Alimentation

Faire son épicerie chez le grossiste

Bien sûr, il y a Costco, qui compte son lot d’accros ayant chacun sa liste de produits chouchous. Mais d’autres grossistes en alimentation connus des restaurateurs et des traiteurs ouvrent eux aussi leurs portes au grand public, et ce, sans carte de membre. C’est le cas de Mayrand, à Anjou, et d’Aubut, à Montréal et à Laval. Pour savoir si cela vaut le coup d’y faire ses emplettes, Pause a fait le test.

Un dossier de Marie-Eve Fournier

Dans le garde-manger des restaurateurs

Les entrepôts Mayrand et Aubut sont en quelque sorte des hybrides entre Costco (gros formats et produits vendus à la caisse), Adonis (pour la grande variété d’aliments nichés) et le magasin d’articles de cuisine. On y a aussi l’agréable impression d’avoir accès au garde-manger des chefs et d’ainsi découvrir leurs petits secrets. Compte rendu de nos visites.

Les formats

Aubut et Mayrand sont avant tout des grossistes en alimentation qui desservent une clientèle commerciale. Les particuliers y sont les bienvenus, mais il est évident qu’on y trouve beaucoup de gros formats, parfois encore plus imposants que ceux de Costco. Des seaux de mayonnaise, des barres de chocolat à cuisson de 5 kg, des sacs de 40 kg de riz, des pots de Nutella de 3 kg. Mais rassurez-vous, ces mastodontes côtoient vos produits préférés, dans les formats habituels. D’ailleurs, dans bien des cas (huiles, sucre, condiments, sauce à spaghetti), il est possible de se procurer les formats standards des supermarchés, ce qui n’est pas toujours le cas chez Costco. Tout ou presque est vendu à l’unité ou à la caisse (plus économique), ce qui est fort pratique.

« Le mur d’épices » de chez Aubut

Les deux grandes surfaces tiennent un assortiment bien plus vaste que Costco, qui propose 2000 produits alimentaires, tandis qu’Aubut en tient 10 000 et Mayrand, 15 000. Le PDG d’Aubut, Mario Bélanger, donne l’exemple des épices. « Mon mur d’épices, personne n’a ça au Québec ! » On y trouve notamment la marque Épices de cru (d’Ethné et Philippe de Vienne). Aubut est particulièrement fier de ses cinq frigos remplis de fromages. Le rayon des ingrédients à pâtisserie a aussi retenu notre attention avec ses nombreux types de sucre et sa large gamme de chocolats. « Tous les chefs connus s’approvisionnent chez nous », relate Mario Bélanger. Les amateurs de cocktails y trouveront par ailleurs un grand choix d’amers et autres ingrédients.

Mayrand et ses 290 types de pâtes

Que vous cherchiez des couteaux, des chaudrons, un gadget ou même une véritable veste de chef, vous devriez trouver chez Mayrand. L’espace consacré aux articles de cuisine compte 4200 produits. « Nous sommes un magasin de destination pour les produits italiens », souligne Sophie Schwartz, vice-présidente au marketing et à la stratégie numérique, précisant qu’il y a 290 types de pâtes alimentaires sur les tablettes. L’offre est également très vaste au rayon des fromages. Vous y trouverez plusieurs produits de la Laiterie Chagnon difficiles à trouver à Montréal (crème 40 %, beurre de culture), 390 huiles et vinaigres, une poissonnerie, une boucherie (proposant notamment le bœuf de qualité 1855 Black Angus sous vide), des mets préparés sur place et plusieurs variétés des micropousses (coriandre, radis noir, basilic thaï).

Ce qu’on n’y trouve pas (ou peu)

Étant donné qu’Aubut et Mayrand desservent avant tout les professionnels, vous n’y trouverez pas les aliments dont ils n’ont pas besoin. Ou très peu. Logique ! Ainsi, le choix de barres tendres, de biscuits, de boîtes de céréales, de pizzas congelées est limité. Des couches ? Du shampoing ? Du lait maternisé ? Vous devrez passer par la pharmacie. Au rayon de la boulangerie fraîche, l’offre est assez limitée chez Aubut, plus complète chez Mayrand. À noter, Aubut vend peu de viande et aucun poisson. Aucun des deux épiciers ne propose de fruits et de légumes biologiques. Mais on y trouve du bio dans les allées d’aliments non périssables.

