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Attention aux monopoles numériques, prévient la Banque du Canada

La Banque du Canada a lancé un avertissement, hier, au sujet des risques liés à la domination croissante d’une poignée de grandes entreprises dans l’économie numérique. « L’impression selon laquelle le “gagnant rafle toute la mise” s’amplifie dans une économie numérique, car les données des utilisateurs y deviennent une autre source de monopole », a affirmé la première sous-gouverneure de la banque centrale, Carolyn Wilkins. Elle a noté que la valeur boursière des cinq plus grandes entreprises technologiques du monde avoisinait les 3500 milliards US, soit environ le cinquième de la taille de l’économie américaine. — La Presse canadienne

Vie au travail

Projet-pilote pour faire croître les petites entreprises dirigées par des femmes

On milite de plus en plus pour l’accession des femmes aux conseils d’administration et à la haute direction des grandes entreprises. Mais pour accélérer le processus, il faut aussi cibler ailleurs, selon le Réseau des femmes d’affaires du Québec (RFAQ) qui lance un projet-pilote pour permettre aux petites entreprises dirigées par des femmes de croître. 

« Il faut descendre d’un niveau, observe Ruth Vachon, présidente du RFAQ. On a bâti le grenier, mais on a oublié qu’on avait des bases à faire. »

Avec son projet Leaders d’inclusion économique, le RFAQ espère mettre en mouvement une roue. Celle de la croissance des petites entreprises dirigées par des femmes. Pour qu’elles décrochent des contrats et, par conséquent, aient plus de pouvoir.

C’est notamment leur petit nombre et la petite taille de leurs firmes qui poussent Ruth Vachon à agir ainsi. « Environ 47 % des femmes étaient actionnaires dans des entreprises canadiennes, selon l’étude Women Entrepreneurs – Small Business Financing Profile de 2010 », détaille-t-elle.

« Mais de ce nombre, 16 % étaient majoritaires… très souvent dans des entreprises de deux employés ou moins ! Je me bats avec ce 16 % ! Que fait-on pour changer ça ? »

— Ruth Vachon

Le plan ? Le RFAQ souhaite ainsi intéresser de grandes entreprises qui pourraient demander à 10 de leurs fournisseurs de canaliser 5 % de toutes leurs dépenses de fournisseur vers de petites entreprises appartenant à des femmes. Les entreprises de propriété féminine ne récoltent que 1 % du budget d’achat des grandes organisations, mentionne un document décrivant le projet. Elles font face « à des déficits d’opportunité ».

Concrètement, une grande entreprise pourrait dire à un de ses grands fournisseurs à qui elle donne 25 millions qu’elle s’attend à ce que celle-ci investisse 1,25 million dans des entreprises à propriété féminine, comme des services de traduction, du coaching, de l’événementiel.  « Les femmes n’ont pas 20 générations d’entrepreneuriat, note Ruth Vachon, qui dit porter à bout de bras cette cause depuis sept ans. On doit donc apporter une mesure à la portée de toutes. »

Une telle façon de faire pourrait-elle être considérée comme du favoritisme ? « Ce mot sort souvent, répond Ruth Vachon. Mais c’est une reconnaissance de la situation. Je ne nous présente jamais en victimes. Un tel programme amène la diversité, l’innovation et la croissance. »

L’exemple américain 

Aux États-Unis, un programme similaire existe déjà. « Le 5 % est implanté là-bas, soutient Ruth Vachon. C’est un programme de diversification des fournisseurs qui inclut les entreprises dirigées par des femmes, des autochtones, des membres de la communauté LGBTQ, des vétérans… Mais il n’est pas transposé au Canada. Et ce n’est pas facile pour des organisations américaines d’amener ça dans une autre langue. Fort heureusement, les gens ici commencent à réaliser l’impact économique que ça peut avoir. »

Le RFAQ souhaite une mobilisation par le privé, pour entamer le processus au Québec. « De nos leaders, comme Agropur, Desjardins, Pharmacies Jean Coutu et autres Pratt & Whitney, énumère Ruth Vachon. On ne veut pas nécessairement qu’elles soient les grands donneurs d’ordres, mais les grands influenceurs. Il est urgent que le secteur privé prenne les devants pour faire progresser notre économie, car la probabilité que nos gouvernements adoptent des mesures spéciales à court terme est peu élevée. Il faut modifier les pratiques d’affaires actuelles. En aidant les femmes, à la mesure de leurs capacités, ça rendra le monde plus riche chez nous. »

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