Enfance

Attention, petits yeux fragiles !

Des yeux qui piquent, une vision floue et une sensibilité à la lumière sont parmi les symptômes associés à l’utilisation courante d’écrans électroniques. Dans le cas des enfants, le risque de développer une myopie s’ajoute également à ces effets indésirables, prévient l’Association canadienne des optométristes (ACO). Explications.

Chez les adultes, de 50 à 90 % des utilisateurs d’écrans électroniques ont des symptômes oculaires. Les effets sont moins connus chez les enfants, mais ils inquiètent néanmoins l’Association canadienne des optométristes (ACO), qui invite les parents à faire preuve de prudence.

La sécheresse oculaire, ou xérophtalmie, est le problème le plus souvent associé aux écrans. Elle se manifeste par une sensation de brûlure, une vision embrouillée, l’impression d’avoir des grains de sable dans les yeux et une photosensibilité. Enfants comme adultes peuvent ressentir ces symptômes. Le hic, dans le cas des enfants, c’est qu’ils peuvent ignorer la sensation de gêne, surtout lorsqu’ils s’amusent, et ne pas être en mesure d’identifier l’inconfort.

« Lorsqu’on est devant un écran, on a tendance à fixer l’image et à moins cligner des yeux. Il faut toutefois un mouvement de la paupière pour répandre les larmes et protéger la surface de la cornée de l’exposition à l’air », explique Mona Dagher, professeure en ophtalmologie à l’Université de Montréal et directrice de la recherche en ophtalmologie au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM).

Une fois diagnostiqué, ce problème peut facilement être soulagé au moyen de larmes artificielles, dit-elle. C’est une autre histoire dans le cas de la myopie, que l’ACO associe également à l’utilisation d’écrans, en ne faisant pas de distinction, à ce chapitre, entre le téléviseur, la tablette, le téléphone intelligent, l’ordinateur ou les jeux vidéo.

Voir à plus long terme

Ce n’est pas tant le temps passé devant les écrans qui est en cause, précise l’ACO, mais celui que les enfants ne passent pas à l’extérieur. Or, l’exposition à la lumière naturelle est nécessaire à la santé des yeux des petits.

« On sait très bien maintenant, et ç’a été démontré par plusieurs études, qu’un enfant doit sortir à l’extérieur et être exposé à la lumière du soleil pour que l’œil se développe. Quand on est trop souvent à l’intérieur, on a plus de risques de développer une myopie. »

— Mona Dagher, professeure en ophtalmologie à l’Université de Montréal et directrice de la recherche en ophtalmologie au CHUM

C’est particulièrement vrai jusqu’à l’âge de 8 ans, période durant laquelle la vision se développe et peut encore être corrigée. Une fois installée, la myopie peut ensuite continuer d’augmenter jusqu’à l’âge de 21 ans.

« La myopie, quand elle est là, elle est là pour la vie, insiste la spécialiste en cornée et maladies externes de l’œil. C’est pourquoi il est important de prévenir jusqu’à l’âge de 21 ans. Il n’y a d’autres traitements, dans ce cas, que de porter des lunettes, des verres de contact ou d’avoir une chirurgie réfractive. »

De bonnes habitudes

Pour prévenir des problèmes oculaires, l’ACO recommande de ne pas exposer les enfants de 0 à 2 ans aux écrans, et de ne pas dépasser une heure dans le cas des 2 à 5 ans, ou deux heures pour les 5 à 18 ans. Des pauses devraient idéalement être prises toutes les 30 minutes, ou minimalement toutes les 60 minutes.

Étant donné que la lumière naturelle est nécessaire au développement de l’œil et à la prévention de la myopie, les parents devraient également privilégier les activités passées à l’extérieur lorsqu’il fait encore clair, et ce, à raison de deux heures par jour. Protéger leurs yeux des rayons ultraviolets demeure une préoccupation, mais les bienfaits de la lumière de l’extérieur sont préservés même avec des lunettes de soleil, indique Mona Dagher.

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