Bâtir la ferme de demain

Une petite ferme sans tracteur, où les animaux se promènent en liberté autour de potagers cultivés serrés qui ne font pas la guerre aux bestioles. Utopique ? Pas du tout. Ce modèle d’agriculture écologique à échelle humaine, et rentable par-dessus le marché, constitue la ferme du futur. Bienvenue à l’ère de la révolution agricole !

Réinventer l’agriculture

Des agriculteurs nouveau genre, à la conscience environnementale et sociale bien aiguisée, reviennent aux méthodes d’antan en leur appliquant des idées novatrices. Ils pratiquent ce qu’on appelle la « permaculture » : ils recréent des écosystèmes sains et autosuffisants pour tirer profit de la nature. Comment ? En mettant la faune et la flore à contribution pour régénérer les milieux et en maximisant la superficie des jardins. Plus besoin de champs qui s’étirent à l’infini : un seul potager peut recevoir une variété de légumes, qu’on plante collés les uns sur les autres et qui se succèdent selon un calendrier – on récolte la laitue, on sème les radis, puis le fenouil… Tout ça à l’aide d’équipements manuels. Résultat : des systèmes de culture plus efficaces, rentables et viables à long terme. Voilà ce qui s’appelle cultiver mieux.

Un précurseur au Québec

La figure de proue de ce mouvement qui fait des adeptes partout dans le monde s’appelle Jean-Martin Fortier. Expert en agriculture biologique, fervent pratiquant de la culture intensive sur petite surface depuis plus de 15 ans, il a démontré qu’il est possible de générer de bons rendements en faisant pousser des légumes bios sur moins d’un hectare de terre ! Ce petit miracle s’est produit aux Jardins de la grelinette, la microferme qu’il possède avec sa conjointe Maude-Hélène Desroches, à Saint-Armand. En 2012, il a écrit un livre sur le sujet, Le jardinier-maraîcher, un best-seller vendu à plus de 100 000 exemplaires qui fait école dans le milieu agricole.

Changer le monde, une ferme à la fois

Ayant eu vent de l’affaire, le philanthrope André Desmarais a demandé à Jean-Martin Fortier, en 2015, de prendre les commandes de sa Ferme des Quatre-Temps, à Hemmingford. Son vœu : changer la société à travers une forme d’agriculture respectueuse des gens et de l’environnement. Avec ses jolis jardins où poussent une quarantaine de légumes, ses champs peuplés d’animaux, ses serres et sa pépinière, la ferme est devenue un véritable laboratoire d’agriculture durable. Elle attire des apprentis fermiers de partout dans le monde, venus apprendre comment reproduire le concept chez eux. « Le but est de former une nouvelle génération de jardiniers-maraîchers et de multiplier le nombre de petites fermes écologiques. C’est ça, la révolution agricole ! », résume Jean-Martin Fortier.

Consommer local

Évidemment, cette révolution doit aussi s’opérer dans les mentalités des consommateurs. Et c’est là où Jean-Martin Fortier nous interpelle. « Ce dont on a besoin, c’est l’appui des citoyens mangeurs, qui vont à la rencontre des fermiers et achètent leurs produits. Cette reconnaissance est essentielle pour éviter la détresse. » Une bonne façon d’encourager le mouvement est de commander des paniers bios et de s’approvisionner dans les marchés fermiers. « Chaque grande ville, chaque municipalité devrait avoir son marché, où les gens se rencontrent. C’est une célébration de l’art de bien manger, de bien vivre », dit-il.

Les fermiers, acteurs du changement

Unis TV plonge au cœur de cette révolution en marche dans une nouvelle série de 10 épisodes, Les fermiers, qui s’immisce au cœur de la Ferme des Quatre-Temps. Guidés par Jean-Martin Fortier, 11 agriculteurs de la relève, venus d’aussi loin que la Nouvelle-Zélande, apprennent les rudiments du métier et bâtissent la ferme de demain. Les défis sont nombreux – météo capricieuse, travaux exigeants, longues heures… – , mais rien ne semble venir à bout de leur enthousiasme et de leur volonté de redonner à l’agriculture son authenticité. Comme le dit Jean-Martin Fortier : « On prouve qu’il est possible de faire de l’agriculture autrement. Et toute une génération est prête à embarquer. » Et vous, êtes-vous prêt ?

Les fermiers, tous les jeudis à 20 h, sur Unis TV.

La permaculture en chiffres

5 X

5 fois plus de légumes sont cultivés sur une surface 5 fois moins grande.

1 pour 200

1 hectare permet de nourrir plus de 200 familles. « On ne parle pas de nourrir la planète, mais la communauté », dit Jean-Martin Fortier.

De 40 000 $ à 60 000 $

Le montant nécessaire pour démarrer une micro-ferme biologique, selon Jean-Martin Fortier.

20 %

C’est le pourcentage que l’on économise sur sa facture en achetant un panier bio, comparativement au même achat en supermarché.

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