Politique

Malgré ses engagements, la CAQ ne rouvre pas la loi 101

Québec — Immigration, laïcité ; la Coalition avenir Québec (CAQ) a ouvert suffisamment de boîtes de Pandore politiques. En dépit de ses engagements, le gouvernement Legault n’a pas l’intention de lancer un débat linguistique en tentant de modifier la Charte de la langue française.

Hier, défendant les crédits de son ministère à l’Assemblée nationale, la ministre de la Culture, Nathalie Roy, a martelé que l’objectif du gouvernement était avant tout de faire appliquer la loi actuelle dans toute sa rigueur. Pas question de créer un poste de Commissaire à la langue française, une proposition de la CAQ formulée dans le rapport de Claire Samson, députée d’Iberville, en 2016.

« Base de travail »

Ce rapport « est une base de travail, on va s’en inspirer », a souligné Mme Roy, indiquant toutefois qu’il n’était pas question pour le gouvernement de modifier la Charte de la langue, comme le préconisait Mme Samson.

Mme Roy propose « un véritable virage » pour la langue française. D’ici un an, un plan d’action ambitieux, avec des mesures concrètes pour la « défense et la promotion du français », sera rendu public, a-t-elle promis.

Vendredi dernier, l’Office québécois de la langue française a publié des données plutôt sombres sur l’utilisation du français dans les commerces de Montréal. À Montréal, il y a six ans, une personne sur quatre se disait indifférente quant à la langue utilisée dans les commerces qu’elle fréquentait. Six ans plus tard, on était à 46 % d’« indifférents », a relevé la ministre. « Il y a eu une forme de laisser-aller attristante. Pas question de blâmer qui que ce soit, mais le phénomène touche particulièrement les jeunes. Depuis des années, la loi 101 est appliquée de façon molle », constate-t-elle.

Baisse des inspections

Pour la critique libérale dans le dossier linguistique, la députée Christine St-Pierre, les données viennent contredire la ministre Roy. Depuis octobre dernier, avec l’élection de la CAQ, la moyenne des inspections est passée de 227 à 161 par mois. « Elles ont diminué de façon importante », a-t-elle relevé. Aussi, les budgets alloués à l’Office québécois de la langue française ont été rognés de quelque centaines de milliers de dollars par rapport à l’année précédente, une réduction qui s’explique par des départs, a souligné Mme Roy. Des compressions tout de même, compte tenu de l’augmentation des coûts de système, a répliqué Mme St-Pierre.

Pour Catherine Dorion de Québec solidaire, il faut modifier la Charte de la langue pour faire en sorte que les entreprises de plus de 2 employés aient à obtenir des certificats de francisation ; la loi actuelle met la barre à 50 employés.

Pour Ginette Galarneau, présidente de l’Office, le nombre d’inspections ne reflète pas nécessairement leur importance. Elles résultent des plaintes faites auprès de l’organisme qui veut travailler dans les dossiers les plus pressants. 

Cour suprême

Québec veut avoir son mot à dire dans la nomination d'un juge québécois

Québec — Le gouvernement Legault demande à Ottawa d’avoir son mot à dire dans la nomination prochaine d’un juge québécois à la Cour suprême en raison du départ de Clément Gascon. Mais il ne réalisera pas sa promesse électorale visant à ce que les candidats soient proposés par l’Assemblée nationale.

Dans l’opposition, la Coalition avenir Québec (CAQ) avait déposé un projet de loi « affirmant la participation du Québec au processus de nomination des juges de la Cour suprême du Canada pour le Québec ».

Le texte législatif présenté en février 2016 par Simon Jolin-Barrette prévoyait la mise en place par le Québec d’un comité de sélection pour la nomination d’un juge à la Cour suprême lorsque l’un des trois sièges réservés au Québec est vacant ou en voie de l’être. Ce comité retiendrait trois candidatures. Les noms seraient soumis à l’Assemblée nationale. Chacune des candidatures devrait être approuvée par les trois quarts des députés. La liste serait ensuite transmise à Ottawa, toujours selon le projet de loi.

Cette mesure fait partie du plan nationaliste de la CAQ rendu public par François Legault en 2015. Elle est inscrite dans la plateforme électorale du parti.

