COVID-19

entre choc et soulagement

La décision du gouvernement Legault en rassure certains et en inquiète d’autres : les commerces de proximité, les écoles et les garderies de la grande région de Montréal devront attendre au moins jusqu’au 25 mai avant d’ouvrir leurs portes. La situation n'est toujours pas maîtrisée sur le territoire, où sont survenus 119 des 121 nouveaux décès à l'échelle du Québec. « La santé publique doit primer en tout temps », corrobore la mairesse Valérie Plante, qui a annoncé une aide d’urgence aux entreprises.

« La santé publique doit primer »

Valérie Plante appuie le report du déconfinement dans le Grand Montréal

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, approuve sans réserve la décision du gouvernement Legault de reporter d’une autre semaine la réouverture des commerces de proximité dans le Grand Montréal, parce que la situation n’y est pas maîtrisée.

La COVID-19 a fait 121 nouvelles victimes au cours des 24 dernières heures au Québec, dont 119 dans la grande région de Montréal.

« La santé publique doit primer en tout temps », a-t-elle dit, en conférence de presse, annonçant une aide d’urgence de 5 millions destinée aux commerces et aux entreprises.

Cette décision ne fait toutefois pas l’affaire des commerçants pour qui chaque semaine de fermeture de plus aggrave leur situation.

« On comprend la décision de la Santé publique, déclare Stéphane Drouin, directeur général du Conseil québécois du commerce de détail, en entrevue. Mais, d’un autre côté, les commerçants sont dans une période difficile qui est en train de devenir critique pour certains. » 

« La prolongation de la fermeture va certainement empirer la situation. Il faut plus d’aide des gouvernements. »

— Stéphane Drouin

« C’est certain qu’en tant que marchand, ça me fait de la peine parce qu’on se préparait pour ça », ajoute François Roberge, président de La Vie en rose, qui s’apprêtait à ouvrir 14 magasins le 18 mai dans le Grand Montréal. « Mais en tant que citoyen, je peux comprendre, parce que je ne pense pas qu’on soit prêts. »

De son côté, le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), Michel Leblanc, accueille ce nouveau report « avec résignation ».

« C’est une immense déception. Je ne vais pas contester la décision des autorités sanitaires. Mais, attention, parce que le choc psychologique est énorme. C’est du monde qui a risqué toute sa vie dans son projet et qui essaie de garder le moral depuis des mois. Il y a une impression d’injustice qui s’installe chez les petits commerçants de Montréal. »

« Montréal, c’est fragile »

Le premier ministre François Legault a annoncé jeudi, en point de presse, que la grande région de Montréal devrait attendre au moins jusqu’au 25 mai avant d’entamer son déconfinement.

L’ouverture des commerces non essentiels de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), qui avait déjà été reportée une première fois lundi, vient ainsi d’être retardée d’une semaine supplémentaire. D’abord annoncée pour le 11 mai, puis repoussée au 18 mai, cette étape est maintenant fixée au 25 mai.

La réouverture des écoles et des garderies, dont la date avait été d’abord été maintenue au 19 mai, lundi, vient aussi d’être reportée au 25 mai.

La contagion n’est pas encore considérée comme maîtrisée et les hôpitaux n’ont pas le personnel de santé nécessaire pour prendre en charge les lits disponibles, a expliqué M. Legault.

Un nouveau report n’est d’ailleurs pas exclu à Montréal, a laissé entendre le premier ministre Legault. Cette date du 25 mai sera maintenue « si, et seulement si, la situation s’améliore, entre autres, du côté du personnel d’ici le 25 mai », a-t-il souligné.

« Montréal, c’est fragile, le reste du Québec, c’est le paradis. C’est carrément ça, c’est deux mondes complètement différents », a déclaré pour sa part le directeur national de santé publique, le Dr Horacio Arruda. Outre les problèmes en CHSLD, plusieurs facteurs expliquent la situation montréalaise, selon lui. « Il y a plus de gens, plus de densité, plus de pauvreté, plus de tout. Et à cause de ce tout, il y a plus de cas aussi. »

Triste bilan

Les difficultés du Grand Montréal se reflètent d’ailleurs dans le triste bilan du jour. Sur les 121 nouveaux décès enregistrés dans la province depuis la veille, 104 se sont produits à Montréal, 6 à Laval, 5 dans les Laurentides, 2 dans Lanaudière et 2 en Montérégie, a détaillé M. Legault.

