Maison / Déco

La tendance est à… l’ antitendance

Pour éviter le gaspillage et la surconsommation, doit-on rejeter la mode, jugée trop éphémère ? Nous avons posé la question à deux experts.

Écouter son cœur. Voilà le meilleur moyen de faire des choix durables, croit la styliste Geneviève Simard. « Il ne faut pas regarder la maison du voisin, mais suivre son cœur, y aller avec des choses qui nous font vibrer », recommande-t-elle. 

« Il ne faut pas se laisser influencer, y compris par un designer. Certaines personnes ne savent pas quoi faire avec leur intérieur. Elles me demandent quelles sont les tendances, mais je vais surtout aller chercher quels sont leurs goûts. Le principe est de valider ce qu’elles aiment, que ce soit tendance ou non, afin qu’elles ne se lassent pas de leur décor et qu’elles s’y sentent bien », ajoute-t-elle.

Le designer Jean-Stéphane Beauchamp a d’ailleurs souvent entendu des clients déclarer : « J’aime ce style, mais ce n’est pas à la mode. » « Peu importe ! lance-t-il. Ce qu’il faut, c’est que ça fasse partie de son esthétique personnelle et que ça réponde à son mode de vie. C’est la même chose pour un meuble ou un objet auquel on tient, il aura toujours sa place dans la maison ; il suffit de bien l’intégrer au décor. »

Pour le designer, qui compte près de 20 ans d’expérience, « une tendance, c’est quelque chose qu’on a sorti et dépoussiéré ». « J’attends qu’elle fasse ses preuves. Je pense qu’une sur dix survit », souligne-t-il.

« J’ai toujours dit à mes clients de faire attention aux tendances. Ils sont beaucoup plus ouverts à miser sur l’intemporel aujourd’hui qu’à mes débuts, parce qu’ils préfèrent les valeurs sûres. »

— Jean-Stéphane Beauchamp, designer

Le designer remarque cependant que les gens ont des réflexions paradoxales : « Ils veulent du durable, mais pensent que c’est trop cher. Ils sont aussi très conditionnés par les médias sociaux, suivent le courant et achètent plein de trucs de mauvaise qualité. Et le fait d’être sous influence nuit à la durabilité. »

De la qualité à tout prix

Les deux experts s’entendent d’ailleurs pour dire que la qualité est indissociable de la pérennité, qu’il vaut mieux acheter moins, mais mieux.

« On peut aussi acheter un beau meuble de seconde main à un prix intéressant et le faire restaurer au besoin. Il faut prendre son temps pour choisir. On est toujours en mode de surconsommation, tout va très vite. Moi, je suis en mode slow. On a parlé de slow food, pourquoi ne pas parler de slow design ? » demande Jean-Stéphane Beauchamp, qui pense qu’il faut ralentir pour faire des choix qui nous combleront longtemps. 

« On n’est pas encore tout à fait dans l’antitendance, mais c’est en devenir, croit-il. On tend vers ça parce qu’on prend conscience qu’il faut s’écouter en intégrant ce qu’on aime. »

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