Musique

Le chanteur lyrique Joseph Rouleau s’est éteint

Le chanteur lyrique Joseph Rouleau, originaire de Matane, s’est éteint hier à Montréal, à l’âge de 90 ans. Connu pour sa voix de basse, il avait fait ses débuts à l’Opéra national du Québec en 1955 avant de se faire offrir un contrat à la Royal Opera House de Londres, où il a joué 48 rôles principaux pendant une trentaine d’années. Il a chanté avec les plus grands du monde de l’opéra : Luciano Pavarotti, Maria Callas ou encore Joan Sutherland. En 2004, il a reçu le grade de grand officier de l’Ordre national du Québec de même que le Prix du Gouverneur général du Canada pour les arts du spectacle. L’Université McGill comme l’Université du Québec à Rimouski lui ont décerné un doctorat honorifique. — Thomas Dufour, La Presse

Fantasia

Edward R. Pressman et son fantôme

Fantasia honorera ce soir le producteur Edward R. Pressman en présentant une version restaurée de Phantom of the Paradise de Brian De Palma et en lui remettant un prix honorifique pour l’ensemble de sa carrière. Demain, M. Pressman donnera une classe de maître à l’Université Concordia. La Presse s’est entretenue avec lui et son fils Sam.

Qu’est-ce qui unit les films Wall Street : Money Never Sleeps d’Oliver Stone, Bad Lieutenant d’Abel Ferrara, American Psycho de Mary Harron, The Crow d’Alex Proyas et le controversé The Island of Dr. Moreau de John Frankenheimer ?

Bien sûr, vous aurez compris qu’ils ont tous le même producteur, en l’occurrence Edward R. Pressman. New-Yorkais pur jus, M. Pressman met, depuis plus de 45 ans, sa griffe sur le cinéma hollywoodien et a lancé quelques carrières. Selon la banque de données IMDb, on lui doit plus de 90 productions.

C’est justement il y a 45 ans, en 1974, que M. Pressman a produit Phantom of the Paradise, opéra rock réalisé par Brian De Palma dans lequel Swan (Paul Williams), un producteur véreux, profite de la naïveté de Winslow (William Finley) pour lancer sa salle de spectacle et encaisser d’énormes profits.

Cette dénonciation grinçante de l’industrie du spectacle en cache une autre : celle des studios de cinéma. Parce qu’après avoir travaillé avec un autre studio, De Palma s’est associé avec M. Pressman pour tourner deux films : Sisters et Phantom.

« Phantom est l’expression de la frustration de Brian envers le système des studios. Mais il l’a transposé dans le monde musical », dit en entrevue Sam Pressman, le fils d’Edward qui, au moment de notre entretien, faisait un court séjour à l’hôpital (chacun nous a parlé à tour de rôle au téléphone). 

« Nous sommes ravis de voir la renaissance qui entoure ce film. Il aurait pu tomber dans l’oubli, mais ce n’est pas du tout le cas. »

— Sam Pressman

Juste auparavant, Edward Pressman, 76 ans, a raconté à La Presse qu’il caressait toujours le projet de monter Phantom of the Paradise sur scène et de faire une captation de ce spectacle. « On aime ça, boucler la boucle », dit-il.

Remakes

Au sein de leur maison de production, Pressman Films, Edward et Sam ont d’autres projets de nouvelles versions sur leur planche à dessin, dont une version coréenne de Sisters, une autre de The Crow et une minisérie pour la télévision de L’île du DMoreau avec nul autre que Richard Stanley, le réalisateur original éjecté, après quelques jours de travail, du tournage de ce film de 1996.

Si les projets ne manquent pas, c’est parce qu’Edward Pressman croit toujours en la beauté et le pouvoir du cinéma en salle.

« Nous vivons une période charnière du cinéma avec des transformations radicales, dit-il. Il y a toute cette peur autour des entreprises de diffusion en continu. On craint qu’elles s’approprient l’entièreté de l’industrie. Je ne pense pas que ça va arriver. L’expérience de s’asseoir dans une salle de cinéma et de s’abandonner pendant 90 minutes va demeurer. Comme les romans, le cinéma est un facteur important de la culture populaire. »

Pourquoi n’avoir jamais réalisé ou écrit des scénarios ? « Parce que je suis un meilleur producteur », lance M. Pressman. « J’ai toujours entendu mon père dire qu’il aime travailler avec les réalisateurs, ajoute son fils Sam. Il aime partager des idées et permettre aux réalisateurs de faire aboutir leurs projets. »

Fan de Montréal 

En 2006-2007, La Presse a rapporté qu’Edward Pressman avait les yeux rivés sur le Québec, où il souhaitait tourner une douzaine de films en cinq ans. Des discussions avaient eu lieu avec le Fonds de solidarité de la FTQ. Puis, la crise financière des papiers commerciaux est survenue. 

« Nous sommes passés très proche d’une entente. C’était un projet extraordinaire, se souvient Sam Pressman. Il reste que mon père adore Montréal. C’est un grand fan de votre ville. »

Projection de Phantom of the Paradise, ce soir, à 19 h au Cinéma Impérial en présence d’Edward R. Pressman et de Paul Williams

Conversation avec le producteur Edward R. Pressman, demain, à 17 h à l’amphithéâtre York de l’Université Concordia

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