OPINION

CHANGEMENTS CLIMATIQUES Une occasion de développer l’industrie intelligente

La plus récente conférence des premiers ministres provinciaux, mais aussi les discussions en cours à la Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP24), permet de constater à quel point conjuguer changements climatiques et développement économique n’est pas chose facile.

Pourtant, il existe des solutions pour faire de cette situation une occasion en faveur d’un développement économique plus intelligent. Ainsi, pour s’attaquer efficacement aux changements climatiques à court terme, il faut mettre l’accent sur les solutions technologiques qui optimisent le rendement de ce qui existe déjà.

Au cours des dernières années, la numérisation du monde physique a entraîné la naissance de l’« industrie intelligente », soit une occasion transformationnelle d’accélérer la croissance résiliente aux changements climatiques de manière exponentielle par rapport à l’adoption de la production d’énergie renouvelable.

Les économies du Québec et du Canada jouent un rôle de premier plan dans la mise sur pied et l’expansion d’entreprises de technologie qui entraînent cette transition mondiale fondée non seulement sur les préoccupations climatiques, mais également sur l’avantage concurrentiel.

La simple transition à la production d’énergie renouvelable ne se traduira que par une fraction du changement nécessaire à l’atteinte d’une foule d’objectifs fondés sur le climat, dont le réchauffement de la planète, les émissions de gaz à effet de serre et l’intensité carbonique. Ce sont les industries traditionnelles, le transport, les immeubles, les villes, l’infrastructure et l’agroalimentaire qui favoriseront les plus importants changements.

L’industrie intelligente représente une occasion sans précédent d’accélérer l’adoption de meilleures pratiques dans tous les secteurs. 

Elle adopte l’emploi des données, de l’apprentissage automatique, de l’intelligence artificielle, des systèmes logiciels, de l’internet des objets industriels et d’autres technologies – le tout soutenu par l’informatique en nuage –, afin de stimuler l’innovation, de réduire les répercussions des changements climatiques et d’engendrer de l’efficacité opérationnelle.

Le moteur de l’industrie intelligente est numérique et alimenté par des données. Le nombre de points de surveillance et de contrôle reliant l’infrastructure industrielle et commerciale à l’internet devrait atteindre au moins 75 milliards d’ici 2025, soit plus de 20 fois la taille actuelle de l’internet, et présente la possibilité de générer près de 60 billions de dollars au cours des 15 prochaines années.

L’industrie intelligente peut exploiter ces données pour créer davantage avec moins de gaspillage.

Elle peut stimuler l’amélioration de la productivité du capital physique, de l’infrastructure et d’autres secteurs d’activités hautement capitalisés en vue de diminuer la consommation de ressources naturelles et l’intensité carbonique, d’optimiser l’efficacité des actifs et de réduire la production de sous-produits indésirables comme les déchets et les polluants environnementaux, particulièrement ceux qui contribuent aux changements climatiques mondiaux.

Le marché de ces technologies enregistre déjà une forte croissance. En fait, nous constatons déjà une demande des marchés mondiaux voulant que les entreprises de ces industries traditionnelles adoptent des technologies bonnes pour l’avenir afin de rester concurrentielles.

Le cadre stratégique mondial favorise aussi l’industrie intelligente. Le rôle de cette dernière est essentiel au Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations unies. Les trois piliers de cet objectif de développement durable, soit l’infrastructure, l’industrie et l’innovation, ont tous pour but d’atteindre un développement économique écodurable. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations unies considère que l’industrie intelligente constitue dorénavant une exigence fondamentale.

Le Québec et le Canada sont considérés comme étant à l’avant-garde.

Plus précisément, ils sont considérés comme LA source de l’innovation en intelligence artificielle et en apprentissage automatique. Les résultats sont là pour le démontrer. Notre marché compte actuellement, à l’échelle mondiale, la plus grande concentration d’entreprises de l’industrie intelligente et se classe deuxième sur le plan de l’activité totale dans ce domaine.

Aujourd’hui, les entreprises d’ici mettent au point de nombreuses innovations, grandes et petites, percutantes et itératives qui, toutes ensemble, auront une incidence majeure sur la réduction des effets des changements climatiques et faciliteront la réalisation d’un avenir durable.

* Signataires : Eric Bukovinsky, associé, et Sophie Gupta, directrice de l’exploitation, Yaletown Partners

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