Pas maintenant

La ministre de la Justice, Sonia LeBel, a indiqué hier que cette promesse ne sera pas mise en œuvre pour pourvoir le poste qui sera laissé vacant à la suite du départ à la retraite de Clément Gascon, le 15 septembre. « On n’est pas dans le processus législatif. On peut y aller par un processus administratif. Ottawa s’est déjà montré ouvert à ça, a-t-elle plaidé. On va entamer des discussions et on verra bien. Je suis très confiante. »

Elle a donné peu de détails sur le « processus administratif » qu’elle évoque. « Je pense qu’on peut faire certaines [démarches], a-t-elle affirmé. J’entends très certainement faire valoir nos positions et m’assurer qu’on ait une voix dans le processus. » Elle trouve « important [de] faire valoir à Ottawa le fait qu’on doit être dans le choix », « que le Québec a un certain pouvoir dans la décision ».

Pour le premier ministre François Legault, « que l’on ait ou non adopté un projet de loi, le principe, c’est que le gouvernement fédéral devrait nous consulter pour le choix du juge qui vient du Québec pour la Cour suprême. Étant donné que ça va se faire d’ici septembre, j’espère que le gouvernement de M. Trudeau va nous consulter ».

Ottawa a signalé lundi qu’il lancera son processus de nomination dans les prochains jours. Or, la CAQ avait dénoncé ce nouveau processus qu’avait annoncé Justin Trudeau en août 2016.

« Le gouvernement fédéral conserve totalement la prérogative de nommer les juges. On prévoit d’ajuster la composition du comité, mais ça demeure des individus nommés par le fédéral et ça demeure un processus entièrement fédéral. On va seulement consulter les procureurs généraux des provinces [les ministres de la Justice, NDLR]. Donc, le Québec n’aura pas son mot à dire sur le choix des juges qui proviennent du Québec », déplorait Simon Jolin-Barrette.

HEC Montréal

Des milliers de livres sauvés in extremis

Les étudiants de HEC Montréal ont fait mentir ceux qui croient que les jeunes ne tiennent plus aux livres en papier. Hier, ils se sont rapidement mobilisés pour sauver des milliers de livres qui auraient pu être abîmés par un dégât d’eau survenu tôt le matin. — Marie-Eve Morasse, La Presse

Inondation à Beauceville

« Une des pires depuis longtemps »

Tôt hier matin, Michel Roy surveillait par sa fenêtre la rivière Chaudière lorsqu’il a vu l’embâcle se rompre. « On voyait les glaces descendre et là, je me suis dit : “Ça n’ira pas bien” », raconte le citoyen de Beauceville.

Il était environ 6 h quand l’amoncellement de glace qui s’était formé sur la rivière juste en amont du centre-ville s’est brisé. Aussitôt, le niveau de la rivière est monté, et celle-ci est sortie de son lit.

M. Roy, qui habite la 9e Avenue, n’a pas été inondé. Mais juste un peu plus bas, l’eau a envahi le boulevard Renault, l’artère principale de la ville qui longe le cours d’eau et regroupe la majorité des commerces de Beauceville.

L’inondation a en quelque sorte cadenassé le réservoir alimentaire de la ville : le IGA, le Subway, le Tim Hortons, l’Y Pizza et l’institution locale qu’est le restaurant Normandie-Bar l’Entracte ont été sinistrés.

Michel Roy, qui a 70 ans, a été témoin de nombreuses inondations à Beauceville. « Là, c’est une des pires depuis longtemps », dit-il, comparant l’actuel débordement à ceux de 1991 et de 1957.

La ministre Guilbault sur place

Hier après-midi, non loin de chez M. Roy, la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, est venue constater les dégâts sur place, chaussée de bottes de pluie.

« Il y a plusieurs régions du Québec en ce moment qui sont affectées par l’accumulation d’eau des derniers jours, par les embâcles aussi. Mais c’est véritablement ici, à Beauceville, que la situation est la plus critique », a dit la ministre, soulignant aussi des inondations à Saint-Georges et ailleurs dans la région de la Chaudière-Appalaches.

