Deuxième vie en affaires

Émilie Heymans, une marche à la fois

Cinq ans après avoir lancé sa collection de maillots de bain, Émilie Heymans affirme qu’elle serait comblée par un succès purement québécois. Une déclaration qui peut surprendre de la part d’une femme qui a dominé la planète sportive avec un titre de championne du monde et quatre médailles olympiques.

Si certains pensent qu’Heymans est moins ambitieuse en affaires que dans le sport, la principale intéressée répond avec lucidité. « On ne peut pas me demander de dominer le monde en cinq ans, répond-elle. Quand j’ai commencé à plonger, mon objectif était de gagner les régionaux. Ensuite, de participer aux Championnats canadiens et aux Championnats du monde juniors. Je ne dis pas que dans 20 ans, je vais évoluer uniquement au Québec. Mais je veux bien faire chaque étape avant de passer à la prochaine. »

Le premier jalon de son aventure entrepreneuriale a eu lieu au terme de son baccalauréat en commercialisation de la mode. 

« Lorsque je regardais les offres d’emploi en mode, il n’y en avait pas qui m’intéressaient et les entreprises offraient toutes des salaires vraiment minables. Je me suis dit : ‟Tant qu’à être mal payée, aussi bien me lancer à mon compte et être mal payée en gérant mes affaires.” »

— Émilie Heymans

L’ex-plongeuse a décidé d’explorer un domaine qu’elle connaît très bien. « J’étais tannée des maillots une pièce nord-américains, qui étaient plus ou moins confortables et qui offraient toujours les mêmes imprimés. Je les trouvais plates, et j’ai pensé que je n’étais pas la seule à penser comme ça. »

Voyant un nouveau marché à saisir, elle a conçu des maillots confortables, originaux, résistants au soleil, au sel et au chlore. Elle a ensuite lancé sa boutique en ligne en mai 2013, moins d’un an après ses derniers Jeux olympiques, à Londres.

Depuis, elle a mis au monde deux enfants et découvert un créneau particulièrement porteur : les vêtements personnalisés pour les clubs sportifs. « En plus des maillots, je veux offrir des survêtements, des t-shirts, des tuques ou des polos pour que tous leurs morceaux aient une cohérence visuelle, au lieu qu’ils achètent leurs vêtements séparément dans six teintes d’une même couleur. »

Cette diversification deviendra réalité durant la prochaine année, mais elle a déjà confirmé l’intérêt de collaborer avec des clubs depuis cinq ans. « Ça me permet de vendre avant de produire. J’évite de me ramasser avec un inventaire de fou et de courir partout pour le vendre. »

Elle utilise une technique d’impression par sublimation qui lui donne la possibilité de choisir les couleurs et les logos de chaque club. « Au lieu d’avoir d’énormes rouleaux de tissu avec un imprimé répétitif, j’offre des maillots qui permettent aux clubs de se démarquer des autres, qui augmentent l’appartenance au club et l’estime de soi pour les jeunes, qui se sentent plus forts en voyant qu’ils font partie d’une équipe. »

Et le succès est au rendez-vous : les ventes d’Émilie Heymans ont doublé depuis l’année dernière. Cela dit, elle ne vit pas encore décemment de son entreprise. « Je me donne un petit salaire, mais je dois encore piger dans mes économies. J’espère que d’ici deux ans, je pourrai en vivre. Et peut-être engager au moins une personne. Et possiblement vendre en Ontario, dans le reste du Canada ou aux États-Unis par la suite. » Des décisions qu’elle prendra une à la fois.

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