« Il faut toujours se battre »

Indirectement, la mère de la comédienne est à l’origine de ce qui allait devenir un petit empire. Non pas en lui ayant servi de modèle en affaires, mais en lui ayant offert un livre pour son quatorzième anniversaire, Le parfum, de Patrick Süskind. « J’étais déjà passionnée de parfums, je les collectionnais depuis mes 10 ans, se souvient la femme aujourd’hui âgée de 42 ans. Mais, en lisant le roman, j’ai compris qu’on pouvait en créer et je m’étais dit que j’allais faire ça dans la vie. »

Ses débuts dans l’entrepreneuriat ont toutefois été réalisés avec un site de rencontres, JetSetPQ.com, il y a bientôt 15 ans, aux côtés de celui qui allait devenir le père de ses enfants. « Jean-François m’avait demandé d’être l’ambassadrice du projet. Dès notre premier rendez-vous, j’ai dit que ça m’intéressait, mais que je voulais avoir des parts et m’impliquer. »

Sur les traces de Lise Watier Ce n’est qu’en 2009 que l’aventure dans le monde de la parfumerie a réellement débuté, lorsque le duo a signé une entente avec le Groupe Jean Coutu. Un jalon de son histoire qu’elle qualifie de saut dans le vide. « Je connais très bien les parfums et j’aime développer le volet artistique, mais jamais je n’aurais réussi à mettre un produit en tablette, à trouver du financement et à penser à toutes les stratégies sans Jean-François. En plus, à l’époque, il n’y avait pas de parfums québécois, à part ceux de Lise Watier. »

Fait à noter, la femme d’affaires a eu la chance de rencontrer Mme Watier, son inspiration, des années avant de se lancer à son tour en affaires. « Je lui avais expliqué mon grand rêve. Elle devait me trouver candide. Elle m’avait dit : “Je pense que tu vas réussir, car tu es passionnée, mais tu vas voir, Mahée, ça va être beaucoup plus dur que tu penses !” »

Un départ canon

Difficile de ne pas ressentir un stress énorme, le jour où la machine s’est mise en marche. « Tout reposait sur nos épaules. On ne s’était pas associés à une compagnie pour fabriquer le produit. On a tout fait nous-mêmes. Les flacons arrivaient dans notre garage. On gérait tous les détails, le logo, les photos, le lancement. C’était comme organiser un mariage. »

Surprise : seulement quelques semaines après le lancement, le parfum était déjà en rupture de stock. « Sans aucune prétention, nos débuts ont été fulgurants. Ça nous a donné des ailes, sauf que tout le monde a été pris de court. L’industrie des cosmétiques est une jungle et nous étions en compétition avec des produits distribués mondialement, des grands classiques. »

Près d’une décennie après la naissance de son premier parfum, l’entreprise mise sur six fragrances, des bijoux, des accessoires, des vêtements et plusieurs produits complémentaires. Un succès qui n’est pourtant pas sans obstacles. 

« La chose la plus importante que j’ai apprise en affaires, c’est à quel point il faut toujours se battre ! C’est super gratifiant et passionnant, mais il faut être acharné. Ça dépasse l’entendement ! »

— Mahée Paiement

Le succès et les nouveaux produits impliquent inévitablement une gestion serrée de la croissance. Un beau casse-tête pour le tandem. « Quand ça va très bien, il faut vraiment bien structurer la suite, évaluer nos investissements, parfois prendre du recul, être à l’écoute de toutes les variables et s’ajuster constamment, malgré notre plan d’affaires. Chaque jour, chaque mois, chaque année, on réanalyse. On prend des décisions continuellement. »

Après avoir ouvert une première boutique rue Sainte-Catherine et l’avoir déménagée au quartier DIX30 en septembre 2017, les amoureux entrepreneurs prévoient en ouvrir une deuxième aux Galeries de la Capitale à Québec en août prochain. Au cours des trois prochaines années, ils poursuivront sur leur lancée avec des boutiques dans la région de Laval, dans le secteur d’Ottawa/Gatineau, en plus d’un magasin test à Toronto.