« Donc au total, si vous prenez la grande région de Montréal, ce sont 119 décès sur 121. »

Les deux derniers décès se sont produits en Mauricie, alors que les autres régions n’en ont aucun, a poursuivi le premier ministre. « C’est pourquoi nous ouvrons le reste du Québec, mais nous gardons le Grand Montréal fermé. »

En tout, 2631 Québécois ont succombé à la COVID-19 jusqu’ici, dont 2252 dans le Grand Montréal.

Sur les 911 nouveaux cas confirmés dans les dernières 24 heures, 789 sont aussi sur le territoire de la CMM. Le nombre total de cas confirmés atteint 35 238 au Québec. On dénombre 1836 patients hospitalisés, dont 224 aux soins intensifs.

Plus de tests

La mairesse Valérie Plante attend avec impatience l’augmentation du nombre de tests de dépistage promis par le gouvernement et espère que la date du 25 mai pour le début du déconfinement sera la bonne.

Québec entend toujours faire passer de 6000 à 14 000 par jour le nombre de tests pour avoir « une meilleure de la transmission communautaire », mais l’augmentation est plutôt faible jusqu’ici. Le directeur national de santé publique a admis jeudi qu’on n’y arriverait « peut-être pas » en raison d’un manque de personnel, particulièrement à Montréal.

Selon Mme Plante, l’augmentation du nombre de tests est « nécessaire pour bien cibler les interventions ».

« Donc, plus il y en aura, mieux ce sera. On a absolument besoin d’avoir plus de tests pour mieux comprendre la situation et agir de façon ciblée. »

Locaux vacants

En attendant, la mairesse a fait savoir qu’il n’était pas question d’imposer une taxe à la vacance aux propriétaires d’immeubles commerciaux inoccupés, comme le recommande la Commission sur le développement économique et urbain de la Ville de Montréal qui a déposé son rapport jeudi.

« Pour moi, une taxe, ce n’est pas du tout une bonne idée. Dans l’immédiat, ce n’est pas une recommandation que nous allons privilégier. »

— Valérie Plante, mairesse de Montréal

L’opposition officielle à l’hôtel de ville de Montréal est aussi en désaccord avec cette recommandation, tout comme la CCMM. Les trois conseillers d’Ensemble Montréal, qui étaient membres de la commission, estiment qu’il est inacceptable d’augmenter le fardeau fiscal des propriétaires d’immeubles commerciaux, « qui comptent déjà parmi les plus taxés au pays ».

Rappelons que cette commission, présidée par le conseiller Richard Ryan, avait été chargée par la Ville, l’automne dernier, de se pencher sur la problématique des locaux commerciaux inoccupés sur les artères montréalaises et de proposer des pistes de solutions.

Les audiences publiques ont été tenues au début de l’hiver, avant la pandémie de coronavirus qui n’a fait que noircir le tableau. Selon le maire du Plateau-Mont-Royal, Luc Rabouin, la crise de la COVID-19 pourrait faire grimper le taux d’inoccupation des locaux commerciaux à 50 % sur certaines artères montréalaises.

« Personne ne peut prédire ce qui va arriver, mais c’est sûr que le défi est plus grand maintenant qu’au moment où la commission a fait son étude », a-t-il fait savoir.

« Le rapport de la commission est clair : le taux de vacance avant même l’impact de la crise actuelle était de deux à trois fois supérieur au taux jugé acceptable », a ajouté la Mme Plante qui promet de s’attaquer au problème.

Afin de contrer le fléau des locaux vacants, la commission recommande notamment d’exercer un plus grand contrôle des baux commerciaux pour mieux protéger les locataires des hausses de loyer abusives ; de créer un registre centralisé des locaux vacants ; de réduire l’écart de fardeau fiscal entre les immeubles résidentiels et non résidentiels ; enfin, de soutenir le développement de stratégies numériques des commerces ayant pignon sur rue.

Report de l’ouverture des écoles

Le soulagement des uns, le désespoir des autres

L’annonce du report de l’ouverture des écoles dans la grande région de Montréal a soulagé les enseignants, les directions d’école et des parents, mais d’autres sont fatigués de ne plus savoir à quoi s’en tenir et rêvent de retrouver un semblant de normalité.

Le déconfinement commence lentement dans la province, mais pour Roxanne Rivest, l’annonce que les écoles de la grande région de Montréal resteront fermées une semaine de plus a été la nouvelle de trop dans un printemps maussade.

« Pour moi, c’est un retour en arrière. On sentait que ça commençait à aller bien… c’est la goutte de trop », dit la mère de deux filles qui fréquentent une école primaire de Brossard. « Mes filles ont besoin d’aller à l’école. Elles ne sont pas des premières de classe, mais je n’arrive pas à leur faire faire des devoirs. Je veux qu’elles aillent à l’école, pour voir leur prof et leurs amis », dit Roxanne Rivest.

