Solutions de rechange aux pailles jetables
La meilleure option, c’est…
Avant d’envisager l’achat de pailles, il faut se poser une question essentielle : en a-t-on vraiment besoin ? Car la meilleure option, c’est assurément de se passer de pailles. « Le produit qu’on n’a pas besoin de produire est le meilleur produit », résume Jean-François Ménard, analyste au Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG). Par ailleurs, la paille de plastique jetable qu’on nous glisse dans notre verre au restaurant peut très bien être réutilisée quelques fois à la maison, souligne Jean-François Ménard.
Jeter ses pailles… à la poubelle
« Le premier réflexe qu’on devrait avoir quand on utilise une paille, ce n’est pas de se demander pour quelle matière on devrait opter, mais plutôt de ne pas la jeter dans l’environnement », indique Jean-François Ménard. Les pailles de plastique jetables – généralement non recyclables – doivent être jetées à la poubelle, et non par la fenêtre de sa voiture. Le problème environnemental que posent les pailles de plastique est d’abord généré par les pailles qui se retrouvent dans la rue et qui aboutissement éventuellement dans l’océan. « Enfouir du plastique, en tant que tel, ce n’est pas la pire chose qu’on peut faire », note M. Ménard.
Biodégrables, mais…
Les pailles biodégrablables – comme celles en papier ou en bambou – ne posent pas le problème pour les écosystèmes que pose la fraction des pailles de plastique qui se retrouvent dans l’environnement. Par contre, si ces pailles biodégradables sont jetées à la poubelle et se retrouvent dans des sites d’enfouissement, elles peuvent engendrer un autre problème. Contrairement au plastique, le papier n’est pas inerte ; on peut donc se retrouver avec des émissions de méthane dans l’environnement, un gaz à effet de serre. M. Ménard conseille de mettre les pailles de papier dans le bac à compostage. « Qu’il soit dirigé dans le composteur industriel ou vers une usine de méthanisation, c’est la meilleure option », dit-il. Par ailleurs, si la paille de papier est plus lourde que la paille de plastique (ce qui est généralement le cas), elle pourrait avoir un plus grand impact environnemental en matière de production et de transport.
Réutilisables, mais…
Généralement, tout produit réutilisable peut montrer une meilleure performance environnementale qu’un produit jetable… à condition de les réutiliser suffisamment de fois, avertit Jean-François Ménard. Qu’elles soient en acier inoxydable, en plastique ou en silicone, les pailles réutilisables, plus lourdes, nécessitent plus de matière. Si on les utilise trois ou quatre fois, c’est de la pure perte, résume M. Ménard. Le CIRAIG a déjà comparé le profil environnemental des gobelets de papier pour le café à ceux des tasses en céramique et des tasses de voyage. Résultat : il fallait utiliser sa tasse de voyage des centaines de fois pour avoir un impact environnemental moindre que celui des gobelets jetables. « Ce n’est pas tout à fait transposable, mais il est possible que ce soit à peu près du même ordre de grandeur pour les pailles en acier inoxydable : au moins 100 utilisations, probablement », dit M. Ménard. Ce ratio est probablement inférieur pour les pailles en plastique ou en silicone, plus légères.
Laver… intelligemment
Enfin, la façon dont on lave ses pailles réutilisables a un impact direct sur le poids environnemental du produit. « Si on utilise beaucoup d’eau chaude et de savon, ça peut être problématique », résume Jean-François Ménard. Idéalement, on les lave à l’eau froide, avec peu de savon (une brosse de nettoyage est incluse dans certains paquets de pailles réutilisables), ou encore dans le lave-vaisselle rempli de façon optimale.