Quincaillerie Richelieu au seuil de son premier milliard

Mener une entreprise, c’est avant tout une affaire de stratégies. Chaque vendredi, des dirigeants révèlent quelques éléments de leur plan d’action et de leur vision.

Année historique chez Quincaillerie Richelieu, l’entreprise montréalaise spécialisée en approvisionnement et en distribution d’articles de quincaillerie d’ameublement et de décoration pour les espaces résidentiels ou commerciaux.

Car en plus de célébrer son 50e anniversaire en affaires et le 25e anniversaire de ses actions en Bourse, Richelieu s’apprête à franchir cette année le seuil du premier milliard de dollars en chiffre d’affaires.

« C’est une étape importante dont nous sommes très fiers chez Richelieu. Parmi les dirigeants, les employés et les actionnaires de longue date, mais aussi parmi nos principaux partenaires d’affaires que sont les fournisseurs et les clients les plus fidèles au fil des ans », commente son président et chef de la direction, Richard Lord, en entrevue avec La Presse Affaires.

En fait, Richelieu n’en est pas encore officiellement au milliard de revenus. Mais c’est presque chose faite du point de vue des analystes qui l’ont à l’œil, en continuité d’un taux de croissance annualisée de 9 % à 15 % depuis cinq ans.

Pour son exercice 2018, qui se terminera en novembre, les analystes prévoient des revenus autour de 1,03 milliard, en hausse de 9 % environ par rapport aux 942 millions comptabilisés en 2017. Cette croissance est attendue en conséquence de récentes acquisitions de distributeurs spécialisés d’envergure régionale au Canada et aux États-Unis, dont Weston Premium Woods en Ontario et Cabinet and Top Supplies en Floride.

Mais aussi en conséquence d’un marché de la construction, de la rénovation et de la décoration en espaces résidentiels ou commerciaux encore vigoureux en Amérique du Nord. Et dont Richelieu profite avec sa clientèle bien établie de manufacturiers de meubles et d’armoires (85 % de ses ventes), ainsi que sa clientèle croissante de gros détaillants comme Lowe’s/Rona, Home Hardware, BMR, et même Costco pour certains produits spécifiques.

Priorités

Dans ce contexte, où en sont les priorités du plan d’affaires de Richelieu ?

D’emblée, Richard Lord répond qu’après 30 ans à la présidence, « ma première priorité demeure de veiller à la pérennité et à l’amélioration continue de nos principaux systèmes d’affaires, ainsi qu’au développement des meilleurs talents parmi nos employés. Ce sont des éléments essentiels du modèle d’affaires chez Richelieu afin de continuer de progresser, avec nos clients et nos fournisseurs, vers notre deuxième milliard de chiffre d’affaires ».

Quant aux principaux vecteurs de croissance, le président de Richelieu les prévoit encore bien partagés entre la croissance organique – provenant des actifs et de la clientèle établis – et la croissance par acquisitions ciblées, dont l’entreprise a déjà une bonne expérience au fil des ans.

« C’est dans notre culture d’entreprise d’être toujours à l’affût de produits innovants ou d’entreprises émergentes et performantes dans notre secteur qui peuvent ajouter de la valeur complémentaire à nos activités existantes. »

— Richard Lord, président et chef de la direction de Quincaillerie Richelieu

« C’est sûr qu’on peut rêver parfois à une grande acquisition qui transformerait Richelieu, d’autant que nous en aurions les moyens grâce à notre bilan presque sans dettes [2,4 millions de dettes contre 531 millions d’actifs au 28 février 2018] et à notre capacité de lever de nouveaux capitaux », explique Richard Lord.

« Mais nous savons aussi que, dans notre secteur d’activité en Amérique du Nord, il y a peu d’opportunités de cette ampleur qui pourraient correspondre à nos critères de qualité et de performance d’affaires. »

Acquisitions

En matière d’acquisitions, le président de Richelieu s’attend à la continuité d’une cadence de deux ou trois projets par an, d’une valeur de 5 à 15 millions.

Géographiquement, les régions d’expansion les plus recherchées se situent dans le nord-ouest et le centre-sud des États-Unis. Elles s’ajouteraient à la bonne couverture de marchés développés ou acquis par Richelieu dans les États de l’Est, jusqu’en Floride.

Quant au marché canadien, où Richelieu bénéficie d’une présence nationale et dont elle obtient les deux tiers de ses revenus, Richard Lord fait état d’ambitions de croissance axées davantage vers les gains de parts de marché et l’ajout de produits ou de procédés innovants afin de « continuer à se démarquer » dans le marché.

Par exemple, Richelieu vient d’investir quelques millions de dollars dans l’installation d’un premier système robotisé de manutention de petits produits et de préparation des commandes des clients à son centre de distribution principal, qui est adjacent à son siège social situé à Montréal, dans l’arrondissement de Saint-Laurent.

Avec cet investissement en haute technologie de distribution, Richelieu a pu tripler sa capacité de préparation des commandes à partir de la même superficie d’entrepôt et du même effectif qu’auparavant.

QUINCAILLERIE RICHELIEU EN CHIFFRES

RCH (Bourse de Toronto)

Activités : distributeur en quincaillerie d’ameublement et décoration (80 000 clients manufacturiers ou détaillants, desservis par 70 entrepôts régionaux au Canada et aux États-Unis)

Siège social : Montréal 

Effectif : 2100 employés

Revenus (4 derniers trimestres) : 968,6 millions (+ 13 % sur un an)

Bénéfice net (4 derniers trimestres) : 68,4 millions (+ 7 % sur un an)

Capitalisation boursière (au 20 juin) : 1,74 milliard 

Sources : Thomson Reuters, Bourse de Toronto, Quincaillerie Richelieu

FORCES

• Modèle d’affaires éprouvé et performant dans un marché nord-américain fragmenté, très concurrentiel et cyclique

• Bilan financier avantageux pour investir, au besoin, en acquisitions de croissance ou en innovations de gestion

• Actionnariat stable et diversifié, mieux aligné avec les objectifs d’affaires à moyen et à long terme

FAIBLESSES

• L’entreprise est soumise aux cycles du marché de la construction et de la rénovation d’espaces résidentiels ou commerciaux.

• Les cycles saisonniers font pression sur les marges bénéficiaires, selon les régions ou les catégories de clients.

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