Jeudi, la femme encaissait difficilement le choc. « Je ne fais que pleurer », dit-elle. Elle comprend que des familles craignent d’envoyer leurs enfants à l’école et ne conteste pas leur choix de les garder à la maison, mais ne voit pas en quoi une semaine de plus ferait une grande différence pour la suite des choses. Qui plus est, dit-elle, la contagion est moindre en Montérégie qu’à Montréal.

Enseignante à Montréal, Éloïse Fournier a au contraire été soulagée en entendant le premier ministre reporter l’ouverture des écoles. Elle estime que la préparation pour le retour en classe n’en sera que meilleure.

« Ça nous donne une semaine supplémentaire, c’est rassurant. On verra où on sera rendus dans les chiffres à Montréal. »

— Éloïse Fournier

Elle souhaite notamment que ce nouveau délai permette aux commissions et aux centres de services scolaires d’acquérir le matériel de protection nécessaire contre la COVID-19. « Ce n’est pas parce qu’on ne veut pas retourner travailler, mais protégez-nous comme il faut », demande Éloïse Fournier.

C’est aussi l’avis de l’Alliance des professeures et des professeurs de Montréal. « On savait que ça ne serait pas prêt et sécuritaire le 19 mai. On n’y a jamais cru. Plus ça avançait, plus on se disait que ce serait une rentrée non adéquate au niveau des mesures sanitaires », dit sa présidente, Catherine Beauvais St-Pierre. La pénurie de personnel à Montréal rend la tâche autrement ardue, précise-t-elle.

Même bref, un retour souhaité

La fatigue de certains parents commence à se faire sentir, a témoigné à La Presse un gestionnaire dans une grande entreprise qui a demandé de ne pas être nommé.

« La quasi-totalité des jeunes parents qui me parlent sont épuisés de devoir travailler de la maison tout en gérant les enfants. Plusieurs sont exaspérés, épuisés, à bout de nerfs, etc. La situation mentale de plusieurs me semble très préoccupante », écrit-il.

Peu importe s’il ne reste que quelques jours de classe avant la fin de l’année scolaire, les écoles doivent rouvrir, dit le président du Comité de parents de la Commission scolaire de Montréal.

« Il y a un bon nombre de familles pour lesquelles le retour à l’école va être une très bonne chose », dit Marc-Étienne Deslauriers. 

« Je pense aux enfants qui auront envie de se revoir. Ils ne pourront pas se toucher ni se faire de câlins, mais au moins, ils vont pouvoir revoir leurs amis. Ça a une grande valeur. »

— Marc-Étienne Deslauriers

« On le sait que pour les parents et les enseignants, boucler la boucle, c’est important, dit la présidente de l’Alliance des professeures, Catherine Beauvais St-Pierre. Est-ce que ça implique de retourner à l’école ? Pas nécessairement. Plus le temps avance, moins ça vaut la peine sur le plan pédagogique. »

En attendant, bien des parents de la région de Montréal suivent l’évolution de la pandémie au quotidien en se demandant s’ils enverront ou non leur enfant à l’école. Les courriels qu’ils reçoivent des écoles et que La Presse a consultés ont de quoi semer le doute dans leur esprit. Certains sont avisés que le retour se fera dans un « contexte contraignant », d’autres se font dire que leurs enfants peuvent « très bien » rester à la maison, tandis que des enseignants se questionnent ouvertement sur l’opportunité de rouvrir les écoles.

Une école primaire de Montréal a même envoyé un document qui ne contient pas moins de 137 questions que pourraient se poser les parents !

« Les communications sont à géométrie variable. Chaque école a ses façons de faire et ça donne des résultats variables », observe le président du Comité de parents de la CSDM, Marc-Étienne Deslauriers.

À Brossard, le choix de Roxanne Rivest est fait, mais elle ne croit plus trop à une rentrée d’ici la fin de l’année scolaire. Elle craint que ses filles ne retournent à l’école qu’en septembre. Le virus sera encore présent, note-t-elle. « Il faut recommencer à vivre », dit la mère.

COVID-19

Arruda s’en prend aux « gérants d’estrade »

Québec fait volte-face concernant les consignes aux grands-parents

Québec se défend d’improviser quant à son plan de déconfinement, au lendemain de vives critiques de la part de la conseillère scientifique de Justin Trudeau. Le Dr Horacio Arruda en a profité pour dénoncer les « gérants d’estrade » et annoncer une volte-face concernant les grands-parents, qui pourront garder leurs petits-enfants sous certaines conditions.

