Derrière la porte

Les secrets d’un couple satisfait

La Presse vous propose chaque dimanche un témoignage qui vise à illustrer ce qui se passe réellement derrière la porte de la chambre à coucher, dans l’intimité, loin, bien loin des statistiques et des normes.

CETTE SEMAINE :  DIANE*, MI-CINQUANTAINE

Diane*, mi-cinquantaine, est avec son conjoint depuis 30 ans. Trente ans de fidélité, et surtout trente ans de satisfaction. Récit d’une vie avec beaucoup de hauts et bien peu de bas, comme on en rencontre et raconte peu.

« Je n’ai pas de souvenir qu’une personne ait révélé une vie sexuelle satisfaisante avec son conjoint de longue date », nous a-t-elle écrit. Mais oui, ça se peut, poursuit-elle de vive voix, rencontrée un midi d’automne, dans l’est de la métropole. « Oui, c’est possible, avoir une vie sexuelle intéressante, tout en étant en couple et fidèle. »

Nous nous dirigeons ensemble vers un café, et elle rit d’avoir osé ainsi nous rencontrer. Son conjoint n’est pas au courant, et elle se trouve ici bien coquine, un peu à la manière d’Alexandre Jardin, compare-t-elle. Elle réfléchit tout haut.

« Après 30 ans, je dirais que ça passe beaucoup par la communication, l’humour, la complicité. »

— Diane, mi-cinquantaine

Pas plus compliqué que ça ? « Non, sourit-elle, c’est pas mal ça. »

On se doute qu’il y a plus. Alors pour en savoir davantage, on la questionne d’abord sur leur rencontre. Elle avait 26 ans, lui 40. Ils se sont croisés en vacances, dans une sorte de retraite, se souvient-elle. « Ça a viré en semaine de rire », sourit-elle toujours. De rire ? « On faisait du taï-chi, mais mon conjoint est un bouffon. Très extraverti, dit-elle. Et le regarder faire du taï-chi, c’était hilarant ! »

Bref, ça n’a pas été un coup de foudre (« pas du tout », dit-elle, rationnelle). « J’étais plus attirée par son charisme », ajoute-t-elle.

Monsieur l’a ensuite invitée à souper. Mais Diane a voulu le faire patienter. Elle a attendu un mois avant de finalement accepter de coucher avec lui. « J’étais fatiguée des relations éphémères, se souvient-elle. On a eu un mois d’abstinence. Je ne voulais pas que ce soit juste ça. »

Et puis ? « Ç’a été correct. Mais ça n’a pas été l’extase tout de suite. La première fois, on est plus réservé, si on veut… », dit-elle, toujours rationnelle.

Puis, rapidement, ils se sont mis à faire des petites folies. Quoi, par exemple ? Monsieur lui demandait de ne pas mettre de petites culottes pour sortir, ils faisaient l’amour dans des endroits inusités, raconte-t-elle. « Moi, j’étais willing, rit-elle. Et ça mettait du piquant. »

Six mois plus tard, Diane est tombée enceinte. Les souvenirs sont flous dans sa mémoire. Mais « après les accouchements, ça n’a pas été long qu’on reprenne du service, se souvient-elle. Je n’avais pas de blocage. Je n’étais pas indisposée à cause des enfants ».

D’ailleurs, ils ont toujours été très ouverts sur leur sexualité, avec leurs enfants, justement.

« Quand les enfants avaient 4, 5, 6, ou 7 ans, on les mettait devant un film et on leur disait : “papa et maman vont faire l’amour, ne nous dérangez pas !” »

— Diane

Ils avaient une grande maison, précise-t-elle. « Pas un quatre et demi ! » Dernièrement, pouffe-t-elle, les enfants leur ont d’ailleurs avoué qu’ils venaient parfois à leur porte les écouter. « Mais ils ne sont jamais entrés ! »

« L’idée venait de mon conjoint, explique-t-elle. Ses parents faisaient ça. » Comme les parents, Diane et son conjoint sont aussi partis en voyage en amoureux rapidement après les enfants. Le bébé devait avoir 8 mois à peine la première fois. « Ç’a été un peu dur pour moi, mais pour mon conjoint, c’était comme ça. Et avec le recul, je trouve qu’il avait raison. »

Au-delà des voyages, le couple s’est aussi toujours payé régulièrement des motels, certains samedis soir (« avec des miroirs aux plafonds »), histoire, toujours, de « mettre du piquant », rit Diane de plus belle.

« Et puis une fois, pendant un party de Noël, on est allés s’enfermer dans des toilettes. »

— Diane

Évidemment, comme tout le monde, le couple a aussi eu des périodes « plus difficiles ». Diane ne s’en cache pas. Les enfants grandissant, les occasions d’intimité se sont faites plus rares, et surtout plus expéditives. Elle se souvient d’avoir exprimé son insatisfaction. Et monsieur, qui est un « boudeur », a boudé. « C’est correct, il est comme ça », justifie-t-elle, avec une tendresse manifeste. Ils ont d’ailleurs consulté à quelques reprises à cette époque.

Elle se souvient d’avoir été frustrée quelque temps – « peut-être un an ? » – puis monsieur est tombé malade, et a dû, pour différentes raisons, dormir seul. Le couple a fait chambre à part, et croyez-le ou non, Diane avoue avoir apprécié. « J’y ai pris goût ! » Pourquoi ? « Parce qu’on pouvait se rejoindre quand ça nous tentait. J’ai trouvé ça le fun ! »

Vers la quarantaine, enchaîne-t-elle rapidement, ils ont ensuite commencé à aller au sex shop, pour s’approvisionner en jouets et en films. « Ça arrivait très, très, très souvent que c’était monsieur qui invitait notre jouet au lit », pouffe-t-elle à nouveau.

D’ailleurs, c’est à cette époque que Diane confie aussi avoir connu son premier « vrai » orgasme. « À 40 ans. Après les enfants ! Avant, je pensais que j’en avais, mais la première fois, j’ai su que ça n’était pas ça ! »

Et de son côté, monsieur, qui aime beaucoup lui donner du plaisir, précise-t-elle, n’a pas caché sa fierté. « Il a été très, très fier. Je pense aussi fier que si j’avais été vierge ! », rit-elle toujours.

Sans qu’on ait à lui poser la question, Diane avance d’elle-même une hypothèse sur le succès de son couple.

« Qu’est-ce qui fait que tu as envie de l’autre ? Il y a les jeux coquins, mais, aussi, le fait qu’on se touche, toute la journée, on se fait des câlins, je ne peux pas passer à côté de lui sans qu’il me prenne une fesse ! On est toujours en contact l’un avec l’autre. On s’apprécie ! »

— Diane

Cela fait une heure qu’elle se raconte. Diane croit nous avoir tout dit. Avant de nous laisser, elle précise qu’elle souhaite à tout le monde une telle stabilité. « Moi, je crois à la longévité d’un couple », insiste-t-elle.

Et puis quelques minutes après nous avoir quittée, elle nous envoie un ultime courriel. Elle a oublié une énième anecdote. Il y a 10 ans, écrit-elle, pour « mousser » son couple, ils ont en prime eu quelques expériences échangistes. Si elle a oublié de le souligner, on imagine que ça n’a pas été mémorable ? « Pour ma part, cela m’a confirmé que j’étais toujours mieux avec mon conjoint », a-t-elle conclu. On avait deviné.

*Prénom fictif, pour se confier en toute liberté.

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