À Beauceville, quelque 230 bâtiments et 36 personnes ont été évacués, l’inondation ayant atteint de nombreux commerces qui n’étaient pas occupés quand la rivière est sortie de son lit.

aide limitée

Confronté à sa première catastrophe naturelle, le gouvernement Legault s’est interrogé, hier, sur le bien-fondé de maintenir des sinistrés dans des zones à risque.

La ministre Guilbault a averti que le programme d’aide annoncé par son gouvernement, le 10 avril, aurait des limites maximales et imposerait des choix difficiles dans les situations d’inondations à répétition.

Invoquant l’expérience des citoyens de Beauceville « qui sont inondés année après année », Mme Guilbault a été claire sur les limites du soutien de l’État : « Au fil des années, si la personne est toujours inondée et atteint un certain maximum financier [d’aide gouvernementale], on va lui dire : “Soit tu prends ce dernier chèque ou nous t’aidons à te relocaliser ailleurs.” »

Mme Guilbault a d’ailleurs dit ressentir la frustration des citoyens. « On le voit, les gens sont tannés ici. Ça fait plusieurs fois que Beauceville est inondée. C’est toujours la même chose, les gens sont tannés, sont saturés de cette situation-là. Si le gouvernement peut offrir un incitatif financier, un soutien logistique pour se localiser ailleurs que dans une zone manifestement inondable, je pense que ce sera bienvenu », a-t-elle soutenu.

Traverse Matane–Baie-Comeau–Godbout

La Socité des traversiers acquiert le NM Saaremaa

La Société des traversiers du Québec (STQ) doit faire l’acquisition du NM Saaremaa pour le service de la traverse maritime Matane–Baie-Comeau–Godbout, perturbé à répétition depuis plusieurs mois. Un point de presse a été convoqué par le PDG par intérim de la STQ, Stéphane Lafaut, cet après-midi. Sur Twitter, la STQ a confirmé être « en processus d’acquisition du NM Saaremaa comme navire de relève permanent ». Le Saaremaa se trouverait présentement en Allemagne. « Il s’agit d’une transaction internationale complexe qui n’est pas officialisée. La STQ réservera ses commentaires pour le moment », a-t-on indiqué. Le F.-A.-Gauthier est en cale sèche depuis plusieurs semaines. Ce navire flambant neuf a dû être envoyé pour réparation après qu’on eut constaté des vibrations anormales des propulseurs. Rappelons par ailleurs que le Saaremaa a subi de légers dommages, le 27 mars dernier, après avoir foncé dans un autre bateau pendant des tests près du port de Cuxhaven, en Allemagne. — La Presse canadienne

Politique québécoise

La CAQ prête à mieux protéger les lanceurs d'alerte

Le premier ministre François Legault s’est engagé hier à améliorer la loi sur les lanceurs d’alerte, afin que les fonctionnaires qui sortent sur la place publique soient mieux protégés. « C’est une loi qui est nouvelle, qu’on va devoir améliorer, mais c’est important de protéger les lanceurs d’alerte, et c’est ce que le nouveau gouvernement va faire », a indiqué M. Legault à la période des questions. Radio-Canada a révélé qu’au moins 10 fonctionnaires québécois, travaillant dans différents ministères, ont été sanctionnés depuis 2014 pour avoir parlé à des journalistes sans avoir obtenu l’autorisation de leur patron.

— Patricia Cloutier, Le Soleil

Carte de la défavorisation à Montréal

La CSDM perd 325 000 $ en aide alimentaire

Le verdict est tombé. La mise à jour de la carte de la défavorisation à Montréal fait perdre des subventions de 325 000 $ en aide alimentaire à la Commission scolaire de Montréal (CSDM). Six écoles ont perdu l’aide alimentaire qui leur permettait de servir des collations ou des repas à 1 $ à l’école, tandis que quatre nouvelles écoles se retrouvent parmi les plus pauvres et y auront droit dorénavant. Au total, la subvention est donc amputée de 10 % cette année. Catherine Harel Bourdon, présidente de la CSDM, s’en désole et réclame une somme compensatoire pour amortir le choc cette année. Ultimement, signale-t-elle en entrevue téléphonique, il faudra repenser la formule pour que peu importe l’école où ils se trouvent, les enfants qui vivent sous le seuil de la pauvreté soient bel et bien nourris.

— Louise Leduc, La Presse

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