Nouvelles données de Statistique Canada

Les cancers du sang tuent moins qu’avant

Le taux de survie aux cancers du sang, comme les leucémies et les lymphomes, a augmenté de façon considérable au cours des dernières années, révèlent de nouvelles données qui seront dévoilées ce matin par Statistique Canada. Pour le Dr Jean-Sébastien Delisle, hémato-oncologue et chercheur au Centre de recherche de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, les causes de ce progrès sont évidentes : « La précision des diagnostics et les traitements que l’on dit de médecine personnalisée se sont réellement améliorés », dit-il.

Meilleur taux de survie au cancer en général

Le taux de survie tous cancers confondus est passé de 55 % à 63 % depuis 1990 au Canada, soit une hausse de 8 %, selon les données compilées dans le rapport Statistiques canadiennes du cancer. Malgré cette amélioration, le nombre de cas de cancers diagnostiqués chaque année augmente tout de même au pays, principalement à cause de la croissance démographique et du vieillissement de la population, explique la Société canadienne du cancer. Le cancer a d’ailleurs maintenant devancé les maladies cardiovasculaires comme cause principale de décès dans les pays riches, révèle une étude publiée hier.

220 400

Nombre de nouveaux cas de cancer prévus pour 2019 au Canada

82 100

Nombre de Canadiens qui mourront du cancer en 2019

Les cancers du sang, de mieux en mieux soignés

Les cancers du sang, qui représentent 10 % de tous les diagnostics de cancer au pays, ont vu leur taux de survie s’améliorer plus que tout autre type de cancer depuis 1990. Le Dr Delisle explique que les cancers du sang se regroupent en trois catégories : les leucémies, les lymphomes et les myélomes. Selon lui, la précision des diagnostics pour ces maladies s’est nettement améliorée au cours des dernières années. « On aiguille plus vite le patient vers le bon traitement », dit-il. Le Dr Delisle ajoute que la compréhension de la maladie s’est aussi améliorée, ce qui permet aux médecins de mieux « exploiter une vulnérabilité de la maladie ». Nadine Prévost, directrice de l’engagement communautaire à la Société de leucémie et lymphome du Canada, indique par exemple que la médecine personnalisée a notamment mené à la découverte d’un traitement pour la leucémie myéloïde chronique. Les patients atteints de cette maladie, dont le seul espoir de guérison était autrefois la greffe de moelle osseuse, peuvent maintenant être traités par un simple médicament. « C’est une très grande réussite de la médecine personnalisée. Les taux de survie ont vraiment augmenté », note Mme Prévost.

Foudroyant cancer du pancréas

Avec un taux de survie de seulement 8 %, le cancer du pancréas est « l’un des cancers les plus difficiles à traiter » et « deviendra la troisième cause de mortalité par cancer au Canada en 2019 », écrit la Société canadienne du cancer (SCC) dans un communiqué. André Beaulieu, porte-parole de la SCC, explique que le cancer du pancréas « déjoue tout ce que l’on voit normalement » dans le traitement du cancer. Les gens atteints du cancer du pancréas ne présentent par exemple souvent pas de symptôme et les traitements connus, comme la chimiothérapie, ne fonctionnent pas très bien.

Taux de survie après cinq ans pour certains types de cancer

Glande thyroïde : 98 %

Testicule : 97 %

Prostate : 93 %

Sein : 88 %

Colorectal : 65 %

Poumon et bronches : 19 %

Foie : 19 %

Œsophage : 15 %

Pancréas : 8 %

Cancer du poumon : avancées pour les femmes

Alors que le taux de mortalité lié au cancer du poumon a beaucoup diminué ces dernières années chez les hommes, des améliorations tardaient à se manifester chez les femmes. Mais la situation s’améliore cette année. « Il y a eu un retard entre les hommes et les femmes parce que les femmes ont cessé de fumer plus tard », explique M. Beaulieu, qui précise que les femmes ont commencé à cesser de fumer dans les années 80, alors que des baisses du tabagisme chez les hommes étaient enregistrées dès les années 70.

Pas de données à jour au Québec

Le rapport diffusé aujourd’hui par Santé Canada utilise les données provinciales de 2015 afin de construire ses projections pour cette année. Mais pour le Québec, des données de 2010 sont utilisées. Même si un Registre québécois du cancer existe depuis 2011, certains retards existent dans le traitement des données, explique-t-on à la SCC. Au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), on confirme que des travaux sont en cours dans le registre et que « la complexité des algorithmes à développer et la nécessité d’en tester l’ensemble des résultats possibles requièrent du temps et une expertise spécialisée ». « Un registre pleinement fonctionnel permettra de diffuser les données d’une année dans un délai de 18 à 24 mois, conformément aux normes nord-américaines », affirme le MSSS.

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