Le Dr Arruda a répondu avec verve en point de presse, jeudi, à des critiques de Mona Nemer, conseillère scientifique en chef du premier ministre du Canada. Dans un entretien à Radio-Canada, celle-ci avait dénoncé la « mauvaise planification » dans la stratégie de dépistage de Québec.

« Écoutez, je ne répondrai pas à madame, compte tenu que je considère que je n’ai pas à rendre de comptes à cette dame, mais à la population du Québec, ça, oui, puis à mes autorités », a lancé le Dr Arruda, visiblement agacé.

Dans des échanges avec La Presse, la Dre Nemer a précisé ses propos.

« Je ne critique pas la stratégie québécoise, d’abord parce que je ne l’ai jamais vue, est-ce qu’elle est publique ? […] Seulement, j’essayais de comprendre où se trouve le problème qui expliquerait la différence entre le nombre de tests visés et le nombre de tests réalisés sur le terrain », a-t-elle affirmé.

Le premier ministre du Québec a tenu lui aussi à défendre les efforts de dépistage de son gouvernement. « Jusqu’à ce jour, au Québec, on a fait 37 000 tests par million d’habitants », a détaillé François Legault.

« Si vous prenez des comparaisons, en Ontario, ils ont fait 25 000 tests par million d’habitants, aux États-Unis, 24 000 tests, au Royaume-Uni, 21 000 tests, en France, 17 000 tests par million d’habitants », a-t-il énuméré.

Vent de critiques

« Je me serais attendue à voir un plan, mais je n’ai jamais vu de plan. Et pourtant, je l’ai demandé plusieurs fois », a soutenu Mme Nemer à Radio-Canada. À La Presse, la Dre Nemer a précisé n’avoir jamais été en contact avec le Dr Arruda, mais avec le scientifique en chef du Québec, Rémi Quirion.

Les critiques de Mona Nemer rejoignent celles de nombreux experts au cours des derniers jours. Benoît Mâsse, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, avait aussi dit attendre un plan du gouvernement Legault concernant le dépistage.

« J’avais dit la même chose le 30 avril. Une semaine plus tard, la Dre Nemer arrive à la même conclusion, ou pour être plus exact, à la même frustration. »

— Benoît Mâsse

« La stratégie de dépistage annoncée a du sens, mais apparemment, les moyens ne sont pas au rendez-vous », estime quant à elle Nimâ Machouf, épidémiologiste rattachée à l’Université de Montréal, qui parle d’« annonces un peu trop précipitées » de la part du gouvernement.

« Tous les matins, on se demande combien on a de réactifs et d’écouvillons. Des fois on se dit : OK, là on est correct pour quatre jours. Mais tout rentre au goutte-à-goutte. C’est l’enfer, on n’est pas du tout souverains dans nos affaires », a témoigné une personne du milieu de la santé à Montréal impliquée dans les tests qui n’a pas voulu être nommée.

Québec visait 14 000 tests quotidiens d’ici la fin de la semaine. Le Dr Arruda a assuré que plus de 10 000 sont désormais réalisés quotidiennement. Il pense que le chiffre sera de 12 000 vendredi.

Par ailleurs, Québec reconnaît qu’un logiciel qui devait accélérer les enquêtes épidémiologiques tarde à être mis en place. La plateforme Akinox est au cœur de la stratégie de retraçage du gouvernement.

« Notre logiciel qui devait rentrer il y a trois semaines va rentrer seulement la semaine prochaine », a annoncé le Dr Arruda.

Une annonce qui, encore une fois, inquiète Benoît Mâsse.

« Les méthodes pour tester, tracer et isoler doivent être bien en place et rodées avant de déconfiner. On ne veut pas donner une longueur d’avance au virus », dit-il.

Volte-face

Au sujet du changement de cap concernant le contact entre les grands-parents et leurs petits-enfants, Horacio Arruda a martelé qu’il ne fallait pas y voir de signe d’improvisation et en a profité pour dénoncer les « gérants d’estrade ».

« La position, elle va évoluer, comme dans une semaine ou deux, ça se peut qu’elle évolue », s’est défendu jeudi le directeur national de santé publique du Québec en conférence de presse.

Fin avril, le gouvernement a affirmé que les plus de 60 ans ne devaient pas « prendre leurs petits-enfants » dans leurs bras. Cette semaine, les autorités ont annoncé que les Québécois de 60 à 69 ans pourraient retourner au travail. Il y avait une apparente contradiction.

