Courrier

« La retraite écarlate »

Vous avez été nombreux à commenter le texte de Jean-François Chicoine sur la retraite, publié hier. 

Salve d'honneur

Mon cher Jean-François, ta lettre de protestation est la dernière salve d’honneur d’un vieux grognon qui, comme ceux des champs de bataille de Napoléon, va mourir bientôt. C’est maintenant ton tour, il faut céder la place aux enfants.

— André Lemieux, Laval

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« La retraite écarlate »

Vous avez été nombreux à commenter le texte de Jean-François Chicoine sur la retraite, publié hier. 

Un mot à oublier

La retraite est une invention de nos sociétés pour fournir des postes à combler pour les jeunes. En plus, nos élus savent depuis fort longtemps que les baby-boomers sont plus nombreux que les générations qui ont suivi. Je crois qu’il est temps qu’on dise à tous de rester actifs professionnellement le plus longtemps possible.

Imaginez le nombre de problèmes que l’on réglerait si on faisait disparaître la retraite de notre vocabulaire et qu’on favorisait la notion d’indépendance financière.  De combien de personnes compétentes dans leur champ d’expertise se sont privés les employeurs en leur montrant la porte si tôt dans leur vie ?

La pénurie de main-d’œuvre que subissent plusieurs secteurs de notre économie sera longue. Ce ne sera pas les immigrants qui vont prendre les postes vacants. Ils ne seront jamais en assez grand nombre. Un changement de paradigme doit arriver pour régler ces problèmes. Gardons nos personnes aptes à travailler au travail. C’est urgent, notre qualité de vie en serait bien meilleure.

— Denis Hélie

S'accomplir autrement

C’est un privilège d’exercer un métier valorisant qui vous fait par exemple entrevoir avec bonheur la fin des vacances, mais ce n’est certainement pas le lot de la majorité. Pour ma part, j’ai pratiqué un métier technique, je crois de façon compétente, mais dans un environnement pas très valorisant. Bien rémunéré pour assurer un certain confort financier à ma famille, dès que j’ai atteint l’âge de me retirer sans pénalité, je n’ai pas hésité. Après 33 ans de service, à l’âge de 53 ans, ce qui est tôt, j’en conviens.

Mais ça m’a donné la chance de m’accomplir dans autre chose, d’avoir du temps pour aider mes proches, de prendre ma santé en main. J’ai commencé la course à pied et j’en serai à mon septième marathon cet automne, à 59 ans (mon épouse et mes deux gars ont le même souci d’être en forme, on ne coûte pas cher au système de santé !). Je suis privilégié et j’en suis conscient, mais je ne regrette pas une seconde de m’être retiré. Il n’y a pas que le travail pour se sentir utile et s’accomplir. 

— Pierre Bourbeau

L'âge du bénévolat

La retraite n’est pas synonyme de repos. On n’arrête pas de vivre parce que l’on est à la retraite. On choisit par contre de donner aux autres au lieu de continuer à travailler pour soi-même. C’est le temps idéal pour mettre toute notre énergie au profit de la communauté (au lieu de notre profit personnel) et offrir nos talents comme bénévole. On laisse nos postes bien rémunérés aux plus jeunes et on donne notre temps pour le bien des autres… pour moi, c’est ça, une belle retraite.

— Céline Séguin, retraitée depuis 2016

Retour en formation

Je suis de tout cœur avec vous. Alors que tous mes amis prennent leur retraite « Liberté 55 », je suis retournée en formation ! Mon nouvel employeur m’a demandé gentiment ce que j’entrevoyais pour l’avenir. Je lui ai répondu que je ne voyais pas le jour où j’arrêterai…

— Chantal Fournier

Échapper au collimateur

Je venais à peine d’entamer ma cinquantaine et j’avais entrepris de terminer un baccalauréat dans ma propre discipline de travail. Je me suis fait traiter de folle. Et pourtant, cela m’a permis d’accéder à un poste que j’adore. À ce jour, je me fais questionner régulièrement sur l’heure de mon départ à la retraite. Pourtant ma santé est excellente et j’adore mon travail. Je viens d’avoir 55 ans. Je ne compte pas partir prochainement. Eh oui, la vie telle qu’elle est conçue par notre société est un terrible collimateur. Peut-on élargir la fenêtre de nos horizons ? Aspirer à poursuivre notre développement en tant qu’individu sans une date de péremption précoce ? Merci pour cette belle chronique, Dr Chicoine. 

— Françoise Belanger

Une ode à la bonne marche de l'économie

Une ode à la glorification du travail rémunéré, qui a besoin de cela ? On juge une personne à son travail, voilà ce qui rend si difficile la retraite ou le chômage qui seraient les plus grands maux de l’humanité après le cancer et la famine. Ce regard obtus sur l’humain est générateur de classes sociales inappropriées, l’humain, s’il a à être jugé, devrait l’être sur la grandeur de sa personne et non strictement sur sa contribution à la bonne marche de l’économie. Vive la retraite. 

— Christian Castonguay

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« La retraite écarlate »

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Il n'y a pas de date de péremption

Merci, M. Chicoine, de dire tout haut ce que plusieurs pensent tout bas. En juillet prochain, j’aurai 64 ans et une belle réserve d’énergie pour continuer à œuvrer dans ma profession. Le mot « retraite » n’a jamais fait partie de mon vocabulaire. Cela dit, je ne juge nullement ceux qui aspirent à ce moment, mais je souhaite sincèrement ne pas être considérée comme un sujet passé date, qui s’entête à rester là.

Je me nourris auprès des générations montantes avec qui je partage mes acquis de sagesse, espérant faire équipe pour continuer à faire grandir mon milieu. Dernièrement, un collègue a annoncé son départ à l’âge de 70 ans. En fait, il partait pour offrir ses connaissances dans un autre milieu. Depuis, il est source d’inspiration pour moi.

Autant nous devons encourager nos jeunes à s’instruire et les soutenir dans leur envol professionnel, autant nous devons prėserver l’expertise et la force tranquille de ceux qui veulent poursuivre leur route professionnelle en mettant à contribution leurs compétences.

[Mercredi], j'ai participé à une soirée organisée en l’honneur de notre directeur général qui prend sa retraite. Il a fait le choix de quitter la vie active au sein de sa profession pour re-traiter sa vie autrement. Je suis convaincue qu’il contribuera encore, mais de façon différente.

Je crois qu’il faut retenir la notion de choix et non une date de péremption. J’aspire à continuer à longer le fleuve tranquille de mon existence en déterminant moi-même mon mode de vie, sans que l’on m’impose le moment de m’asseoir pour attendre la fin, cette fin qui pointera indéniablement le bout du nez quelque part. 

— Judith Côté

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