réaliser un rêve : celui de passer devant une librairie et d’y voir son œuvre en vitrine. « Je capote », dit-elle, bien au fait des expressions du Québec, où elle vit depuis 2009.

Couleurs à l’ordinateur

Cara Carmina – un nom d’artiste, adopté il y a 10 ans – dessine d’abord à la main. « Je commence par faire un story-board avec l’auteur, explique- t-elle. J’ai besoin du texte pour le faire. Je fais des esquisses rapides, ensuite des dessins un peu plus détaillés. Je les dessine au crayon à mine, puis je repasse à l’encre noire. Je peux travailler partout : au café, ici ou chez mon chum, l’illustrateur Pascal Blanchet. »

Prochaine étape : Cara Carmina numérise son œuvre et la colore à l’ordinateur, par l’entremise de Photoshop. « Je ne suis pas une experte, fait-elle valoir. Mes premiers livres m’ont pris terriblement de temps. Je pense que chaque artiste a sa méthode de travail… »

L’illustratrice prépare un cinquième livre pour enfants avec l’animatrice Marie-Josée Gauvin, à paraître aux éditions Les Malins. Son quatrième, très particulier, est en vente depuis novembre sur le site des Éditions des Songes. Il s’agit d’un album qui raconte l’histoire d’une fillette qui visite le Taj Mahal sur un tapis volant. L’album est personnalisable – on choisit le prénom de l’héroïne, ainsi que la couleur de sa peau et de ses cheveux.

Vivre de souhaits

Comment Cara Carmina décrit-elle son style ? « On me dit souvent qu’il est coloré, commence-t-elle. Je préfère le mot anglais “whimsical”. » Fantaisiste, traduit en français.

« Mon style est naïf et il évolue tout le temps. J’ai par exemple commencé par faire des personnages aux cheveux sans couleur, ce n’était que du fil noir, avant de les colorer. »

— Cara Carmina

Le premier livre qu’elle a illustré, publié en espagnol sous le titre La escuela de gatos de la señorita Cara Carmina (traduction : L’école des chats de mademoiselle Cara Carmina), présente des œuvres faites de papier découpé. L’artiste travaille aussi le textile, en plus de faire des poupées, de l’art urbain, etc.

Les cartes de souhaits sur lesquelles elle reproduit son art sont distribuées dans 200 boutiques au Canada. « Je paie le loyer grâce à ça, dit-elle avec franchise. J’ai une boutique Etsy, où je vends des robes, des leggings, des foulards. Je joue beaucoup avec mes illustrations. Je dois faire de l’argent, alors je trouve des façons d’en faire. Avec les livres, c’est impossible de vivre. Ça prend un an et demi avant de toucher les redevances. Si on publie autant de livres, c’est parce que tout le monde y met des efforts. » Par amour des livres et des personnages aux yeux étoilés.

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