La qualité des fruits et des légumes

La qualité des fruits et des légumes pouvant varier beaucoup d’un jour à l’autre et d’un fruit ou d’un légume à l’autre, il est assez délicat de faire un constat généralisé. Lors d’une visite chez Mayrand, nous avons vu des moisissures sur des concombres libanais et certains agrumes étaient tristes à côté des tomates molles. Mais les autres fruits et légumes étaient impeccables. Chez Aubut, à Laval, la qualité était généralement fort acceptable, mais la façon de présenter les pommes (dans un frigo) et les agrumes (emballés dans des barquettes) diminuait leur attrait visuel. L’épicier proposait toutefois des caisses de tomates idéales pour faire de la sauce et des carottes nantaises multicolores à seulement 3,99 $ pour… 10 lb.

Découvertes congelées 

Tant chez Mayrand que chez Aubut, les découvertes les plus intéressantes se trouvent dans les congélateurs. Aubut propose des pommes de terre à rissoler trois couleurs, des cèpes, de la purée d’avocat, des camerises, des baies d’argousier, du zeste de citron, des bananes, des oignons perlés, des bonbons de saumon fumé Grizzly. Chez Mayrand, on a vu de la crème au beurre, de gros quatre-quarts (ceux vendus en tranche dans les cafés), des gnocchis farcis, des arancinis (boules de risotto panées), une tarte grecque à la pâte phyllo farcie à la praline, des empanadas et des bourekas au thon. Les deux offrent aussi des soupes congelées (bisque de homard), et plusieurs pains et viennoiseries.

L’ambiance

Chez Mayrand, il n’y a pas de doute : on se trouve dans un entrepôt. Les tablettes vont jusqu’au plafond et les gros sacs de farine sont présentés sur des palettes. Il y a beaucoup de marchandise partout ! Il est par ailleurs évident qu’on y accueille 70 % de professionnels quand on parcourt les allées. Chez Aubut à Laval, la clientèle est composée à 75 % de particuliers (c’est l’inverse dans la succursale de Montréal), alors l’endroit, épuré avec ses frigos bas et ses allées larges, ressemble davantage à un supermarché traditionnel. Mayrand propose par ailleurs des ateliers de formation (comment ouvrir un homard sans instruments et sans perte, par exemple) dans les allées, ce qui anime forcément les lieux.

Des rabais qui valent le détour ?

Grâce à ses cartes de membre vendues 60 et 120 $, Costco peut se permettre d’offrir des bas prix pratiquement imbattables. Il serait donc plus juste de comparer les prix de Mayrand et Aubut à ceux de votre supermarché.

Mais en règle générale, les deux entrepôts – quand on réussit à y dénicher des produits et des formats identiques à ceux de Costco – ne sont pas significativement plus chers que ce dernier. 

Évidemment, on peut toujours trouver des exceptions et des rabais incroyables chez l’un ou l’autre des trois commerces, ce qui rend l’exercice des comparaisons difficile. Et il y a d’autres raisons d’aimer un commerce… 

Voici néanmoins un aperçu des prix.

Les plus et les moins

Mayrand

Les +

Le stationnement couvert, qui permet d’éviter la pluie quand on dépose ses achats dans le coffre (et le petit dernier dans son siège d’auto !).

Avec tout achat de 100 $ ou plus, on aiguise gratuitement pour vous cinq couteaux, un cadeau d’une valeur appréciable.

Les ateliers de formation donnés par des experts et les dégustations en magasin.

Les – 

La qualité de certains fruits et légumes laissait à désirer lors d’une de nos visites.

Étant donné que c’est grand et que les produits n’y sont pas placés selon la même logique que dans votre supermarché, s’y repérer prend un certain temps. Et attention, les prix sont au-dessus des produits sur les tablettes (mais pas dans les frigos).

L’entreprise en bref

Fondation : 1914

Points de vente : un seul, à Anjou

Superficie : 80 000 pi2

Nombre de produits : 15 000 (produits non alimentaires inclus)

Achats en ligne : non

Les plus et les moins

AUBUT

Les +

Grande variété d’ingrédients à pâtisserie (sucres, colorants en poudre, chocolats, caramels, etc.) et épices nombreuses.

Environnement dégagé et épuré dans lequel on trouve facilement ce qu’on cherche.

Entrepôt de taille moyenne, ce qui permet de faire ses achats rapidement.

Les – 

Le choix de viande fraîche est limité.

Il n’y a pas de poissonnerie.

L’ENTREPRISE EN BREF

Fondation : 1971

Points de vente : deux (Montréal et Laval)

Superficie : 26 000 pi2 à Montréal et 52 000 pi2 à Laval

Nombre de produits : 10 000 (+ 600 produits non alimentaires)

Achats en ligne : non

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