Mon clin d’œil

« Pauvre Festival de jazz pris dans la controverse… »

— Le festival Juste pour rire

TÉMOIGNAGE

BOBBY MCFERRIN
Un regard qui a changé mon parcours de vie

La venue de Bobby McFerrin au Festival international de jazz de Montréal me replonge dans mes souvenirs et me permet d’apprécier jusqu’à quel point le regard de cet artiste d’exception a modifié la trajectoire de ma vie.

32 secondes. C’est à peu près le temps que mes yeux ont croisé les siens. Je veux dire croisé « pour vrai ». Ça s’est passé le 29 juin 2003, vers 21h18 !

À l’époque, j’étais une jeune stratège média qui travaillait à temps (plus que) plein en agence de publicité. Et une de mes grandes passions était de chanter, ce que je faisais avec mon trio jazz et au sein de chorales les soirs et les fins de semaine.

J’étais donc sur scène ce soir-là avec Bobby McFerrin et le Grand Chœur de Montréal dans un spectacle programmé par le Festival de jazz. Comme la plupart des gens, je connaissais évidemment son talent incroyable d’improvisateur et son succès planétaire Don’t Worry, Be Happy !

Mais voilà qu’au milieu d’une improvisation vocale à laquelle il nous faisait participer, son regard s’est connecté au mien…

C’était un regard débordant de possible, de permission. Le regard d’un homme complètement aligné entre ce qu’il est et ce qu’il fait. Un homme ouvert, curieux, unique, tellement ancré ! Un homme en jeans et en t-shirt rouge qui n’hésite pas une seule seconde à enlever ses sandales pour rouler sur la scène de la Place des Arts et jouer avec une acrobate. Un homme libre. Grand. Et si simple à la fois.

C’était bouleversant. Et profondément inspirant. J’en suis encore émue juste à y repenser. Si inspirant que je me suis rendue à New York deux ans plus tard pour participer à une classe de maître avec lui. Cet atelier (et les sept années de formation qui ont suivi) a non seulement ouvert une porte en moi, mais a carrément défoncé les murs et les plafonds !

L’improvisation vocale, les Cercles de chant et la co-création spontanée m’ont complètement transformée. Par l’ouverture, le dépouillement et la puissance de connexion au moment présent qu’elles requièrent.

Quinze ans plus tard, je m’apprête à revoir Bobby McFerrin en spectacle à Montréal, le cœur débordant de gratitude.

Grâce à lui, j’ai réorienté ma vie professionnelle : par la voix et l’improvisation, j’aide les individus et les organisations à se connecter, se transformer, développer leur leadership et leur plein potentiel créatif pour mieux créer le monde de demain.

Et le 19 août, je ferai à mon tour improviser 300 choristes rassemblés à La Tohu par l’Alliance des chorales. Pieds ancrés, cœur sur la main, sourire aux lèvres… et aux yeux. Merci, Bobby McFerrin !

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