Mais jeudi, le gouvernement a modifié sa consigne pour les grands-parents de moins de 70 ans. « Je peux annoncer aux grands-parents qu’ils pourront garder leurs petits-enfants sous certaines conditions. Mais il faut éviter, bien entendu, les grandes accolades », a dit Horacio Arruda.

Comment expliquer cette volte-face ? La question a piqué le directeur national de santé publique. « Vous pouvez nous demander d’être parfaits puis d’avoir la vérité, mais je serais incapable de vous la dire », a-t-il lancé.

« Je vous le dis, des gérants d’estrade, des personnes qui disent que c’est ça qui devrait être fait, il y en a plein. C’est normal, puis ça fait partie de la nature, mais méfiez-vous des gens qui ont la vérité. »

— Le Dr Horacio Arruda

Québec doit préciser dans les prochains jours sa recommandation sur les grands-parents qui gardent. Mais on en connaît déjà les grandes lignes.

Ceux-ci devront avoir moins de 70 ans. Ils devront porter un masque « pour certains types de procédures ». Les enfants devront ne pas encore avoir fréquenté l’école ou la garderie, pour réduire les risques d’infection.

Le Dr Arruda a aussi laissé entendre que seuls les enfants de travailleurs essentiels pourraient être gardés par leurs grands-parents. Une vidéo est en train d’être produite pour expliquer les consignes, a précisé le Dr Arruda.

Pour soutenir la décision de renvoyer au travail les 60 à 69 ans, les autorités ont rappelé que seuls 6,5 % des 2631 Québécois morts de la COVID-19 étaient dans cette tranche d’âge, contre 17,4 % chez les 70 à 79 ans, 40,1 % chez les 80 à 89 ans et 33,5 % chez les 90 ans et plus.

COVID-19

Québec compte renouveler le contrat du Dr Arruda

Le directeur national de santé publique a « toute la confiance » du gouvernement

QUÉBEC — Il est au front depuis des semaines dans la bataille contre la COVID-19 et tout indique qu’il n’est pas près de quitter le combat.

Le gouvernement de François Legault a l’intention de renouveler le contrat du Dr Horacio Arruda, lequel arrivera à échéance le 31 juillet. Le premier ministre assure avoir encore pleine confiance en son directeur national de santé publique.

« Le Dr Arruda a toute notre confiance et celle des Québécois. Nous avons l’intention de renouveler son mandat comme directeur national de santé publique du Québec », a confirmé l’attaché de presse du premier ministre, Ewan Sauves, dans un courriel à La Presse.

Le Dr Arruda est en poste depuis 2012. Son contrat a été renouvelé le 1er août 2017.

Il avait alors été précisé que « dans le cas où le premier ministre [aurait] l’intention de recommander au gouvernement le renouvellement de son mandat à titre de sous-ministre adjoint au ministère, il l’en avisera[it] au plus tard six mois avant l’échéance du présent mandat ».

Or, selon nos informations, le Dr Arruda n’a toujours pas reçu d’avis l’informant qu’il serait renouvelé. Mais une source au gouvernement assure qu’il est courant de ne pas procéder à ce type de recommandations même si elles sont prévues aux contrats. « Il ne faut rien y voir », nous assure-t-on.

Conseil des ministres

Le renouvellement doit être approuvé par le Conseil des ministres. Le Dr Arruda occupe les fonctions de sous-ministre adjoint. Son rôle est de « conseiller et assister le ministre et le sous-ministre dans l’exercice de leurs responsabilités en santé publique ».

Le premier ministre François Legault a réaffirmé récemment l’indépendance du Dr Arruda, dans le contexte où le Québec entame un déconfinement plus rapide qu’ailleurs au Canada. Cette stratégie a essuyé des critiques ici et dans les autres provinces.

« Je veux aussi rassurer certaines personnes sur l’indépendance du Dr Arruda puis de la Santé publique. Moi, je dirais même : c’est le contraire. Moi, je me trouve très docile par rapport au Dr Arruda. Je l’écoute comme si c’était ma mère », a juré François Legault le 30 avril dernier.

« Donc, je veux juste vous rassurer, je n’ai pas d’influence indue sur le Dr Arruda. Je l’écoute, je suis docile. »

Un ancien sous-ministre à la Santé contacté par La Presse assure que le directeur national de santé publique a les coudées franches. « C’est un rôle qui jouit d’une indépendance très forte. Ça, pour moi, ç’a tout le temps été très clair », a avancé cet ancien haut fonctionnaire.

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